Denis Coderre, candidat à la chefferie pour les libéraux «tassés» et «déçus»
L’ex-ministre fédéral et ex-maire de Montréal Denis Coderre a confirmé vendredi matin qu’il briguerait la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), dans l’espoir de bloquer la route au projet souverainiste et de rassembler les libéraux « tassés » et « déçus ».
« Je veux vous annoncer d’emblée que oui… J’ai fait Compostelle. J’ai des jarrets d’enfer », a d’abord lancé M. Coderre, fidèle à son style et à son franc-parler. Comme slogan du moment pour sa campagne, il a proposé « Avec Coderre, ça va marcher ».
Maintenant qu’il a lu le rapport sur la relance du PLQ, M. Coderre souhaite rassembler les laissés-pour-compte. « J’invite tous ceux qui se sentent tassés, tous les libéraux déçus, qui sont restés chez eux parce qu’ils avaient honte de voter pour autre chose, à revenir. Vous faites partie du solage », a-t-il lancé dans un point de presse devant l’Assemblée nationale. L’aspirant chef compare souvent le PLQ, en troisième position dans les sondages, à une maison dont la fondation a besoin de travaux.
Restant dans le domaine domiciliaire, M. Coderre a annoncé son intention de devenir propriétaire dans Bellechasse, la circonscription de Chaudière-Appalaches où il souhaite être candidat en 2026 — qu’il remporte la course à la chefferie ou non. « Je ne suis pas de la place, je suis un parachuté. Mais je vais aller m’acheter une maison là, inquiétez-vous pas ! » a-t-il promis. Il a ensuite précisé qu’il devait d’abord « payer son hypothèque ». M. Coderre a assuré qu’il ne lorgnait pas Bellechasse « parce [qu’il est] brûlé à Montréal », où il a perdu deux courses à la mairie.
Pro-troisième lien
La circonscription de Bellechasse, autrefois représentée par la ministre libérale Dominique Vien, est passée aux mains de la Coalition avenir Québec en 2018. En 2022, le PLQ y a récolté 4 % des voix. « On recommence à zéro », a convenu M. Coderre. Les électeurs de Bellechasse — « obligés de se déplacer en voiture » selon leur députée, Stéphanie Lachance — sont de fervents partisans d’un troisième lien Québec-Lévis.
Denis Coderre a dit partager leur enthousiasme. L’ex-maire a dit attendre des études avant de se prononcer sur l’endroit où ce lien devrait passer. Il s’est dit ouvert à laisser une place au transport en commun. « Moi, quand j’entends “troisième lien”, mes oreilles s’ouvrent », a d’ailleurs lancé au Devoir l’ex-député libéral de Montmorency Raymond Bernier, présent à la conférence de presse.
M. Coderre n’a pas montré la même ferveur pour le projet de tramway. « Si M. Marchand [le maire de Québec] est d’accord, c’est lui, le maire. Demandez au maire », s’est-il contenté de répondre.
Au cours des prochains mois, l’aspirant chef s’est engagé à participer à 125 soupers spaghettis, dans autant de circonscriptions, avec son équipe. L’organisateur en chef de la campagne Coderre est Christian Therrien, un libéral de longue date. M. Therrien était parmi la douzaine de personnes — en grande majorité des hommes — qui entouraient le candidat Coderre vendredi.
Pro-Canada et pro-immigration
Denis Coderre, un ex-ministre du Parti libéral du Canada qui se dit « nationaliste », a souligné que le PLQ est « le seul parti fédéraliste ». La Coalition avenir Québec a pour « maillon faible » son chef, François Legault. Québec solidaire est le parti des « aventuriers de la licorne perdue », a-t-il raillé. Le Parti québécois, lui, est sous l’influence du « gourou » Mathieu Bock-Côté, a-t-il ajouté, en référence au chroniqueur de Québecor.
« Moi, je n’ai pas besoin de me mettre la face sur une piastre, et je n’ai pas besoin d’un nouveau pays, j’en ai un », a-t-il lancé. « La meilleure façon de ne pas faire de référendum, c’est de ne pas voter pour eux autres. On est le seul parti fédéraliste. […] Pour moi, ce qui est important, c’est qu’on mette un holà à ça. »
M. Coderre a assuré qu’il n’y a « pas trop d’immigrants » temporaires au Québec. « Je pense très sincèrement que l’immigration, c’est la clé pour l’avenir de notre nation », a-t-il dit, en faisant par exemple état des besoins en main-d’oeuvre. Il a plus tard plaidé pour « le nombre nécessaire » d’immigrants et souligné qu’on ne peut pas « lancer un chiffre de même » pour établir un seuil.
En rompant avec la position du PLQ — et avec l’une de ses prises de position passée —, M. Coderre s’est dit en faveur du recours à la disposition de dérogation pour protéger des contestations judiciaires la « loi 21 » sur la laïcité de l’État. « Choose your battles », a-t-il lancé, de toute évidence à ses partisans issus de groupes religieux, en assurant être « de leur côté ». Le candidat a aussi exprimé son appui au projet de Northvolt, un complexe de fabrication de composants de batteries pour véhicules électriques.
Le PLQ élira son nouveau chef le 14 juin 2025, au terme d’un congrès qui aura lieu à Québec. Le coup de départ de la course sera donné le 13 janvier 2025. Le président et directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard, est pressenti pour la chefferie libérale. Il entend d’ailleurs quitter son poste à la FCCQ le 1er juillet. Le nom du maire de Victoriaville, Antoine Tardif, circule aussi dans les officines libérales. Le député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, s’est déjà dit intéressé par le poste. Il a obtenu l’appui de l’ex-ministre des Finances Carlos Leitão, bien qu’il n’ait toujours pas confirmé ses intentions.
Quant à Denis Coderre, il n’a pour l’instant aucun appui dans le caucus libéral. Il nie aussi l’existence d’un mouvement « anybody but Coderre ». « Tu me les enverras, je vais passer cinq minutes avec, je vais avoir du fun », a-t-il néanmoins proposé.