«La morsure du crocodile», Jonathan Gourdeau

Jonathan Gourdeau « éprouvait une aversion […] envers la réalité et les fictions qui possèdent une conclusion heureuse. Ironie du sort, en pleine rédaction de ce roman, il précipitera sa propre conclusion […]. Il avait 42 ans », peut-on lire à la fin de La morsure du crocodile. Son amie de longue date, l’éditrice et romancière Pénélope Jolicoeur, s’est ainsi retrouvée avec un manuscrit incomplet qu’elle a pris à bras-le-corps. Parce qu’il y avait là la qualité d’un texte mordant dans l’horreur et la culture pop, dans la satire et l’humour noir. Mêlant un réalisme sombre à un délire psychédélique. Et ce, pour raconter la descente aux enfers (tel Orphée) d’un narrateur quadragénaire, chômeur, alcoolique. Et, bientôt, seul. Rachel, sa conjointe depuis quelque 20 ans, disparaît après avoir mis un terme à leur relation. Démarre une quête au cours de laquelle surgiront des personnages qui ne dépareraient pas Aliss de Patrick Senécal. Avec juste ce qu’il faut de lumière en finale pour ne pas trahir l’auteur. Un objet littéraire décalé et déstabilisant.

La morsure du crocodile

★★★ 1/2

Jonathan Gourdeau, Hurlantes éditrices, Montréal, 2024, 167 pages

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