La présidente de l’aile jeunesse du PLQ démissionne et appuie Frédéric Beauchemin dans la course à la chefferie
La présidente de l’aile jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ), Lina Yunes, démissionne pour appuyer une éventuelle candidature à la chefferie du député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin. Deux camps semblent se dessiner chez les jeunes libéraux, alors que plusieurs souhaitent voir le p.-d.g. sortant de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, à la tête du parti.
Lina Yunes explique son départ par « plusieurs tensions à l’interne » dues au fait qu’elle était à la fois employée au bureau de Frédéric Beauchemin et présidente de la Commission-Jeunesse.
Mme Yunes a commencé son implication au PLQ comme candidate dans la circonscription de Chambly en 2022, parce que le parti « était la figure économique dont on avait besoin pour le Québec », dit-elle en entrevue au Devoir. « M. Beauchemin représente cette figure dont on a besoin pour faire monter notre parti [et] pour débattre les idées à l’interne », ajoute-t-elle.
« Notre génération se trouve à un carrefour décisif, où les défis économiques et sociaux exigent des réponses innovantes et courageuses. C’est dans ce contexte que j’ai décidé de ne pas me représenter [à la présidence de l’aile jeunesse] et de consacrer mon soutien à Fred Beauchemin », lit-on dans la lettre qu’elle a fait parvenir ce samedi au président du PLQ, Rafael Primeau-Ferraro, et dont Le Devoir a obtenu copie.
Frédéric Beauchemin « incarne un renouveau politique, avec une approche pragmatique et une détermination à aborder les enjeux les plus pressants de notre époque, poursuit Mme Yunes dans sa missive. Il comprend les besoins des jeunes et s’engage à créer des opportunités pour nous tous. Son leadership est marqué par une écoute attentive et une volonté de faire avancer les choses de manière concrète et efficace ».
« C’est sûr que [cet appui] me touche beaucoup », a dit Frédéric Beauchemin au Devoir. « Je me suis toujours entouré de jeunes. […] C’est important d’avoir leur énergie pour qu’ils puissent être partie prenante dans les décisions qui vont forger l’avenir du Québec. »
Quand on lui demande s’il compte entrer officiellement dans la course, M. Beauchemin précise que sa réflexion « avance très bien » et qu’il est entouré de supporters enthousiastes. Lors de nombreux déplacements, « les gens me parlent [et me disent] qu’ils veulent avoir une alternative à ce mauvais gouvernement [de la Coalition avenir Québec] et ils voient vraiment que le Parti libéral est la seule vraie alternative », affirme-t-il.
Lina Yunes ne pense pas que les accusations de harcèlement psychologique et d’intimidation à l’endroit de M. Beauchemin, déposées en octobre dernier par l’ancienne présidente de la Commission-Jeunesse Élyse Moisan, pourraient lui nuire dans une course à la chefferie. « Il y a eu un processus de médiation, et l’ex-présidente a retiré ses plaintes, dit-elle, ça prouve que ses plaintes n’étaient pas fondées, il n’y avait rien de véridique dans ce qu’elle mentionnait. »
M. Beauchemin avait été temporairement exclu du caucus libéral. C’est Mme Yunes qui a succédé à Mme Moisan comme présidente de l’aile jeunesse.
Même s’il n’a pas encore confirmé ses intentions, Frédéric Beauchemin a reçu, fin mai, l’appui de l’ancien ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, à une éventuelle candidature à la chefferie.
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L’économie contre… l’économie
Deux autres membres de l’exécutif de la Commission-Jeunesse, William Baril et William Des Marais, ont aussi démissionné samedi pour encourager Frédéric Beauchemin à se lancer dans la course. Dans des messages respectifs sur le réseau X, ils avancent des arguments économiques pour encourager leur favori à se lancer.
« Nous devons offrir à nos entrepreneurs les conditions de succès nécessaires pour réussir. Fred, par sa riche carrière, a su contribuer au développement économique du Québec au cours de ses 32 années dans le milieu financier, en accompagnant nos entrepreneurs à créer plus et à créer mieux », écrit William Des Marais.
« Fred est le seul à pouvoir prétendre sans nuance avoir contribué à l’économie du Québec, à son essor et à son positionnement comme nation forte à l’international », indique William Baril. Avant de faire son entrée à l’Assemblée nationale en 2022, M. Beauchemin, qui est porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie, d’innovation et de finances, avait travaillé pendant plus de deux décennies à la Banque Scotia, notamment comme chef des marchés des capitaux.
Charles Milliard, qui quittera la direction de la Fédération des chambres de commerce du Québec ce mois-ci et qui est pressenti comme candidat à la chefferie, a lui aussi un fort profil économique. D’ailleurs, à la fin mai, 81 jeunes libéraux, dont des membres de la Commission-Jeunesse du PLQ, ont signé une lettre ouverte dans La Presse pour tenter de convaincre M. Milliard de se lancer dans la course.
Joint par Le Devoir, Charles Milliard a indiqué par écrit être « ravi de voir qu’une réelle course se dessine à la chefferie du PLQ ». « Je demeure reconnaissant de l’appui d’un nombre grandissant de personnes, dont plusieurs jeunes, à mon projet [et je] continue de consacrer mon été à rencontrer et à consulter les militants et personnes intéressées. »
Je trouve que c’est bon qu’il y ait le plus de candidats [possible], ça va créer un débat d’idées, ça peut être intéressant.
Même s’il n’a pas encore confirmé sa candidature, M. Milliard a fait paraître sur les réseaux sociaux, mardi dernier, un lien vers un formulaire invitant à s’inscrire pour participer à des activités de mobilisation et de financement. « Merci de l’intérêt que vous portez à ma réflexion concernant la chefferie du Parti libéral du Québec », écrit-il en préambule.
Si les éventuels candidats Milliard et Beauchemin ont l’un et l’autre des profils économiques, Mme Yunes a choisi d’appuyer ce dernier. Il « est élu à l’Assemblée nationale », explique-t-elle. « Il a une expérience politique qui le distingue […] et il s’implique de très près avec la Commission-Jeunesse. » Au PLQ, les jeunes disposent du tiers des votes dans la course à la direction.
Et Denis Coderre, dans tout ça ?
Seul candidat qui a officiellement confirmé son intention de briguer la chefferie du PLQ, Denis Coderre n’était pas disponible, samedi, pour commenter les appuis des jeunes à MM. Beauchemin et Milliard. Fin juin, M. Coderre disait vouloir faire campagne contre le projet souverainiste et pour le troisième lien.
« Je trouve que c’est bon qu’il y ait le plus de candidats [possible], ça va créer un débat d’idées, ça peut être intéressant », affirme Lina Yunes, qui dit ne pas percevoir un manque de notoriété chez M. Beauchemin par rapport à M. Coderre. « On reconnaît [Frédéric Beauchemin] par son charisme, […] il est très proche du monde, il est proche des jeunes. »
Parmi les autres noms qui circulent pour la course à la succession de Dominique Anglade, on trouve notamment ceux du maire de Victoriaville, Antoine Tardif, et du ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.
Le processus électoral pour l’exécutif de la Commission-Jeunesse débutera le 10 juillet et se poursuivra jusqu’au 10 août. La course à la chefferie du Parti libéral du Québec débutera en janvier prochain, et le chef sera choisi le 14 juin 2025.