WestJet annule au moins 235 vols à la suite d’une grève surprise des mécaniciens

33 000 passagers seraient affectés au total. Il est possible que 150 autres vols soient annulés d’ici la fin de la journée si aucune solution n’était trouvée au débrayage.
Photo: Jeff McIntosh La Presse canadienne via Associated Press 33 000 passagers seraient affectés au total. Il est possible que 150 autres vols soient annulés d’ici la fin de la journée si aucune solution n’était trouvée au débrayage.

Les dirigeants de WestJet ont déclaré samedi après-midi lors d’une conférence de presse à Calgary que 235 vols avaient déjà été annulés à la mi-journée, affectant quelque 33 000 passagers, et qu’il était possible que 150 autres vols soient annulés d’ici la fin de la journée si aucune solution n’était trouvée au débrayage.

L’Aircraft Mechanics Fraternal Association (AMFA) a fait savoir que ses membres avaient commencé à faire grève vers 19 h 30, heure de l’Est, vendredi, parce que « la réticence de la compagnie aérienne à négocier avec le syndicat a rendu la grève inévitable ».

Cette décision intervient alors que le gouvernement fédéral a ordonné jeudi un arbitrage exécutoire pour résoudre le conflit entre la compagnie aérienne et ses mécaniciens.

Depuis deux semaines, des discussions difficiles sont tenues avec le syndicat en vue d’une nouvelle convention collective.

Dans une mise à jour adressée à ses 680 membres, le comité de négociation syndical a fait référence à une ordonnance du Conseil canadien des relations industrielles qui n’interdit pas explicitement les grèves ou les lockouts alors que le tribunal entreprend un arbitrage à la suite de la directive du ministre du Travail Seamus O’Regan, mercredi.

Samedi matin, M. O’Regan a déclaré qu’il révisait l’ordonnance du Conseil canadien des relations industrielles puisqu’elle n’est pas « conforme » à ses instructions. « J’envisagerai des mesures supplémentaires pour protéger les intérêts de l’employeur, du syndicat et de tous les Canadiens qui voyagent au cours de ce week-end de fête nationale », a-t-il indiqué sur le réseau social X.

Les responsables de WestJet, basée à Calgary, ont fustigé vendredi la décision du syndicat des mécaniciens, se disant « extrêmement outrés de ces actions », et affirmant qu’ils tiendront l’AMFA « entièrement responsable du stress et des coûts inutiles qui en découlent ».

Tôt samedi, le président de WestJet, Diederik Pen, a déclaré dans un communiqué que cette grève « ne sert personne » et que « l’ampleur de cette perturbation délibérée est dévastatrice ».

Jeudi, WestJet avait affirmé que l’AMFA se conformait à l’ordonnance d’arbitrage et qu’en conséquence, « il n’y aura pas de grève ou de lockout et la compagnie aérienne n’annulera plus de vols ».

Sean McVeigh, un ingénieur d’entretien des avions de WestJet qui faisait le piquet de grève au terminal 3 de l’aéroport international Pearson de Toronto samedi, a déclaré que la grève était une tentative de forcer la compagnie aérienne à revenir à une « négociation respectueuse », ajoutant que le syndicat regrettait tout inconvénient causé aux passagers.

« La raison pour laquelle [les passagers] ont peut-être raté un vol ou ont dû annuler est due au fait que WestJet ne s’assoit pas respectueusement à la table et négocie », a-t-il dit aux côtés d’une vingtaine d’autres personnes sur la ligne de piquetage.

Il a souligné que les employés réclamaient de meilleures conditions de travail et un « salaire juste et respectueux » puisqu’ils assument « beaucoup de responsabilités ».

Plus tôt ce mois-ci, les mécaniciens ont rejeté massivement une entente de principe avec WestJet, ce qui a incité la compagnie aérienne à demander l’intervention du gouvernement.

« La faute revient à la direction et non au syndicat »

Gabor Lukacs, président du groupe de défense des droits des passagers aériens, croit que « la faute revient à la direction et non au syndicat ». « Du point de vue de la gestion d’entreprise, WestJet n’a pas bien géré la situation et doit faire face à la situation », a-t-il dit en entrevue téléphonique.

Il a déclaré que WestJet a l’obligation, en vertu de la loi, de trouver d’autres arrangements de voyage pour les passagers bloqués dans les 48 heures, soit via un autre de ses vols, soit auprès d’un concurrent.

Les gens peuvent également demander un remboursement, mais M. Lukacs le déconseille.

« J’exhorte les passagers à ne pas accepter de remboursement. Si vous acceptez un remboursement, WestJet peut se laver les mains de ses obligations envers vous. »

Le changement de position intervenu vendredi a semblé choquer aussi bien les voyageurs que les cadres.

« Mon vol de dimanche est-il menacé ? », se demandait Andrew Wheatley, d’Edmonton, dans un message sur le réseau social X. « Je soutiens le droit de grève d’un syndicat si c’est légal. Et j’espère qu’il obtiendra un bon accord. Mais en même temps, je dois être au travail lundi matin », a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois que WestJet est au bord d’une grève. L’année dernière, la compagnie aérienne a évité une grève aux premières heures du long week-end de mai, mais avant d’annuler plus de 230 vols et d’obliger des milliers de personnes à modifier leurs plans de voyage.

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