Visiter le Beaujolais, royaume du gamay
Collaboration spéciale
Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
La saison chaude est déjà dans l’antichambre du bonheur, mais vous n’avez pas encore planifié votre périple estival ? À titre de compagnon du Beaujolais, j’aimerais pouvoir vous entraîner sur toutes les pistes vitivinicoles européennes possibles. Toutefois, votre perspicacité vous permettra rapidement de comprendre que le gamay n’attend pas et qu’il se croque ici et maintenant. Surtout, qu’il s’éclate essentiellement dans le Beaujolais, où il trouve son terroir de prédilection.
Je constatais la chose récemment lors d’un séjour sur place où se déroulait un symposium chapeautant le centenaire du tracé de l’appellation Moulin-à-vent (1924-2024). C’est l’un des 10 célèbres crus de la région beaujolaise sise au nord de Lyon. Cette proximité n’est pas un hasard, mais plutôt un prétexte pour s’encanailler. D’une part avec des rouges souples, rieurs, expressifs et diablement fruités, et, d’autre part, autour d’une bistronomie décomplexée et hautement délectable, dont la fameuse andouillette, qui constitue à coup sûr un frisson d’émotion inégalable. Et ce, en étant surtout noyée par les 46 centilitres de l’incontournable pot Beaujolais !
Être à l’avant-scène
Visiter le Beaujolais dans son ensemble, et ses crus en particulier, offre non seulement l’attrait d’une région bucolique doucement vallonnée, mais la possibilité de s’imprégner d’une diversité de parcelles. Elles sont sises à l’intérieur d’une formidable disparité de terroirs et de subtilités géologiques et vous situent ni plus ni moins qu’à l’avant-scène du dynamisme en matière de pinard sur la planète vin actuelle. Voilà déjà une solide raison pour l’amateur de vin de se déplacer et d’apprécier les différents styles et variations proposés par le grand gamay noir à jus blanc. Ce dernier a plus qu’ailleurs la « gueule de l’endroit ».
Votre balade dans le Beaujolais est d’autant plus pertinente présentement qu’elle commence là où repose en paix l’avènement des primeurs par le truchement de son « Beaujolais nouveau ». Et c’est bien comme ça. Il y aura toujours le sempiternel Pisse-Dru à écluser pour les plus nostalgiques ! Mais dans l’ensemble, la nouvelle génération de vigneronnes et de vignerons est passée à autre chose.
Certains se laissent séduire par une approche de vins naturels développés, à l’époque, par Jules Chauvet et ses disciples que sont les Foillard, Lapierre, Thévenet, Descombes, Guy Breton, etc. Mais d’autres trouvent, à même la compréhension de leur propre terroir, à créer des synergies et des expressions inédites au cépage roi du Beaujolais. Et elles sont nombreuses !
Oui, une petite révolution qualitative est en marche avec un constat évident. Ici, on ne se prend pas la tête et on ne se pète pas les bretelles à l’image des collègues de la Côte d’Or bourguignonne. Ces derniers sont malheureusement soumis à des variations de volumes qu’un manège spéculatif exacerbe plus encore. Dans le Beaujolais, on a les pieds sur terre et une ambition qui se vérifie dans le verre. Avec des prix qui, certes poussés à la hausse, n’en demeurent pas moins un atout réel pour une qualité, voire une authenticité des plus tangibles.
Moulin-à-vent
Vous pourriez filer sur 55 kilomètres au sud de Mâcon, traverser quelque 38 communes, dont les Terres Dorées (au sud) et les 10 crus (au nord), mais souvenez-vous du proverbe : « qui trop embrasse mal étreint ». Pourquoi ne pas vous concentrer sur l’une de ces régions ? On peut, par exemple, mettre les voiles sur les quelque 630 hectares de vignobles étalés autour du symbole historique bien réel qu’est le fameux moulin-à-vent.
Bien plus qu’une silhouette familière, cette figure emblématique trône au coeur de vignobles aux sous-sols composés essentiellement de granit profondément altéré ou de moindre épaisseur. Une situation observée dès 1869 par l’ingénieur Antoine Budker. Pas moins de sept lieux-dits se détachaient alors du lot en affichant un potentiel de cru. Aujourd’hui, pas moins de 30 % de l’ensemble de l’appellation Moulin-à-vent seront présentés sous peu à l’Institut national de l’origine et de la qualité en vue de leur accession au cénacle enviable des Premiers Crus. Avec une potentielle reconnaissance officielle à l’aube de 2030 si tout se déroule rondement.
Ça ne prend pas la tête à Papineau pour faire l’équation que des terroirs viticoles identifiés, tels que Champ de Cours, La Rochelle, Les Thorins ou Rochegrès, pour n’en nommer que quelques-uns. Ils rivalisent déjà avec les meilleurs pinots noirs de Bourgogne classés en 1er cru. Avec une capacité égale de se bonifier en cave, une qualité d’ensemble, mais aussi un style — on dit alors des gamays vieux qu’ils « pinotent » — qui les rapprochent de leurs cousins noiriens.
Bon à savoir
• Comment se rendre : Air Transat et Air Canada assurent des liaisons directes Montréal-Lyon.
• Où louer une voiture : Location Europcar facilement accessible à l’aéroport Lyon Saint-Exupéry
• Où se loger : Hôtel Les Maritonnes à Romanèche-Thorins, Château Pizay à Belleville-en-Beaujolais
• Où manger : Auberge du Cep à Fleurie, Atelier du cuisinier à Villié-Morgon
• Des maisons dignes d’intérêt en appellation Moulin-à-vent : Paul Janin & Fils, Famille Guérin, Zest Of, Le Nid, Chermette, Château du Moulin-à-vent, Mee Godard, Anita Kuhnel, Château des Jacques, Jules Desjourneys, Domaine des Nugues, Yohan Lardy, Manoir du Cara, Jean-Paul Dubost, Richard Rottiers, Christophe Lapierre, Lucille Maud, Château Bonnet
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