«Personne n’est plus qualifié que moi pour être président», assure Joe Biden

Encadré par les lumières des caméras de télévision, le président américain, Joe Biden, s’adresse aux gouverneurs de tout le pays lors d’un événement en février 2024.
Photo: Chip Somodevilla Getty Images via Agence France-Presse Encadré par les lumières des caméras de télévision, le président américain, Joe Biden, s’adresse aux gouverneurs de tout le pays lors d’un événement en février 2024.

Le président américain, Joe Biden, a obstinément et parfois laborieusement défendu son acuité mentale et sa capacité à gouverner le pays pour un second mandat, lors d’une des interviews les plus importantes de sa carrière politique, vendredi, sur la chaîne ABC.

« Personne n’est plus qualifié que moi » pour « gagner » l’élection, a affirmé le dirigeant de 81 ans lors de cet entretien d’une vingtaine de minutes, niant la réalité des sondages qui le placent en nette difficulté face à Donald Trump.

Lors de son échange avec le journaliste George Stephanopoulos, crucial pour le maintien de sa candidature, le président a esquivé à plusieurs reprises la question de savoir si son état physique et mental s’était dégradé durant son mandat.

Il ne s’est pas non plus engagé à se soumettre à des évaluations médicales indépendantes, assurant qu’être président équivalait à passer « un test cognitif chaque jour ».

Or ce sont bien ses capacités cognitives qui font l’objet de très vives discussions depuis son débat catastrophique face à Donald Trump, le jeudi 27 juin.

« Déni »

« J’étais malade. Je ne me sentais vraiment pas bien », a affirmé le dirigeant démocrate, en évoquant un mauvais rhume pour justifier sa contre-performance face à son prédécesseur républicain.

À la question de savoir s’il avait revu sa piètre performance, Joe Biden a répondu par ces mots étranges : « Je ne crois pas. »

La séquence a été partagée immédiatement par le camp républicain qui prétend depuis des années que le président octogénaire est sénile.

« Biden est dans le déni et en déclin », a lancé Karoline Leavitt, porte-parole de Donald Trump, sur X.

S’il s’est exprimé de manière plus fluide que pendant son duel télévisé raté du 27 juin avec Donald Trump, Joe Biden a toutefois parlé d’une voix étouffée, et a eu des phrases parfois incomplètes ou un peu décousues.

Cela suffira-t-il pour rassurer les démocrates, de plus en plus nombreux à appeler à ce qu’il jette l’éponge ?

« Le président est fier de son bilan, à juste titre. Mais il apparaît dangereusement déconnecté des préoccupations des gens concernant ses capacités à aller de l’avant et sa position dans cette campagne », a jugé sur X le très influent David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama.

« Seigneur tout-puissant »

Le candidat démocrate a donc encore fort à faire pour effacer l’impression désastreuse laissée par son débat face à Donald Trump, dont il n’a pas du tout réussi à gérer les conséquences immédiates : une vague d’appels à son retrait dans la presse et une flambée des inquiétudes sur sa santé mentale au sein de son parti.

Quatre parlementaires démocrates ont déjà demandé sans ambiguïté à Joe Biden de renoncer à se présenter. La gouverneure démocrate Maura Healey l’a appelé à évaluer sa candidature « avec soin ».

Le président a balayé ces appels d’un revers de main.

« Si le Seigneur tout-puissant descendait et disait : “Joe, retire-toi de la course”, je me retirerais de la course, mais il ne va pas descendre », a-t-il affirmé à ABC.

Le démocrate est apparu beaucoup moins énergique que lors d’un discours de campagne qu’il avait prononcé, avec un télésouffleur, peu avant d’enregistrer l’entretien à Madison, dans le Wisconsin.

« Vous pensez que je suis trop vieux pour battre Donald Trump ? », a-t-il lancé lors de ce meeting, ce à quoi le public a répondu un retentissant « Non ! ».

Nulle volonté de baisser les bras non plus de la part de l’équipe de campagne de Joe Biden.

Elle a publié vendredi un intense plan de bataille pour le mois de juillet prévoyant une avalanche de spots télévisés, des déplacements dans tous les États clés, et notamment dans le sud-ouest du pays pendant la convention républicaine, qui a lieu du 15 au 18 juillet.

Joe Biden doit aussi être l’hôte la semaine prochaine d’un sommet des dirigeants de l’OTAN, et donnera jeudi à cette occasion une conférence de presse, là encore un exercice très attendu.

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