«Québec doit passer à l’étape du tramway», clament d’anciens élus

Selon les signataires d’une lettre ouverte transmise au «Devoir», le tramway demeure la meilleure solution pour assurer la fluidité sur les routes de Québec dans les prochaines décennies.
Ville de Québec Selon les signataires d’une lettre ouverte transmise au «Devoir», le tramway demeure la meilleure solution pour assurer la fluidité sur les routes de Québec dans les prochaines décennies.

Au moment où le sort du tramway suscite encore l’incertitude dans les officines caquistes, 14 anciens élus de la Ville de Québec prennent la plume pour se porter à sa défense et rappeler que les anciennes administrations avaient aussi dû affronter la « résistance au changement » d’une capitale restée fidèle à la voiture.

Dans une lettre ouverte transmise au Devoir, les signataires rappellent que le transport collectif, à Québec, a souvent roulé en chemin cahoteux et que l’opposition d’aujourd’hui fait écho à la grogne d’hier. 

« Quand nous avons implanté le Métrobus à Québec en 1992, c’était moi qui étais président de la société de transport, se souvient Claude Larose, ancien président de la défunte Société de transport de la communauté urbaine de Québec (STCUQ) entre 1989 et 1998. À ce moment-là, explique-t-il, il y avait eu un fort mouvement d’opposition et curieusement, quand les gens ont vu le résultat quelques semaines après l’inauguration, tout était rentré dans l’ordre. Tout le monde était d’accord, tout le monde demandait que le réseau soit prolongé dans leur quartier. »

À l’époque, l’arrivée d’un « service à bonne fréquence sur tous les grands axes » avait enrayé le déclin dans lequel le transport collectif s’enlisait depuis des années. « Le transport en commun était en perte de crédibilité très importante dans la décennie 1980, ajoute Claude Larose. Le Métrobus avait changé la donne. »

Il croit que Québec a maintenant la maturité pour se doter d’un tramway, une option, tient-il à rappeler, à l’étude depuis 20 ans dans la région. La capitale québécoise, « seule ville de cette taille sans réseau de transport structurant au Canada, rappelle-t-il, a aujourd’hui atteint le maximum de ce que ses Métrobus ont à offrir. »

« Il faut maintenant passer à l’étape du tramway, croit Claude Larose. C’était déjà l’évolution naturelle du transport collectif à Québec il y a 20 ans, sous Jean-Paul L’Allier. »

La meilleure solution

Si lui et ses 13 cosignataires décident de faire entendre leur voix, c’est pour remettre les pendules à l’heure au moment où l’avenir du tramway vivote à nouveau. Depuis sa défaite lors de la partielle de Jean-Talon, la CAQ évoque une consultation aux contours encore imprécis, la rumeur d’un éventuel référendum flotte à Québec et le gouvernement appuie publiquement, mais seulement du bout des lèvres, ce chantier déjà évalué à plus de 4 milliards de dollars.

Selon les signataires, le tramway demeure la meilleure solution pour assurer la fluidité sur les routes de Québec dans les prochaines décennies. C’est aussi un investissement indispensable si le gouvernement caquiste veut montrer son sérieux dans l’atteinte de ses cibles de réduction de gaz à effet de serre.

« L’auto solo est un modèle de déplacement insoutenable à long terme, notamment sur le plan des finances publiques », écrivent-ils. Refermer la bourse publique au moment où la construction du tramway s’apprête à se mettre sur les rails, estime le groupe, finirait par coûter beaucoup plus cher.

« L’augmentation des coûts, elle ne frappera pas juste le tramway : elle va aussi s’appliquer aux autoroutes, elle va être là pour tous les grands travaux que nous allons faire, relève Claude Cantin, lui aussi ancien président de la STCUQ. La Ville a déjà investi 350 millions de dollars dans le tramway. C’est difficile de dire : on arrête tout et on recommencera peut-être un jour quand les coûts seront plus bas. Il faudrait tout recommencer depuis le début : les coûts ne seront jamais plus bas. »

Claude Cantin précise que la manne fédérale, qui s’engage à éponger 40 % de la facture du tramway, est une denrée précieuse, parce que particulièrement rare. « Le gouvernement fédéral n’avait jamais eu de politique de transport en commun. Quand il y avait de l’argent, il en mettait un peu et quand il n’y en avait pas, il n’en mettait pas. Aujourd’hui, la conjoncture est favorable au tramway : il ne faut pas passer à côté. »

Leur lettre ouverte fait suite à l’appel du maire Bruno Marchand, qui a récemment invité les partis favorables au tramway à se manifester. La Chambre de commerce et d’industrie de Québec exprime depuis longtemps la nécessité du tramway dans la capitale pour attirer de la main-d’oeuvre et maintenir son essor économique.

La semaine dernière, c’était au tour du groupe J’ai ma passe, soutenu par Industrielle Alliance, le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale et l’Université Laval, a réitéré son appui. En matière de mobilité durable, écrivait-il, « le REM [Réseau express métropolitain] ne peut pas rester le seul projet majeur à s’être concrétisé en 20 ans ».

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