La CAQ rêve d’« ambition » au moment où son bilan essuie les critiques

Le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien

Deux jours après l’annulation fracassante du tramway de Québec, le gouvernement conviait vendredi le maire Bruno Marchand à applaudir un nouveau rêve : le lancement, dès la semaine prochaine, d’un « grand concours international d’idéation » présenté « comme la première étape officielle de la phase IV de la promenade Samuel-De Champlain ».

La première neige qui couvrait le domaine Maizerets, vendredi matin, paraissait par moments moins froide que l’ambiance glaciale entre Bruno Marchand et le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien. Cet « allié indéfectible » autoproclamé du tramway il y a un an a d’emblée abordé sa défection.

« C’est une semaine difficile, a-t-il indiqué. Je n’exclus pas ce qui s’est passé, bien au contraire, mais on ne doit pas s’arrêter sur ces situations-là spécifiques. »

Je n’exclus pas ce qui s’est passé, bien au contraire, mais on ne doit pas s’arrêter sur ces situations-là spécifiques.

« Audace » et « ambition »

L’heure était plutôt « à l’audace » et « à l’ambition » au moment où la CAQ annonce la mise à contribution du génie international pour prolonger la promenade Samuel-De Champlain à l’est de la capitale, un chantier espéré depuis longtemps par la population de ce secteur sans accès au Saint-Laurent.

Rien d’impossible, selon Jonatan Julien, à commencer par la conversion de l’autoroute à six voies qui balafre présentement le littoral en boulevard urbain qui en compterait quatre, un chantier réclamé à l’unanimité à l’hôtel de ville.

« Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est que nous sommes prêts à le faire », a garanti le ministre.

Sans promettre d’échéancier, le ministre Jonatan Julien assure que le gouvernement agira rapidement dans la réalisation de la quatrième phase. « Nous y allons de bon coeur », a-t-il assuré.

À ses côtés, le maire de Québec avait la mine basse : le coeur, chez lui, n’y était visiblement pas.

« Ils vont répondre »

Écarté mercredi du réseau structurant de sa propre ville au profit de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Bruno Marchand place désormais la CAQ face à sa propre décision. « Toutes les questions liées à ce projet-là vont être dirigées vers le ministre, a-t-il répété vendredi. C’est une décision du gouvernement : ils prennent le ballon, ils vont répondre, ils vont mener le processus et on en reparlera. »

À la CAQ, des exigences autrefois claires quand la Ville portait le dossier du tramway le deviennent moins maintenant que l’affaire repose entre ses mains. Le ministre Jonatan Julien avait lui-même fixé un critère d’acceptabilité sociale qu’il refuse désormais d’appliquer. « Minimalement, c’est 50 % plus un », avait-il dit au printemps 2022. Vendredi, sa réponse se faisait plus évasive. « L’acceptabilité sociale, c’est une notion complexe », indiquait-il, sans s’avancer sur un chiffre.

Le maire Bruno Marchand a refusé de dresser le bilan du gouvernement à Québec depuis cinq ans. À l’Assemblée nationale, l’opposition officielle, elle, a fait le décompte : « C’est zéro ».

« Promesses brisées, tergiversations, temps perdu, voilà le bilan de François Legault », a décrié le chef libéral par intérim, Marc Tanguay. À l’hôtel de ville de Québec, la première opposition tire la même conclusion. « La CAQ se cherche des réalisations à Québec, a observé son chef, Claude Villeneuve. Ils sont un peu en mode rattrapage. »

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