Une vidéo montrant l’interpellation de jeunes racisés à Laval enflamme les réseaux sociaux

Des voitures de police du Service de police de Laval
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Des voitures de police du Service de police de Laval

Une intervention de police réalisée dans le quartier Saint-François à Laval à la suite d’un appel de voisinage sème l’émoi depuis jeudi soir. On y voit des jeunes les bras levés face à plusieurs agents de police, armes au poing. Filmé et largement commenté sur Instagram, l’incident ravive le débat sur le profilage racial. La police nie tout lien avec la couleur de peau.

Publiée sur la plateforme Instagram, la vidéo est particulièrement saisissante. On y voit un groupe de jeunes les bras levés, faisant face à plusieurs agents de police qui pointent leur arme dans leur direction.

Si les policiers n’ont finalement procédé à aucune arrestation, la vidéo de l’opération a suscité près de 24 000 réactions sur Instagram en moins de 24 heures.

Comment en est-on arrivé là ?

Tout commence jeudi soir, vers 20 h, dans le quartier résidentiel de Saint-François. Le Service de police de la Ville de Laval (SPL) est alerté par une femme du voisinage qui affirme avoir vu des jeunes courir en possession d’une arme à feu.

Suivant la procédure prévue dans ce genre de situations, le SPL dépêche donc sur les lieux trois véhicules, cinq agents au total, afin de procéder à l’interpellation du groupe.

Une arme en plastique

La fouille réalisée par les agents de police ne donnera rien. La dizaine de jeunes, tous mineurs, était bien en possession d’une arme… mais cette dernière s’est finalement révélée être une arme factice en plastique.

Selon Stencia Feliz, 25 ans, qui est la soeur de l’un des jeunes interpellés et qui a filmé la scène diffusée sur Instagram, il s’agissait en fait d’un pistolet à eau.

Elle dénonce ce qui s’apparente, selon elle, à un cas évident de profilage racial, tous les jeunes interpellés faisant partie de minorités visibles.

« PARCE QUE NOUS SOMMES NOIR ! Ils ont traumatisé les enfants ils sont tous rentrer chez moi et plusieurs pleurait… Je comprends que la police veulent faire leur travaille, mais on on s’entend que si sa aurait ete une gang de jeunes de couleur blanche les choses ne s’auraient pas passé ainsi ! » écrit-elle dans le texte accompagnant la vidéo.

Des jeunes « traumatisés »

En entrevue avec Le Devoir, Stencia Feliz avoue ne pas comprendre « cette façon de faire les choses » de la part de la police.

Elle estime que son frère et ses amis ont été traités « comme si c’était un gang de rue ».

« Au moment de l’intervention de la police, je n’arrivais pas à respirer », explique-t-elle. Elle essayait de filmer la scène, contre les demandes des policiers.

« Je ne blâme pas le travail des policiers, mais leur façon de faire. Allez voir les gens, parlez-leur… Il y a une autre façon de faire les choses. On peut agir de façon moins traumatisante. »

Mme Feliz affirme d’ailleurs que plusieurs jeunes ont été traumatisés par l’événement.

Plusieurs étaient même en larmes après le départ des policiers, a-t-elle dit au Devoir.

La police se défend de tout profilage racial

Interrogé par Le Devoir, le Service de police de la Ville de Laval a confirmé le déroulement des faits. En revanche, il n’a pas pu confirmer s’il s’agissait bien d’une arme à eau ou d’une simple arme en plastique.

Par la voix de Geneviève Major, chargée des relations publiques, le SPL affirme avoir respecté la procédure habituelle dans ce genre de situation.

« On ne peut pas prendre de chances », explique-t-elle, se défendant de tout profilage racial du corps policier.

Les jeunes n’auraient donc pas été ciblés au hasard, mais bien parce qu’ils étaient en possession d’une arme en plastique. Selon elle, l’intervention policière a été déclenchée indépendamment de leur couleur de peau.

« On est sensibles à ces questions-là. Ces jeunes n’ont pas été ciblés à cause de la couleur de leur peau, mais à cause de la présence d’une arme. »

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