Chez soi, le dernier choix
La politique du ministère de la Santé et des Services sociaux pour le maintien à domicile s’intitule « Chez soi : le premier choix ». Ils font preuve de beaucoup d’humour, au MSSS. En effet, depuis l’interdiction de recourir à la main-d’oeuvre indépendante, nous n’avons plus d’options pour offrir des services de nuit à nos mourants à domicile. Car, comme vous vous en doutez sûrement, mourir à domicile, c’est difficile.
Parfois, les gens meurent lentement, pendant des mois. Les proches s’épuisent, quand il y en a. L’autre option serait d’envoyer ces malades dans des CHSLD, mais, comme vous pouvez le constater, ce n’est pas demain la veille qu’il y aura de la place. Vous pourriez toujours attendre aussi une chambre dans une belle maison des aînés, toute de marbre construite, qui pourra peut-être accueillir, d’ici 2058, quelques dizaines d’aînés, véritables gagnants de la loterie !
Alors, en attendant, « chez soi le premier choix », c’est par dépit. Mais comme il est important que les patients puissent faire des choix libres et éclairés quant à leurs soins, il m’apparaît crucial de bien les informer. C’est pourquoi je crois que les nouveaux top guns de l’agence Santé Québec devraient faire preuve de transparence envers les Québécois et leur donner l’heure juste : il n’y a pas d’argent pour les soins à domicile. Pas d’argent pour les CLSC, pour embaucher de la main-d’oeuvre, pour créer des postes de nuit, rien, niet, nada…
Cependant, sachez qu’il y a des millions de dollars disponibles pour développer des concepts technologiques, comme l’hospitalisation virtuelle à domicile. Ça, voyez-vous, ça va permettre à quelques rares individus vigoureux capables de littératie et de connexion wifi de « chatter » avec leur spécialiste avec un iPad.
Donc de l’argent pour de la téléconsultation virtuelle, il y en a. Mais pas pour embaucher des préposés aux bénéficiaires de nuit qui pourraient nous permettre de maintenir à domicile des patients en lourde perte d’autonomie et en fin de vie.
Exit l’humanisme dans les soins de santé. Mais, heureusement, il y a une solution toute simple : faites le 9-1-1 ! Au Québec, les soins de fin de vie se passent généralement comme ça : sur une civière dans une urgence bondée. Car, quand vous avez un patient qui agonise à domicile sans possibilité de le soulager par absence de ressources humaines, eh bien, « chez soi » devient le dernier choix soutenu par le gouvernement.