Roche Bobois: l’art et la matière dans nos salons depuis 50 ans

Nathalie Schneider
Collaboration spéciale
Le Mah Jong marie des imprimés fleuris et géométriques exubérants.
Photo: Roche Bobois Le Mah Jong marie des imprimés fleuris et géométriques exubérants.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Cette année, la prestigieuse marque de mobilier Roche Bobois souligne 50 ans de présence au Québec. C’est l’occasion de revenir sur ce a qui fait son style distinctif à travers le temps jusqu’à aujourd’hui, alors que sa boutique de meubles haut de gamme à Montréal vient de rouvrir ses portes après de grosses rénovations.

Après de gros travaux de rénovation, la boutique Roche Bobois, située sur l’avenue du Président-Kennedy à Montréal, rouvre ses portes au public. En sillonnant le vaste espace lumineux, entouré de murs de fenêtres, on a presque l’impression de se trouver dans un musée de design, alors que les pièces de plusieurs grands designers, architectes et créateurs s’y côtoient.

Porte d’entrée de la marque en Amérique du Nord, Québec est la première ville à accueillir une boutique Roche Bobois en 1973, sur la rue de Courcelette. Montréal viendra un peu plus tard en pour diffuser diffuser ses pièces phares créées par de talentueux designers de renom : l’Allemand Hans Hopfer ou le Français Marc Berthier, qui signe la ligne de tables Ozoo, en polyester et fibre de verre, des matériaux innovants à l’époque. Suivront ensuite deux autres boutiques à Laval et à Brossard. Aujourd’hui, le fabricant compte 255 magasins dans 55 pays, dont 36 aux États-Unis et 7 au Canada. Roche Bobois prévoit ouvrir cinq autres établissements aux États-Unis d'ici la fin de l'année, et un de plus au Canada en 2024.

Selon Nicolas Roche, fier descendant de la lignée familiale et directeur de collection de la marque, « Roche Bobois se distingue de ses compétiteurs, notamment italiens, par une certaine liberté de ton et par une pointe d’extravagance. » Cette extravagance de principe donne la part belle à la créativité des artistes et artisans associés dès le début au fabricant.

Des meubles qui ont du panache

La première marque française de meubles haut de gamme a été créée en 1950 par deux familles, les Roche et les Chouchan — ces derniers étaient propriétaires d’une boutique nommée Aux Beaux Bois, à Paris. Ils importent d’abord, puis décident de créer leur propre mobilier contemporain d’inspiration scandinave.

Dès le début, les productions visent l’excellence, le raffinement et la modernité en intégrant les principes du Bauhaus, l’école d’architecture et d’arts appliqués allemande, qui associe toutes les formes d’arts au design et à l’artisanat. Résultat : des meubles de salon, signés Minvielle ou Steiner, plus apparentés à des oeuvres de collection qu’à des productions en chaîne.

Avec l’avènement de la télévision, le canapé devient le centre du foyer, ce qui incite le fabricant à en faire une pièce phare de ses collections. À cet égard, le maintenant célèbre Mah Jong, qui fête aussi ses 50 ans cette année, synthétise une liberté de formes et de fonction, avec trois composantes juxtaposables et superposables. Dessiné en 1971 par le designer, peintre et sculpteur Hans Hopfer, il se convertit, au gré des envies, en fauteuil, en canapé ou en chaise longue. Son caractère ultramodulable permet à son propriétaire de s’approprier cette pièce iconique selon ses usages et son espace de vie.

Des canapés stylés

Depuis toujours, Roche Bobois sollicite le talent de designers, mais aussi d’architectes réputés, comme Stephen Burks, Sacha Lakic ou Marcel Wanders, originaires du monde entier. Le fabricant s’allie aussi aux plus célèbres maisons de haute couture, comme celle de Jean-Paul Gaultier, de Missoni et de Christian Lacroix, pour habiller ses créations. « C’est notre marque de commerce depuis longtemps, dit Nicolas Roche. En travaillant avec des stylistes de renom, nous exprimons cette fantaisie à travers la mode, un vecteur important de l’esprit et de l’image de la France à l’étranger, de la Chine jusqu’en Amérique du Nord. »

Cette fusion entre mode et design se traduit par des revêtements audacieux et un singulier assemblage de motifs et de couleurs, qu’elles soient pastel ou vives. Pour ses 50 ans, le Mah Jong, revisité par Kenzo Takada ou Missoni, marie avec bonheur des imprimés fleuris et géométriques exhubérants. Composé de toile de jute gris il y a 50 ans, il s’apparente aujourd’hui à une explosion de couleurs, osant juxtaposer la palette des rouges, des verts ou des bleus. Côté matières, le fabricant privilégie désormais les tissus bouclés et les textures douces qui confèrent à ses canapés sensualité et confort. Il en résulte un esthétisme avant-gardiste et un effet tactile voluptueux.

BOMBOM, une collection anniversaire populaire

Pour souligner ses 60 ans de création, la marque a lancé, en 2020, la collection BOMBOM, des sièges et des accessoires signés par l’artiste et plasticienne portugaise Joana Vasconcelos, dont le design et les tonalités (sans compter le nom !) font référence à l’univers de la gourmandise. Ses couleurs sont inspirées par les azulejos, les carrelages traditionnels qui tapissent les murs de Lisbonne. Toutes ces pièces remportent un succès international et sont très bien reçues par les consommateurs québécois. Seules les tables en bois sont moins populaires qu’en Europe, « sans doute parce que le bois est une matière privilégiée au Canada et que les gens préfèrent faire dessiner des tables en bois par des designers locaux », croit monsieur Roche. Et les artisans et designers québécois sont aujourd’hui absents au sein de ses équipes créatives à l’étranger. Une absence à laquelle Nicolas Roche entend remédier en prévoyant chercher de nouveaux talents auprès des écoles de designers du Québec.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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