Qui pour succéder à Gabriel Attal à Matignon?

S’il a déjà annoncé qu’il allait remettre sa démission lundi matin, Gabriel Attal affirme qu’il «assumera [ses] fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera».
Photo: Ludovic Marin Agence France-Presse S’il a déjà annoncé qu’il allait remettre sa démission lundi matin, Gabriel Attal affirme qu’il «assumera [ses] fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera».

Avec la victoire du Nouveau Front populaire au second tour des législatives, Emmanuel Macron pourrait nommer un premier ministre issu de cette coalition. À moins que le président français ne préfère miser sur une personnalité modérée, capable de rassembler au-delà de son camp. Tour d’horizon des principaux favoris pour succéder à Gabriel Attal.

Au lendemain du second tour des législatives, le message est sans équivoque pour le camp présidentiel. Privé de majorité et désavoué par une grande partie des électeurs, Emmanuel Macron va devoir nommer un nouveau premier ministre dans les prochains jours, une fois que la composition définitive de la nouvelle Assemblée nationale sera connue.

Surtout, il va devoir composer avec un mot nouveau pour lui, « cohabitation », en nommant un premier ministre issu d’une autre famille politique que la sienne.

Arrivée en tête à l’issue du scrutin de dimanche, la gauche est la grande gagnante de ce second tour des législatives et elle revendique déjà la formation d’un gouvernement. Mais avec seulement 182 sièges, le NFP est loin des 289 sièges nécessaires à une majorité absolue.

Emmanuel Macron pourrait donc être tenté de nommer à Matignon une personnalité politique (ou issue de la société civile) qui soit plus à même de rassembler le pays et de parler au plus grand nombre. Et de regarder donc plus au centre de l’échiquier.

« Dans les prochaines heures et les prochains jours, il va probablement y avoir beaucoup de discussions. Il n’y a pas aujourd’hui de favori qui se dégage », croit Julien Tourreille, doctorant en science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Voici donc les options qui s’offrent au président Emmanuel Macron.

François Hollande

Pour Julien Tourreille, l’ancien président français (2012-2017) pourrait être une figure intéressante, capable de rassembler au-delà de la gauche. « L’une de ses grandes vertus quand il était premier secrétaire du Parti socialiste (PS), c’était d’arriver à concilier des factions qui ne s’entendaient pas », explique-t-il.

L’enjeu reste donc à savoir si la gauche radicale serait capable de l’accepter. Tout comme certains macronistes, qui ne le portent pas dans leur coeur.

Jean-Luc Mélenchon

« Impossible », selon Frédéric Ménard, directeur du Département de science politique à l’Université de Montréal.

S’il a déjà fait acte de candidature, le chef de La France Insoumise (LFI) est en effet loin d’incarner la personnalité capable de rassembler au-delà de sa famille politique.

Quitte à choisir un premier ministre dans les rangs de LFI, Emmanuel Macron pourrait plutôt porter son choix sur François Ruffin.

Raphaël Glucksmann

Personnalité préférée des électeurs de gauche, Raphaël Glucksmann a le grand avantage de n’être membre d’aucun parti.

« C’est sa grande force », avance Julien Tourreille. Son manque d’expérience pourrait toutefois le desservir.

Olivier Faure

L’actuel secrétaire général du Parti socialiste (PS) est souvent présenté comme une option pour Matignon.

Mais ce dernier n’est pas assez rassembleur, perçu par de nombreux électeurs comme un homme de parti. Sa capacité à nouer des ententes avec d’autres composantes est aussi vue comme une limite.

Gabriel Attal

S’il a déjà annoncé qu’il allait remettre sa démission lundi matin, Gabriel Attal affirme qu’il « assumera [ses] fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera ». Il pourrait donc rester en poste le temps que des ententes soient nouées et que le nom de son successeur sorte du chapeau.

Ensemble a fait mieux que prévu lors de ce second tour. Gabriel Attal se présente donc désormais comme le successeur d’Emmanuel Macron et, au-delà, comme une nouvelle incarnation du centre. Mais la gauche veut sa tête et devrait l’obtenir.

Une personnalité issue de la société civile

L’hypothèse d’un premier ministre au profil plus « technique », qui ne serait pas issu de la classe politique, est l’une des options envisageables.

Sur le modèle italien, Emmanuel Macron pourrait consulter les principaux partis et nommer un technocrate pour gouverner.

Sauf que cette option n’est pas viable à moyen ou long terme et conduirait rapidement le pays vers de nouvelles élections. Cette option pourrait cependant avoir le mérite de faire bouger les lignes de partis.

Avec Marc-Antoine Franco Rey

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