Stanley Vollant, la voix du changement

Malik Cocherel
Collaboration spéciale
« Il faut rétablir une relation de confiance brique par brique [avec les Premières Nations] », insiste Stanley Vollant, qui est nouvellement nommé au C.A. de la nouvelle agence Santé Québec.
Photo: Rodolphe Beaulieu « Il faut rétablir une relation de confiance brique par brique [avec les Premières Nations] », insiste Stanley Vollant, qui est nouvellement nommé au C.A. de la nouvelle agence Santé Québec.

Ce texte fait partie du cahier spécial Développement autochtone

Seul Autochtone invité à siéger au conseil d’administration de la nouvelle agence Santé Québec, Stanley Vollant entend bien profiter de sa nomination pour donner de la voix et améliorer l’accès aux soins des Premiers Peuples. Un sacré défi que le médecin-conseil est prêt à relever en s’attaquant, entre autres, au cas épineux de la sécurisation culturelle.

Le 22 mai dernier, le médecin innu de la communauté de Pessamit s’est vu confier de nouvelles responsabilités. Déjà membre de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, Stanley Vollant a rejoint le conseil d’administration de Santé Québec, la nouvelle agence placée sous la direction de Geneviève Biron. Fort de cette nomination comme de sa grande expérience du terrain, le premier chirurgien autochtone au Québec compte bien poursuivre ses efforts pour améliorer l’accessibilité des Premiers Peuples aux soins de santé et services sociaux.

« Je veux m’assurer que leur voix soit entendue au conseil d’administration, dit-il. Mon rôle va être de placer la sécurisation culturelle au centre de tous les changements que l’on va proposer. » Le Dr Vollant a bien conscience de l’immensité de la tâche qui l’attend pour rétablir notamment le lien de confiance entre les Premières Nations et les centres hospitaliers de la province. « Aussi longtemps que je m’en souvienne, les Autochtones ont toujours eu peur d’aller à l’hôpital. Cette méfiance-là ne date pas de Joyce Echaquan, ça remonte à bien plus loin », témoigne-t-il.

La sécurisation culturelle

Développée en Nouvelle-Zélande dans les années 1980, en réponse aux discriminations subies par les Maoris dans le système de santé allochtone, la sécurisation culturelle représente assurément un modèle de réconciliation pour les Autochtones, au Québec comme ailleurs. « Je vais être un fervent défenseur de ce concept au niveau de Santé Québec », assure le Dr Vollant. « Les mots “sauvages” et “kawish”, on les entend encore malheureusement à l’hôpital. Il y a un besoin important d’insuffler de la sécurisation culturelle dans notre système de santé. »

Le chirurgien âgé de 59 ans est le premier à le reconnaître. Il va falloir sans doute des années pour que les Premières Nations se sentent bienvenues et traitées sur un pied d’égalité dans nos hôpitaux. « Il faut rétablir une relation de confiance brique par brique », insiste Stanley Vollant qui navigue dans le système de la santé depuis 35 ans. « Cela passe par l’éducation du personnel, des médecins, infirmières et auxiliaires. Mais accueillir la personne en lui disant simplement “bonjour” dans sa langue et en lui tendant la main, ça rentre aussi dans la sécurisation culturelle. »

Un pas après l’autre

Lancé en 2008, le Programme des facultés de médecine pour les Premières Nations et les Inuits au Québec a porté ses fruits en permettant à de plus en plus d’étudiants autochtones de suivre des formations en médecine. Ce qui n’a pas toujours été forcément le cas. « Quand je suis entré en médecine en 1984, il y avait seulement cinq ou six médecins autochtones au Québec », se souvient le Dr Vollant. « Ça a été des premiers pas difficiles pour nous. Et on pousse aujourd’hui pour avoir toujours plus d’Autochtones dans les milieux de la santé. »

En formant plus de personnel issu des Premiers Peuples, on lutte contre la pénurie de médecins qui frappe cruellement les communautés. Et on contribue, dans le même temps, à instaurer un climat culturellement sécurisant. Tout du moins dans certaines limites. « C’est sûr que ça va aider, mais ça va toujours être insuffisant », nuance ainsi Stanley Vollant. « Nous ne sommes pas assez, et on va toujours avoir besoin des autres. Les autres doivent être ouverts, respectueux et mieux nous connaître. Ça va être un long chemin. Mais il faut y aller un pas à la fois. »

Une première clinique de santé familiale culturellement sécurisante à Montréal

Avant même la nomination de Stanley Vollant au conseil d’administration de Santé Québec, Montréal Autochtone a ouvert, le 12 avril dernier, la première clinique de santé familiale culturellement sécurisante de la région métropolitaine. L’établissement a affirmé sa volonté de proposer des soins de santé répondant aux besoins holistiques et culturels des Autochtones, tout en agissant main dans la main avec les services publics existants. « Ces cliniques sont absolument nécessaires, car il y a une augmentation de la population autochtone vivant en milieu urbain », souligne le Dr Vollant.

« C’est une bonne chose pour ces personnes qui n’ont pas de médecins de famille et qui sont déconnectées de leur communauté, poursuit-il. Ces cliniques sont encore sous-développées au Québec. Il ne faut pas hésiter à regarder chez nos voisins de l’Ontario où elles existent depuis plus de 20 ans. Il faut s’en inspirer pour les adapter aux réalités du Québec. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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