Votre remède estival contre l’inflation

C’est la fête du Canada. Cette année, les Canadiens qui veulent s’offrir en cadeau un petit répit financier ont une option tout indiquée : appeler leur fournisseur de services de télécommunications. Les prix sont en chute libre pour l’Internet à la maison aussi bien que pour le sans-fil.

« Pour Internet, c’est comme un Vendredi fou. Le consommateur peut réduire sa facture sans changer de fournisseur. Quelques centaines de dollars d’économie en moins d’une heure, ça vaut la peine », dit le p.-d.g. du comparateur de prix en ligne Planhub, Nadir Marcos Mechaiekh Simon.

L’Internet en solde

Cette effervescence s’explique. Le CRTC oblige depuis quelques mois les propriétaires de réseaux à laisser leurs rivaux les emprunter là où leurs propres réseaux ne se rendent pas. Cela ouvre de nouveaux marchés pour un peu tout le monde.

À moyen terme, cette pratique profite aux consommateurs, qui ont plus de choix. Elle pourrait leur nuire à plus long terme, car elle avantage les services déjà plus populaires. Les fournisseurs intermédiaires présents en région perdent au change. Les clients de leurs concurrents sont plus nombreux à emprunter leurs réseaux que l’inverse. C’est moins payant.

Un autre facteur derrière la baisse des prix : les réseaux 5G sont assez puissants pour desservir le marché de l’Internet résidentiel. Rogers et Telus, notamment, proposent dans certains marchés régionaux de tels services Internet.

Au Québec, la rivalité entre Bell et Québecor est toujours aussi vive et passe de plus en plus par leurs enseignes bon marché. Fizz est une manne pour Vidéotron, avec son approche libre-service plus abordable que celle aux couleurs de Vidéotron. Bell utilise l’enseigne Ebox pour en découdre avec Fizz et fait ces jours-ci des offres sur fibre optique que le câble de son rival peine à égaler.

On ne connaît personne qui vit dans une maison qui a réellement besoin d’une connexion à Internet au-delà d’un gigabit. Dans le créneau des services Internet de 100 à 500 mégabits par seconde, un débit suffisant pour visionner au moins trois films 4K en même temps à partir des plateformes en continu de votre choix, on peut tomber sur des offres spéciales moins chères que ce que coûtaient il y a un an à peine des débits dix fois moins élevés.

Une tendance à long terme du marché des télécoms rend les fournisseurs Internet en libre-service plus attrayants : l’abandon de la téléphonie résidentielle s’accélère. On parle du téléphone qui se branche à une prise murale. De moins en moins de gens se sentent obligés de payer pour « conserver » un numéro résidentiel, qu’ils possèdent souvent depuis des décennies.

Les plus jeunes consommateurs sont également moins attachés à la télévision traditionnelle et sont moins séduits par les bouquets de services. Très populaires depuis le tournant du millénaire, les abonnements à la télévision câblée stagnent au Canada depuis deux ans.

Pendant ce temps, les services vidéo en continu ont vu leur nombre d’abonnés bondir. Ces services ne sont pas limités par un cadre légal aussi sévère que celui de la télévision traditionnelle et peuvent tenter des offres promotionnelles plus féroces.

Le plus récent exemple est celui de Rogers, qui a commencé à offrir sans frais additionnels pour ses clients télé un abonnement au service américain Disney+. Demandez à votre fournisseur : ils incluent tous l’accès à au moins une plateforme de vidéo en ligne à leurs forfaits plus classiques.

Le sans-fil explose

Quiconque a feuilleté le catalogue des forfaits sans fil de son fournisseur depuis le début 2024 a dû sursauter : il est possible en ce moment de multiplier par dix sa quantité permise de données mobiles mensuelle sans payer plus cher que ce qu’on payait avant.

Il y a un an à peine, on peinait à trouver un forfait abordable incluant 10 gigaoctets de données mobiles. On en trouve aujourd’hui à 75, voire 200 go, qui ne casseront la tirelire de personne. Le Canada n’est pas encore la France, les propriétaires d’un sans-fil français ne cessent de nous casser les oreilles avec ça, mais cela demeure un net progrès.

« Il n’a jamais été aussi facile de changer de fournisseur, et jamais autant de Canadiens l’ont fait », constate Nadir Marcos Mechaiekh Simon, qui constate un effet Québecor dans l’ouest du pays, où le fournisseur montréalais est en pleine expansion. De plus, l’émergence des eSIM de voyage, compatibles avec les téléphones plus récents, fait beaucoup baisser le prix des données à l’étranger.

Réparabilité et durabilité

Le bémol, c’est que les combinés téléphoniques, eux, coûtent très cher. Au moins, ils sont plus durables. Google fait des efforts pour étirer la vie utile des appareils Android.

Apple, de son côté, lancera l’an prochain au Canada l’atelier de réparation qui permet d’obtenir des outils et des pièces de remplacement pour ses iPhone, ses Mac, et ses autres produits. Apple calcule que réparer son iPhone peut coûter jusqu’à 60 % moins cher que de le remplacer, et que ses iPhone plus récents ont une vie utile d’au moins six ans. On n’en est pas encore à afficher l’indice de réparabilité qu’on trouve en France, mais, là encore, on s’en approche.

En vingt-cinq ans d’observation du marché des services de télécoms, on n’a vu qu’une fois un tel alignement des planètes à l’avantage du consommateur : quand la téléphonie résidentielle a fait le virage Internet.

Autrement dit : cela n’arrive pas souvent. Aussi bien en profiter.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

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