Le RTC mettra bientôt en place une tarification sociale
La Ville de Québec a présenté les contours de la tarification sociale de ses transports collectifs. Dès le 20 avril, la population moins nantie de la capitale bénéficiera d’un rabais de 33 % à l’achat d’un laissez-passer mensuel ou d’un passage à l’unité.
Le prix du laissez-passer mensuel passera donc de 91,95 $ à 61,30 $ pour les bénéficiaires de cette nouvelle tarification, baptisée ÉquiMobilité, tandis que celui du passage unitaire passera de 3,25 $ à 2,25 $.
Pour y être admissible, un ménage devra prouver que sa rémunération totale se situe en dessous du seuil de faible revenu. Une famille de quatre personnes, par exemple, devra avoir un revenu annuel de moins de 45 000 $ brut pour profiter de ce rabais. Pour un couple, ce seuil se chiffre à un peu plus de 36 500 $ avant impôt. Pour une personne seule, son revenu brut devra se situer en deçà de 29 400 $.
La Ville estime qu’environ 23 000 citoyens et citoyennes pourront se prévaloir de la mesure. Le coût de cette promesse formulée par le parti du maire Bruno Marchand lors de la dernière campagne électorale s’élève à 750 000 $ pour 2023.
« C’est ça, une ville bienveillante : c’est une ville qui ne laisse personne derrière », a souligné la conseillère Maude Mercier Larouche, présidente du Réseau de transport de la Capitale (RTC).
Faciliter l’accès
La Ville a voulu rendre l’accès à ÉquiMobilité le plus simple possible : pour y avoir droit, une personne devra prouver son admissibilité en remplissant un formulaire disponible, pour l’instant, dans les bureaux d’arrondissement de La Cité-Limoilou et de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge, mais qui pourrait bientôt l’être dans les bibliothèques municipales et certains organismes communautaires.
L’usager devra alors joindre un avis de cotisation fédéral ou provincial pour prouver que son revenu se situe en deçà du seuil de faible revenu. « Il y a une analyse très rapide faite au comptoir », précise Marc de Koninck, conseiller stratégique à la direction générale de la Ville de Québec. « Si mon revenu répond au barème et que j’apporte le formulaire, automatiquement, je suis admissible. »
Québec n’a pas oublié les réfugiés ni les demandeurs d’asile : la simple présentation d’une carte confirmant ce statut donnera aussi droit à la tarification sociale.
Par la suite, toute personne munie d’une preuve d’admissibilité pourra obtenir « séance tenante » une nouvelle carte OPUS ÉquiMobilité en se présentant dans l’un des cinq centres de services du RTC. La Ville fournira gratuitement deux titres de transport à toute personne admissible afin de faciliter ses déplacements.
Les démarches peuvent également se faire par courrier, bien que le « chemin en personne soit beaucoup plus rapide », souligne M. de Koninck. « La nuance, c’est que par la poste, la personne devra nous fournir une photo. Elle pourra être prise par un téléphone et il sera même permis de sourire sur la photo : c’est une avancée significative dans une société comme la nôtre ! »
Toutes les personnes inscrites au Service de transport adapté de la Capitale (STAC) deviendront de facto admissibles à la nouvelle tarification sociale.
« Ça va faire une méchante différence », explique Ghislain Hudon, un futur bénéficiaire d’ÉquiMobilité qui a pris la parole avec panache lors de l’annonce, lisant son discours écrit en braille devant un parterre de journalistes. Aveugle, l’homme doit composer avec un budget annuel de 15 000 $. Les 400 $ économisés en vertu de la tarification sociale lui permettront de s’accorder quelques plaisirs, comme « une couple de sorties au restaurant », explique-t-il. « C’est [aussi] de l’argent libéré pour mieux me nourrir ou pour me payer des loisirs. »
Et la gratuité ?
Certaines villes du Québec, comme Montréal, Lévis, Sherbrooke, Gatineau ou Saguenay, ont adopté plusieurs formes de tarification sociale pour faciliter les déplacements des moins nantis. D’autres ont préféré la gratuité — une mesure qui aurait coûté trop cher à la Ville, selon la conseillère Maude Mercier Larouche. « La gratuité, c’est sûr que c’est l’ultime mesure d’accessibilité. Mais ça peut représenter 80 ou 100 millions de dollars annuellement. Si nous voulons adopter une mesure comme celle-là, une ville ne peut pas l’assumer toute seule, sans aide des autres ordres de gouvernement », dit-elle.
Pour l’instant, des organismes communautaires — les centres d’hébergement pour itinérants, par exemple — ne pourront pas non plus acheter des titres de transport au bénéfice de leur clientèle. « Ç’a fait partie de la réflexion que nous avons eue avec les partenaires communautaires autour de la table, mais ce n’est pas ce que nous souhaitons », a expliqué la conseillère.