« À midi, une joie », Maude Pilon
Maude Pilon invite le lecteur à une expérience de lecture hors norme avec cette « communication expérimentale », qui tisse des liens dans le désordre que supposent le travail, l’écriture, la lecture, la naissance de l’artiste et la mise en oeuvre du corps. L’écrivaine explore son propre rapport à l’écriture en le faisant dialoguer avec des techniques d’artisanat textile, la maladie, le Journal d’usine de Simone Weil, les carnets d’adieu à l’art de Lee Lozano et des textes de mystiques du Moyen Âge. Maude Pilon n’a pas besoin de dévoiler les codes de son univers pour que le lecteur se laisse happer par ce qui émane du chaos et de l’indiscipline. Alors qu’elle analyse et entrecroise les matériaux divers qui jonchent sa table, la poète dessine peu à peu « les outils d’une ère post-travail », dans laquelle l’engagement se vit plutôt dans le refus du chemin tracé et du rythme imposé. Ainsi, l’artiste désubjectivise les phrases, fait fi des pronoms, invente une langue et ouvre la porte à la possibilité d’une écriture et d’une lecture qui proposent un nouvel usage du monde, et un changement radical de paradigme, dans lequel son récit prend désormais tout son sens.