Des soldats nord-coréens ont brièvement franchi la frontière, tirs de sommation du Sud

Pyongyang a envoyé ces dernières semaines des centaines de ballons lestés de déchets tels que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu’à des excréments d’animaux, vers son voisin du sud.
Photo: Im Sun-suk Yonhap via Associated Press Pyongyang a envoyé ces dernières semaines des centaines de ballons lestés de déchets tels que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu’à des excréments d’animaux, vers son voisin du sud.

Des soldats nord-coréens ont brièvement franchi dimanche la frontière avec la Corée du Sud, dont les militaires ont effectué des tirs de sommation, a annoncé mardi l’état-major sud-coréen (JCS).

« Des soldats nord-coréens travaillant à l’intérieur de la DMZ sur le front central ont brièvement franchi la ligne de démarcation militaire », a déclaré le JCS dans un communiqué, en faisant référence à la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux États ennemis depuis 1995.

« Hormis la retraite immédiate des soldats nord-coréens après nos tirs d’avertissement, aucun mouvement inhabituel n’a été observé », a ajouté le JCS.

Les côtés nord-coréen et sud-coréen de la DMZ, large de 4 km, sont lourdement fortifiés mais la ligne de démarcation elle-même, située au milieu de la zone, n’est matérialisée que par de simples panneaux. Des accrochages entre soldats des deux camps qui y patrouillent y éclatent de temps en temps.

L’incident de dimanche est survenu alors que les relations entre le nord et le sud traversent une période parmi les plus tendues depuis des années.

Les deux pays restent techniquement en guerre, le conflit qui les a opposés de 1950 à 1953 s’étant terminé par un armistice et non un traité de paix.

Ballons d’immondices

Pyongyang a envoyé ces dernières semaines vers la Corée du Sud des centaines de ballons lestés d’immondices telles que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu’à des excréments d’animaux.

Le régime nord-coréen entend riposter à l’envoi vers le nord par des associations de transfuges, également par ballon, de tracts hostiles au dirigeant Kim Jong Un et à sa famille, de billets de banque américains et de clés USB contenant de la k-pop et des séries sud-coréennes. Séoul ne peut légalement empêcher ces envois.

Début juin, le gouvernement sud-coréen a totalement suspendu un accord militaire conclu en 2018 pour réduire les tensions et a recommencé à émettre de la propagande par haut-parleur le long de la frontière, en représailles aux ballons d’ordures.

La Corée du Nord -qui avait pour sa part déjà jeté l’accord de 2018 aux oubliettes l’an dernier- a mis en garde Séoul contre « une nouvelle crise ».

Selon l’armée sud-coréenne, le nord est actuellement en train d’installer lui aussi des haut-parleurs de son côté de la frontière, laissant présager d’intenses duels de propagande hurlante.

Ces duels sonores étaient fréquents depuis les années 1960, mais avaient été suspendus en 2018 à l’occasion d’un réchauffement des relations.

La décision d’abandonner l’accord de 2018 et de rebrancher les haut-parleurs pourrait être lourde de conséquences, si l’on en croit les précédents.

Se plaignant de l’envoi de tracts de propagande contre son régime depuis le Sud, la Corée du Nord avait en 2020 coupé tous les liens officiels de communication militaire et politique avec son voisin, et démoli à l’explosif un bureau de liaison intercoréen situé de son côté de la frontière.

Le Nord a également menacé dans le passé de tirer au canon sur les haut-parleurs sud-coréens s’ils n’étaient pas éteints.

L’abandon de l’accord de 2018 signifie également que l’armée sud-coréenne peut reprendre les exercices à munitions réelles près de la frontière.

Cet accord était le fruit d’un rapprochement intercoréen promu par le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in, qui avait rencontré Kim Jong-un à plusieurs reprises.

En 2020 le Parlement sud-coréen avait adopté une loi interdisant d’envoyer des tracts de propagande vers le Nord. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé le texte l’an dernier, en jugeant qu’il violait la liberté d’expression.

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