The Offspring et Vieux Farka Touré font couler des bains de foule au FEQ
La 56e édition du Festival d’été de Québec (FEQ) bat son plein depuis jeudi dernier, les Plaines d’Abraham ayant déjà accueilli les Nickleback (en ouverture), le vétéran du rap new-yorkais 50 Cent, les Jonas Brothers et, hier soir, les vieux punks de The Offspring, qui ont hurlé devant un de ces océans de festivaliers que la Capitale sait réunir pour applaudir ses vedettes rock favorites. Nos premiers bains de foule, en attendant les têtes d’affiche québécoises Alexandra Strélinski et Karkwa, qui vivront leurs premières Plaines, lundi et mardi.
Première escale obligée, la Place d’Youville. Avant même la pandémie, l’organisation du FEQ avait décidé de ne plus ériger de scène gratuite sur cette place, pourtant à proximité des Plaines et du Pigeonnier (Place de la Francophonie), et qui nous a donné tant de beaux moments de musique au fil des ans.
Le festival exploite l’espace à nouveau, réjouissons-nous : désormais décoré façon biergarten, avec des tables à pique-nique et un peu d’ombrage (ça aussi bienvenu en cette journée ensoleillée), ça ajoute au décor, le Palais Montcalm d’un côté, le Diamant de l’autre, les portes Saint-Jean en fond de scène. Un coup d’oeil sur la programmation de cette scène indique qu’on y préférera les artistes locaux. Samedi soir dernier, le duo pop-R&B Rau_Ze a rempli la place, nous a-t-on glissé à l’oreille. Mon Doux Saigneur pourrait faire aussi belle figure ce soir, et l’affiche rap (Soraï, Joe Rocca, Greenwoodz) de jeudi devrait aussi cartonner.
À 18 h, l’autrice-compositrice-interprète San James (Marilyne Sénécal au civil) lançait les premières notes de son concert, sous un soleil de plomb à lui faire regretter d’avoir choisi de porter sa robe noire, « ma pire décision depuis 1990 », a-t-elle badiné. Sa chanson pop mélancolique, qu’on imagine avoir été composée lors de moments d’insomnie, s’est parfaitement transposée à l’heure ensoleillée de l’apéro, berçant un public parsemé sous les rares endroits ombragés de la Place d’Youville – qu’elle ne s’en formalise pas, tous les concerts programmés à 18 h sur cette place n’attiraient aussi que les plus fervents festivaliers. La musicienne a offert les chansons de son premier album, Épilogue, paru en février dernier chez Rosemarie Records.
Ensuite, cap sur la scène de la Place de l’Assemblée-Nationale, pour attraper les deux alléchantes propositions africaines, les Congolais de Kin’Gongolo Kiniata et l’orchestre du Malien Vieux Farka Touré. Les Congolais ont attiré les festivaliers avec leurs intenses rythmes de trance – depuis le succès international, dans les années 2000, du collectif Konono No.1, la République démocratique du Congo ne cesse d’exporter ce genre de formation misant sur les percussions propulsant des motifs mélodiques simples qui ont cette faculté de s’imprimer dans notre cortex, lequel, en retour, informe nos membres inférieurs de danser avec souplesse.
Kin’Gongolo Kiniata vise dans le mille avec des grooves accessibles, assez loin des polyrythmes complexes de cette région du continent. Du fuzz dans la basse électrique, des mélodies à quatre notes égrainées jouées sur une petite guitare électrique façon boîte à cigare. Deux percussionnistes et chanteurs font le spectacle, mais la star de l’orchestre bat la mesure : ce batteur est un redoutable métronome, agissant comme le chef de ce train.
Les festivaliers ont goûté à plus de nuances grâce au compositeur, guitariste et chanteur Vieux Farka Touré, fils du légendaire Ali Farka Touré, peut-être le plus grand guitariste de l’histoire du continent africain. À l’évidence, il avait ses fans, la Place de l’Assemblée-Nationale étant bondée pour son formidable tour de chant (donné la veille au Club Soda de Montréal), qu’il a commencé par une poignée de chansons acoustiques, avant de s’emparer de l’instrument électrique. Le duo batteur-percussionniste alignait des rythmes complexes sur lesquels coulait le jeu expert du fils d’Ali, le plus sophistiqué des bluesmen.
Pendant qu’il jouait, on pouvait entendre les Plaines gronder sous les guitares de Rise Against !, qui réchauffait la foule pour The Offspring. Arrivé devant la scène, le groupe avait déjà joué en lever de rideau Come Out and Play, tirée de l’album Smash, paru il y a trente ans déjà, ce qui ne rajeunit personne ayant dansé le pogo lors de la sortie de ce succès.
Une foule des grands soirs faisant mine qu’il n’y aurait pas de lundi matin après ce concert s’était massée sur les Plaines. L’atmosphère, déjà chaude et humide, était galvanisée par ces refrains que les fans chantaient par coeur, plusieurs tirés de ce Smash ayant marqué l’histoire de la pop-punk au même titre que les Dookie de Green Day ou encore Punk in Drublic de NOFX. « Vous avez des voix d’anges ! » a lancé le guitariste Noodles à son auditoire, alors que le chanteur Dexter Holland (dont la voix, éternellement adolescente, était encore étonnamment juste) avouait que sa vue n’était plus assez bonne pour apercevoir les fans juchés tout au fond, en haut des buttes. Un autre concert rock à inscrire dans les annales du FEQ.