Saint-Henri pour tous les appétits
Collaboration spéciale
Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Autrefois un quartier ouvrier, puis laissé à lui-même, Saint-Henri, dans l’ouest de Montréal, est aujourd’hui méconnaissable pour qui n’y a pas mis les pieds depuis quelques années. Restaurants bondés et terrasses branchées s’y sont installés par dizaines, faisant de Saint-Henri une destination gourmande à part entière.
J’ai vécu dans Saint-Henri il y a une quinzaine d’années. À l’époque, on y habitait pour la proximité avec le canal de Lachine et pour les loyers à petits prix. Mais c’était tout, parce qu’il n’y avait rien à faire. Il était carrément difficile d’y inviter les amis, qui trouvaient que le quartier était « loin de tout ».
« Les choses ont tellement changé ! m’a assuré Emili Bellefleur, de Tourisme Montréal, tandis qu’elle me décrivait les nouveautés de la métropole. Même les médias à l’étranger parlent de la proposition culinaire de Saint-Henri. Il faut que les Québécois la découvrent aussi ! »
Un son de cloche similaire chez Manon Dubreuil, directrice des opérations à la Société de développement commercial (SDC) Les Quartiers du Canal. L’organisation représente les commerçants des secteurs très effervescents de Saint-Henri, de la Petite-Bourgogne et de Griffintown, qui se trouvent le long du canal, tout en faisant connaître leurs offres. Son organisation recense plus de 650 entreprises membres, pour la plupart concentrées rue Notre-Dame, dont 79 adresses « boire et manger » dans Saint-Henri. On parle ici de boulangeries, de pâtisseries, de restaurants, de cafés, de comptoirs de crème glacée, de microbrasseries et de bars. « Je suis là depuis cinq ans, et c’est fou comme ça a changé depuis mon arrivée ! » ajoute Manon Dubreuil.
Bonheurs pour toutes occasions
Après avoir marché trois pâtés de maisons à ses côtés, je n’en doute pas une seconde : dans la rue Notre-Dame, entre Atwater et Bourget, nous aurons croisé de nombreux endroits qui valent le détour. D’abord, l’Atwater Cocktail Club, un bar caché « où les cocktails sont incroyables ! ». Ensuite, le Foiegwa, un restaurant où l’on sert des classiques français américanisés, et le très beau Eera Café et galerie d’art, où l’on souhaite faire connaître la culture perse. Et finalement, le 9 Tail Fox, dont la cuisine coréenne est vantée par Manon Dubreuil, le Sumac, au menu moyen-oriental, et le Rasoï, un « petit resto indien chaleureux ». La plupart de ces adresses n’existaient pas il y a quelques années. Elles côtoient désormais des enseignes plus anciennes dont la réputation n’est plus à faire. C’est le cas du Café Saint-Henri, l’un des premiers microtorréfacteurs en ville, ouvert en 2011, ou du Greenspot. Ce casse-croûte est installé rue Notre-Dame depuis 1947 et « toujours aussi populaire », d’après la directrice des opérations de la SDC.
« C’est ce qui fait la beauté du quartier, souligne-t-elle, cette mixité entre le vieux et le neuf, entre les premiers habitants et ceux qui viennent d’arriver. » Quand on lui demande d’expliquer cette effervescence qui anime Saint-Henri, Manon Dubreuil parle de personnalités fortes qui aimaient leur quartier et qui l’ont investi. Elle cite entre autres les frères Alex et Mat Winnicki qui possèdent l’incontournable Satay Brothers, inspiré de la cuisine de rue de Singapour, ou le Groupe Barroco, qui détient plusieurs adresses du secteur, dont le Fugazzi Pizza et le nouveau Bon Délire, plus à l’ouest.
Dans la même veine, n’oublions pas l’Arthurs Nosh Bar, inauguré en 2016 et connu au-delà du quartier pour ses brunchs et ses sandwichs (il faut essayer celui au gravlax de saumon). Le restaurant de cuisine d’inspiration juive accueille des gens des environs, mais aussi des curieux qui viennent de Toronto, de Los Angeles et d’Europe, affirme Raegan Steinberg, copropriétaire des lieux. Elle a atterri dans Saint-Henri par hasard, mais qui ne regrette pas son choix depuis. « Quand on est arrivés, il y avait deux ou trois commerces autour de nous, mais, aujourd’hui, c’est vivant et nous sommes comme une famille. J’adore le coin ! » dit-elle, attablée à la terrasse, bondée au moment de mon passage.
En diagonale, le BarBara Vin est rapidement devenu un autre classique. « Caffè, pasta, vin », annonce l’en-tête de la carte. « On sert des antipasti, des sandwichs, des pâtes fraîches, des fromages, des desserts… en fait, on propose tout ce qui accompagne bien le vin, central dans notre menu », dit Catherine Draws qui fait partie du quintette derrière l’établissement. Une menace, ces nombreux restaurants du quartier ? « Pas du tout ! Si tu es seul dans ton coin, les gens ne se déplacent pas. Et les nouveaux poussent à se demander si on fait encore bien les choses », dit-elle dans son restaurant lumineux.
Peu avant la fin de la visite, Manon Dubreuil me convaincra de choisir une crème glacée chez Dalla Rose, considéré par certains comme l’une des meilleures crémeries en ville. Elle me citera les adresses où goûter d’excellents tacos. Elle me mènera à la terrasse entourée de poiriers de l’Elena et du Club Social PS, où l’on sert de la pizza et du vin. Elle m’assure que, la prochaine fois, je ne dois pas manquer le Pôle des saveurs du marché Atwater, où une dizaine de restaurateurs tiennent un comptoir pendant l’été.
Assurément, les temps ont changé. Désormais, Saint-Henri n’est loin de rien.
Merci à Tourisme Montréal et à la SDC Les Quartiers du Canal pour l’organisation de la journée
5 classiques à ne pas manquer
• Tuck Shop, resto-bar de quartier au menu raffiné
• Rustique, pâtisserie spécialisée dans les tartes
• La Luncheonette, café bohème réputé pour ses déjeuners rapides
• Pikliz, pour des spécialités haïtiennes
• Canal Lounge, péniche transformée en bar qui permet de profiter du canal
5 nouveautés à découvrir
• Un Instant en Provence, pâtisserie-café proposant plusieurs spécialités de cette région• Eva café, pour ses brunchs et son décor magnifique
• Savsav, un café-buvette lumineux
• Bonheur d’occasion, bistro de quartier au menu saisonnier
• Mollo, troisième adresse de cette boulangerie réputée
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