Du retard pour la politique de vie nocturne à Montréal
Une étape importante devant mener à l’adoption de la Politique de la vie nocturne à Montréal est repoussée. Selon ce que Le Devoir a appris, la commission municipale chargée d’élaborer cette politique attendue depuis des mois a besoin de plus de temps pour faire son travail.
La Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation vient d’annuler la présentation publique de ses recommandations visant à favoriser la vie nocturne, qui était d’abord prévue le mercredi 10 avril à 13 h. Cette commission de la Ville de Montréal a reçu une cinquantaine de mémoires d’organismes, d’experts et de citoyens depuis le début de l’année 2024.
La Politique de la vie nocturne, promise depuis 2017 par le parti de la mairesse Valérie Plante, suscite de grandes attentes : les conflits se sont multipliés dans les dernières années entre des salles de spectacle (ou des bars) et des citoyens agacés par le bruit.
La Ville propose de créer des « zones de vitalité nocturne » où des établissements pourraient ouvrir leurs portes toute la nuit. Ces zones seraient situées au centre-ville ou dans des secteurs périphériques — dans des bâtiments industriels désaffectés, par exemple. La Ville souhaite aussi soutenir les salles de spectacle, créer un « guichet unique de la vie nocturne » et favoriser la médiation dans les secteurs où le bruit est susceptible de déranger les citoyens.
À lire aussi
De l’inquiétude sur le terrain
Le report de la séance très attendue du 10 avril, annoncé en cours de journée jeudi, inquiète les organismes qui réclament depuis longtemps un coup de barre pour stimuler la vie nocturne montréalaise. « C’est un peu démoralisant, tout ça. La Ville d’Ottawa a fait ça plus vite et mieux que Montréal jusqu’à maintenant. Ils cherchent déjà un commissaire à la vie nocturne », a déclaré Mathieu Grondin, de l’organisme MTL 24/24, lequel a perdu son financement de la Ville pour l’année 2024.
Il note que l’ensemble des milieux montréalais — chambres de commerce, Tourisme Montréal, Culture Montréal, Quartier des spectacles, salles de spectacle — attendent avec impatience cette politique de vie nocturne. « Tout le monde est à l’unisson, c’est aux politiques de faire le travail qu’on attend depuis trois ans. »
« Nous avons reporté l’adoption des recommandations pour nous permettre une analyse plus approfondie », a indiqué au Devoir Kaïla A. Munro, conseillère d’arrondissement à Verdun et présidente de la Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation. « Il y a eu beaucoup de mémoires et d’avis déposés, et nous désirons bien réviser le tout. Nous allons reporter la séance d’adoption à la fin avril », a-t-elle précisé par courriel.
En privé, des sources familières avec le dossier indiquent que la Ville souhaite prendre le pouls des arrondissements au sujet de la vie nocturne. De toute évidence, l’élaboration d’une telle politique représente tout un défi. Il n’y a pas d’unanimité entre les arrondissements ou même au sein de Projet Montréal, le parti de la mairesse.
Au cabinet de Valérie Plante, on assure que l’élaboration d’une politique de vie nocturne reste une priorité indéniable. La mairesse et son équipe tiennent à prendre le temps de faire les choses dans le bon ordre, indique-t-on.