«Société distincte», la série qui fait croire aux extraterrestres
Un garçon de 8 ans disparaît en jouant dans le bois lors d’un séjour en camping avec sa famille. Quinze ans plus tard, l’enfant n’a pas été retrouvé, mais sa mère et son frère sont convaincus — ou tentent de se convaincre — qu’il a été enlevé par des extraterrestres.
Contre toute attente, on finit par croire à ce scénario improbable dans la série Société distincte, qui prend l’affiche le jeudi 6 juin sur Club illico. L’auteur et réalisateur Benoit Lach sait comment s’y prendre pour nous faire embarquer dans son histoire paranormale. Il prend les spectateurs par la main et les amène tranquillement à s’émouvoir des aventures extraordinaires des personnages.
Les soucoupes volantes et les petits bonshommes verts n’arrivent pas en pétaradant dans le premier épisode. Les extraterrestres sont plus subtils que ça, quand même. On devine leur présence. On croit la deviner. On doute. On se demande même si certains d’entre eux n’auraient pas, par hasard, la faculté d’avoir l’air humain, pour mieux envahir la Terre et prendre le contrôle de l’univers.
Puis, on se ravise : on est convaincus que la mère (Maude Guérin) et le fils (Antoine Pilon) hallucinent avec leurs histoires d’extraterrestres. On les soupçonne d’être devenus un peu fous à cause de l’insoutenable peine d’avoir perdu le petit Gabriel.
« L’ufologie, les extraterrestres, ça reste un sujet tabou, et c’est un peu ce qui est exploité dans la scénarisation », affirme Benoit Lach lors d’une rencontre virtuelle avec les journalistes.
« C’est une série où on est dans le doute constamment. On se questionne : est-ce que c’est vrai, est-ce que ce n’est pas vrai ? Des fois, on avance un peu vers le vrai, et des fois, on se dit : “Ben non, c’est impossible.” C’est un peu le rapport qu’on a avec les extraterrestres : on ne l’a pas, la maudite preuve que ça existe », ajoute l’auteur et réalisateur.
Les humains d’abord
Sans révéler de secret d’État, on peut dire, après le visionnement des trois premiers épisodes, qu’il faut s’attendre à la présence de forces paranormales. Mais n’anticipez pas une explosion d’effets spéciaux sur fond de batailles à coups de rayons laser. Le propos de la série est ailleurs. On assiste au désarroi d’une mère et de son fils aîné qui ont perdu la trace du cadet de la famille.
Les interprètes Maude Guérin, Antoine Pilon, Robert Naylor et Juliette Gosselin (ainsi que toute la distribution) incarnent avec justesse les protagonistes. « Chaque personnage a des secrets bien gardés », révèle Maude Guérin. Elle a adoré jouer Micheline, la mère traumatisée par la disparition de son cadet, qui transpose toutes ses « bébittes » sur son fils aîné.
Les séries de science-fiction évoquant des êtres venus d’autres galaxies ne courent pas les rues au Québec. Mais Société distincte est d’abord un drame familial : « L’important, c’est d’avoir des personnages qui vivent des histoires qui nous touchent », explique le producteur Olivier Aghaby.
Devant le tsunami de séries et de plateformes de diffusion auxquelles ont accès les spectateurs, « il faut des histoires comme ça, qui sortent du cadre, de l’ordinaire, et qui nous font rêver un peu. On a besoin de fictions qui vont plus loin que “passe-moi le beurre” », ajoute-t-il.
Poussières d’étoiles
Le titre Société distincte fait référence au Québec, à sa langue et à sa culture uniques en Amérique du Nord. Mais il est possible que l’humanité devienne un jour cette société « distincte du reste de l’univers », explique Benoit Lach.
L’auteur a mené des recherches approfondies sur les ufologues qui traquent les objets volants non identifiés et leurs occupants. Le projet Disclosure, fondé en 1993 par l’Américain Steven M. Greer, a ainsi mis en lumière les efforts déployés par le Pentagone afin d’identifier d’éventuels visiteurs venus de l’espace.
Enfant, Benoit Lach a lui-même vécu un épisode semblable à celui qui a inspiré Société distincte : son frère a « disparu » durant un après-midi, quand un homme avait recruté des jeunes du voisinage pour livrer des circulaires. Alertés, des parents avaient ramené les enfants chez eux. Le réalisateur se souvient de l’anxiété qui s’était emparée de la famille avant le retour de son frère.
Les extraterrestres n’avaient rien à voir avec cette disparition, mais Benoit Lach croit « assurément » à la présence de vie hors de notre galaxie. « Il n’y a pas assez de grains de sable sur la Terre pour représenter toutes les étoiles de l’univers. On est des poussières d’étoiles. On vient tous de la même place. »
L’humanité aura sans doute un jour une preuve de vie extraterrestre, souligne-t-il. D’ici là, les humains peuvent se rabattre sur des séries télévisées.