«Racines d’horizon», Joël Casséus
Joël Casséus a un faible pour les fins du monde. Après Crépuscules et Demi-ciel (Le Tripode, 2018 et 2022), l’écrivain québécois continue de creuser le sillon postapocalyptique avec un cinquième roman en solo, Racines d’horizon, une nouvelle errance aux contours flous imprégnée de poésie. Sur une île sans nom, entre « la cordillère des Ancêtres » et « la mer du ciel », alors que « le monde est malade, fait de la fièvre », un narrateur qu’on appelle le Pèlerin cherche sa soeur, morte semble-t-il depuis des années et qui pourrait l’attendre dans « les Racines d’horizon ». Un univers cauchemardesque où toute solidarité a disparu et où cet homme alourdi par le deuil et fuyant comme tout le monde « l’obscurité primale » va croiser sur sa route de nombreux personnages sans noms propres — le Forain, le Prêcheur, la Première femme, le Maître des déchets. Un récit déstabilisant, organique et froid qui avance en saccades, à coups de dialogues paraboliques. Désincarné et un peu laborieux.