«J’ai tué le soldat Ryan», Françoise Cliche

« J’ai détesté Élodie de tout mon coeur d’enfant fâchée et encore plus de tout mon coeur d’adolescente enragée. Notre haine était la seule chose sur laquelle nous nous entendions. » Lorsque, quelque 50 ans plus tard, Gabrielle Morin reçoit une missive de cette ennemie d’enfance qui l’accuse d’avoir tué le soldat Ryan, elle jette un regard derrière, entreprend une longue traversée pour retrouver les traces de ce passé. Avec un titre aussi intrigant, Françoise Cliche attire d’abord l’oeil. Puis, l’écriture a tôt fait d’entraîner le lecteur dans ce Québec des années 1950 où la bascule d’anniversaire était encore chose courante. La vilenie des personnages se mêle à la culpabilité, à la vengeance, aux mensonges, à tout ce qui forme l’essence de l’adolescence. J’ai tué le soldat Ryan est un roman initiatique dans lequel Cliche met en scène les travers de l’humain. Grâce à une écriture maîtrisée, à la fois directe et dépouillée, elle détaille avec minutie les moindres gestes et ressentis des personnages. Des humains pleins de failles qui ont le sens du drame et, aussi, de l’humour. Fameux.

 

J’ai tué le soldat Ryan

★★★★

Françoise Cliche, Éditions de la Pleine Lune, Montréal, 2024, 320 pages

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