Rénover avec la transition énergétique en tête
Collaboration spéciale
Ce texte fait partie du cahier spécial Énergies
Avec des taux d’intérêt hypothécaires qui refusent de descendre et un faible nombre de propriétés à vendre, certains propriétaires préfèrent rénover plutôt que de déménager. Dans un contexte où les coûts des matériaux demeurent élevés, les programmes gouvernementaux et les nombreuses subventions pour des rénovations écoénergétiques sont plus pertinents que jamais. Tour d’horizon qui peut faire économiser beaucoup.
Selon une récente enquête réalisée par Réno-Assistance et l’APCHQ, on estime que 66 % des propriétaires du Québec prévoient réaliser des travaux de rénovation estimés à plus de 5000 $ dans les trois prochaines années. Rénoclimat, Chauffez vert, Éconologis, LogisVert, Subvention canadienne pour des maisons plus vertes, Prêt canadien pour des maisons plus vertes, la liste des programmes offrant des subventions est longue, et il est facile de s’y perdre.
De façon plus globale, toutes ces initiatives s’inscrivent dans un effort de sensibilisation aux défis climatiques : « Les programmes incitent à aller dans une direction. Et comme les gens courent après le mot “subvention”, c’est de cette façon qu’on les sensibilise à des solutions techniques pour améliorer le confort et [répondre] aux défis climatiques », explique Emmanuel Cosgrove, cofondateur d’Écohabitation, un organisme indépendant qui accompagne les professionnels et les particuliers dans des projets durables. Que ce soit pour des améliorations énergétiques de base (étanchéité à l’air, fenêtres, etc.) ou des équipements (accumulateur thermique, cuisinière à induction, etc.), la sensibilisation sans les programmes et les subventions reste un réel défi, croit ce dernier.
Des exigences à respecter
Bien qu’alléchants, avec des promesses d’aide de plusieurs milliers de dollars, tous les projets et bâtiments ne sont pas admissibles, et un cadre bien défini, parfois complexe, guide le choix des consommateurs. « Les limites de ces programmes sont définies par leurs champs d’application, par exemple lorsque ces programmes limitent le nombre d’étages que le bâtiment doit avoir pour être admissible au programme. Ces limites sont établies afin de cibler la clientèle visée par le programme », explique Frédéric Fournier, conseiller en communications et porte-parole régional pour le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Pour éviter les mauvaises surprises, il est essentiel de valider la conformité de son projet en amont, mais M. Fournier se fait rassurant : « Les aides financières offertes dans le cadre des différents programmes résidentiels ont pour objectif de promouvoir l’efficacité énergétique et de contribuer à la transition énergétique. Ceux-ci n’ont toutefois pas pour effet d’être contraignants comme le seraient une norme ou une loi et reposent sur une participation volontaire. »
Suivre la tendance
Les programmes du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs sont en constante évolution afin de tenir compte des besoins du marché, comme le rappelle Frédéric Fournier : « À titre d’exemple, dernièrement, des modifications ont été apportées au programme Rénoclimat afin de prendre en considération le marché de la rénovation écoénergétique, la fin de la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes ainsi que l’entrée en vigueur du nouveau programme LogisVert d’Hydro-Québec. D’ailleurs, nous collaborons étroitement avec les différents intervenants sur le marché, notamment avec Hydro-Québec, afin d’assurer la complémentarité de nos programmes et la faciliter de participation pour le citoyen. »
Il faut néanmoins faire preuve de vigilance lorsque l’on souhaite profiter de la « complémentarité » des nombreux programmes pour maximiser l’aide financière et les économies puisque certains ne sont tout simplement pas compatibles. Par exemple, quand on participe au programme LogisVert, aucune autre demande d’aide financière visant les mêmes équipements ne peut être déposée à un organisme gouvernemental. Cela demande également quelques efforts mathématiques : en utilisant les divers outils de calcul en ligne, on constate qu’une réclamation à Rénoclimat (au provincial) peut être plus ou moins payante qu’une même demande à LogisVert (Hydro-Québec).
Positif pour les entreprises d’ici
Du côté des entrepreneurs, de tels incitatifs ont un réel impact sur le terrain : « Ces programmes encouragent vraiment les gens à faire des rénovations et même en contexte économique plus incertain, puisque ce type d’aide vient combler pour certains un manque à leur budget pour une chose qui est souvent une obligation. Dans un contexte économique plus favorable, la demande serait assurément plus forte, mais nous observons quand même une hausse des demandes de soumission », reconnaît David Aubert, président et chef de la direction d’Isothermic, une entreprise de portes et fenêtres écoénergétiques haut de gamme fabriquées au Québec. Certifiés Energy Star, ces produits sont admissibles à une subvention allant jusqu’à 5000 $ grâce au programme Rénoclimat.
Biénergie ou électrification ?
Hydro-Québec et Énergir proposent aux clients résidentiels connectés au réseau gazier de passer à la biénergie, processus selon lequel on utilise principalement l’électricité comme source d’énergie pour le chauffage, et le gaz naturel en appoint. Bien que cette modification permette de réduire la facture en électricité et, du même coup, les émissions de gaz à effet de serre, rappelons qu’il ne s’agit pas d’une décarbonation totale, mais cela peut changer beaucoup de choses pour les propriétés qui possèdent encore une chaudière fonctionnant au mazout.
Pour sa part, M. Cosgrove, lui, préfère l’avenue de l’électrification complète. Par exemple, passer à l’air pulsé, avec un accumulateur thermique et une thermopompe centrale, sera « subventionné à 22 000 $, soit environ les trois quarts de la facture totale. C’est le secret bien gardé en ce moment, confie-t-il. On n’a jamais vu une offre aussi généreuse en matière de pourcentage d’investissement. C’est le temps de passer à l’action ».
Y voir clair, un projet à la fois
Du mal à vous y retrouver ? Même pour les entrepreneurs et spécialistes de l’industrie, les nombreux programmes ont leur lot de petits caractères qui compliquent la compréhension des conditions d’admission. « On est mêlés avec la terminologie des programmes qui se ressemblent [et leurs modalités], nous y compris, admet Emmanuel Cosgrove, d’Écohabitation. On est un OBNL qui essaie de faire sens avec tout ça pour le public. »
Le site de l’organisme propose un outil interactif des plus complets et fort simple qui permet, en quelques clics, de trouver un maximum d’information sur plusieurs milliers de dollars d’économies potentielles, tous programmes confondus.
Par exemple, pour une résidence principale, unifamiliale sur la Rive-Sud dans la région de Montréal avec piscine chauffée, pour laquelle on souhaite effectuer des travaux de rénovation et remplacer le système de chauffage, la liste des programmes auxquels on peut être admissible est impressionnante : on peut profiter de plus d’une vingtaine de programmes et subventions. Parmi ceux-ci, on trouve une subvention pour thermopompe, une aide financière pour un accumulateur de chaleur, un incitatif financier pour les travaux d’isolation du toit et les travaux de calfeutrage, une subvention pour un échangeur d’air EnergyStar® ainsi que des subventions pour l’achat d’une cuisinière à induction et d’une sécheuse à pompe à chaleur par condensation.
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