Ottawa investit 120 millions dans la commercialisation de semi-conducteurs
Le gouvernement du Canada a annoncé un investissement de 120 millions de dollars dans la fabrication et la commercialisation de semi-conducteurs.
Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, était à Montréal jeudi matin pour annoncer l’investissement dans un projet de plus de 220 millions de dollars qui sera dirigé par CMC Microsystèmes.
CMC sera à la tête du réseau FABrIC (Fabrication of Integrated Components for the Internet’s Edge), qui compte créer un réseau pancanadien d’entreprises qui travailleront à la conception, à la fabrication et à la commercialisation de semi-conducteurs et « au développement de technologies de capteurs intelligents de pointe ».
« C’est important de bâtir des écosystèmes, car c’est comme ça qu’on fait jaillir les innovateurs, les PME », a indiqué François-Philippe Champagne, pour qui les semi-conducteurs, « c’est l’ADN du progrès ».
Les semi-conducteurs, aussi appelés micropuces, sont utilisés dans plusieurs secteurs, notamment dans l’informatique et l’équipement médical. Ils sont également utiles dans des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle et l’informatique quantique.
Les semi-conducteurs font partie « des grandes technologies du 21e siècle » et « c’est un peu le moteur de ce qu’on est en train de faire » dans « les deux grands courants économiques » que sont « la digitalisation et la décarbonation de l’économie », a expliqué le ministre Champagne.
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Un corridor de semi-conducteurs entre Bromont et Albany
François-Philippe Champagne a rappelé que le président américain Joe Biden, lors de sa visite au Canada au printemps 2023, a fait état de l’existence d’un « corridor de semi-conducteurs entre Bromont et Albany », dans l’État de New York.
Le président avait mentionné « que la résilience américaine passait par cette grande collaboration entre les États-Unis et le Canada ».
Le ministre a ajouté que « 80 % des semi-conducteurs qui sont fabriqués aux États-Unis sont finalisés chez nous, au Canada, au Québec », en faisant allusion aux installations d’IBM à Bromont.
Selon le cabinet du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, cet investissement va améliorer « la compétitivité et la résilience des chaînes d’approvisionnement nord-américaines, renforcera la sécurité économique et nationale, et créera de bons emplois pour la classe moyenne ».
Un OSBL à la tête du réseau
CMC Microsystèmes, qui sera à la tête du réseau FABrIC, est un organisme sans but lucratif qui, selon la description du gouvernement fédéral, « accélère la recherche et stimule l’innovation dans les technologies de pointe, notamment dans des domaines comme la microélectronique, la photonique, la micro-électromécanique, l’Internet des objets, l’intelligence artificielle et les logiciels et matériels quantiques ».
Selon le président-directeur général de CMC Microsystèmes, Gordon Harling, « le Canada dispose du talent et de la capacité nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs de calibre mondial » et l’investissement d’Ottawa dans le réseau FABrIC « aidera les innovateurs canadiens à être concurrentiels au sein de l’industrie mondiale des semi-conducteurs ».
Le directeur du Département de génie physique à Polytechnique Montréal, qui assistait à l’annonce, a qualifié CMC de « joueur clé très important », car « il permet à des joueurs de taille petite et moyenne de jouer avec les grands ».
Nicolas Godbout a expliqué qu’il s’attend à ce que FABrIC fasse appel à des chercheurs et des étudiants.
« Polytechnique veut s’insérer dans cette grande aventure des semi-conducteurs, des technologies de pointe », a souligné le directeur du Département de génie physique à Polytechnique.
Un écosystème de 500 entreprises
Le secteur canadien des semi-conducteurs compte plus de « 500 entreprises canadiennes et multinationales qui mènent des activités de recherche-développement et de fabrication de micropuces », selon le ministère de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie.
« Cette base compte plus de 100 entreprises de conception, 30 laboratoires de recherche appliquée et cinq installations commerciales spécialisés dans les semi-conducteurs composés, les systèmes micro-électromécaniques et le conditionnement avancé », toujours selon le ministère.