Situation humanitaire «désastreuse» à Gaza, selon l’UNRWA

Les troupes israéliennes avaient lancé le 7 mai une offensive terrestre dans la ville de Rafah, alors présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas. Mais les combats ont regagné depuis en intensité dans plusieurs autres régions, notamment dans le Nord.
Photo: Eyad Baba Agence France-Presse Les troupes israéliennes avaient lancé le 7 mai une offensive terrestre dans la ville de Rafah, alors présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas. Mais les combats ont regagné depuis en intensité dans plusieurs autres régions, notamment dans le Nord.

Des combats acharnés ont opposé samedi l’armée israélienne à des combattants du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, où les conditions de vie des habitants sont « désastreuses » selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

La guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste en Israël le 7 octobre, ne connaît pas de répit à travers le territoire palestinien, et fait craindre un embrasement au Liban.

Les troupes israéliennes avaient lancé le 7 mai une offensive terrestre dans la ville de Rafah, alors présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas. Mais les combats ont regagné depuis en intensité dans plusieurs autres régions, notamment dans le Nord.

Depuis jeudi, l’armée israélienne mène une opération à Choujaïya, un quartier est de Gaza-ville, où se trouvent selon elle des « infrastructures terroristes ».

Elle a indiqué samedi y avoir éliminé « des dizaines » de combattants en 48 heures, faisant état de « combats rapprochés avec des terroristes ». Dans un communiqué, elle a ajouté avoir découvert des postes d’observation, des armes, des drones et une rampe de lancement de roquettes près d’écoles et des entrées de tunnels.

Les branches armées du Hamas et de son allié le Jihad islamique ont indiqué de leur côté qu’elles étaient engagées dans des combats avec les forces israéliennes dans le secteur.

La Défense civile palestinienne a signalé vendredi de « nombreux morts » et la fuite de « dizaines de milliers de civils », après un appel de l’armée à évacuer le quartier.

« Terrifiés »

« Dans les rues, les gens paniquaient, ils étaient terrifiés […] Tout le monde quittait Choujaïya », raconte Samah Hajaj. « On ne sait pas pourquoi [les soldats israéliens] sont entrés à Choujaïya vu qu’ils y avaient déjà détruit les maisons. »

Dans la nuit et samedi matin, des journalistes de l’AFP ont entendu des explosions, frappes aériennes et tirs provenant de ce secteur.

Toujours dans la ville de Gaza, la Défense civile a indiqué que quatre corps et six blessés avaient été dégagés des décombres d’un bâtiment touché par une frappe israélienne dans le secteur d’al-Sedra.

Dans le centre du territoire palestinien, des habitants déblayaient des gravats dans le camp de réfugiés de Maghazi après une frappe nocturne sur une maison qui a touché un centre médical.

« La pharmacie, le service d’ophtalmologie et le département des urgences ont été complètement détruits. Il ne reste plus que des débris », a indiqué Tarek Qandeel, directeur du centre.

Plus au sud, cinq corps ont été découverts après un bombardement sur des tentes de déplacés dans le secteur d’al-Mawasi, près de Rafah, d’après des médecins.

L’armée poursuit des opérations dans cette dernière ville, frontalière de l’Égypte, disant y avoir éliminé de « nombreux terroristes ».

Des témoins ont fait état de morts et blessés parmi les déplacés du camp de Shakush, à l’ouest de Rafah, après une nouvelle incursion de l’armée israélienne et des tirs. Une source au centre médical Nasser de Khan Younès a dit avoir reçu quatre cadavres en provenance de l’ouest de Rafah.

L’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël a entraîné la mort de 1195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

32 hôpitaux endommagés

Durant l’attaque, 251 personnes ont été enlevées, dont 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée.

Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis ou l’Union européenne.

Son offensive sur la bande de Gaza a fait jusqu’à présent 37 834 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

La guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le petit territoire palestinien assiégé de 2,4 millions d’habitants, dont plus de la moitié ont été déplacés : l’eau et la nourriture manquent et le système de santé est à genoux.

Un total de 32 hôpitaux sur les 36 que compte la bande de Gaza ont été endommagés depuis le 7 octobre, et parmi eux 20 sont désormais hors-service, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Une chargée de mission de l’UNRWA, Louise Wateridge, a qualifié vendredi de « désastreuses » les conditions de vie dans le territoire palestinien, où l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes.

Des habitants vivent dans des ruines d’immeubles ou des tentes autour d’un gigantesque tas de déchets, a-t-elle dit à la presse à Genève, en liaison vidéo depuis le centre de la bande de Gaza.

« Pas d’eau, pas de nourriture »

« Il n’y a pas d’eau, pas d’assainissement, pas de nourriture », a-t-elle ajouté à propos de Khan Younès, dans le Sud.

Les craintes de voir le conflit se propager au Liban se sont récemment amplifiées avec une surenchère verbale entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas.

Depuis le 7 octobre, les deux camps échangent quasi quotidiennement des tirs dans la zone frontalière, des violences meurtrières ayant poussé à la fuite des milliers d’habitants de part et d’autre de la frontière.

Téhéran, allié du Hezbollah, a averti samedi Israël que « l’axe de la résistance », qui comprend l’Iran et ses alliés régionaux, pourrait se mobiliser s’il lançait une offensive « à grande échelle » au Liban.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait affirmé qu’Israël ne voulait pas de guerre avec le Hezbollah, mais averti que son pays avait « la capacité de ramener le Liban à l’Age de pierre ».

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