La CAQ ira de l’avant avec un troisième lien

Le gouvernement de François Legault relancera officiellement jeudi son projet de lien routier entre Québec et Lévis, malgré les conclusions de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans son rapport sur la mobilité dans la région.

Ces informations, d’abord relayées par le FM93, puis par Radio-Canada, ont été confirmées au Devoir par une source bien au fait du dossier. Cette décision est la dernière dans une longue saga entourant l’ajout d’un troisième lien pour permettre aux automobilistes de circuler entre la capitale nationale et le centre-ville de Lévis.

Désavoué par CDPQ Infra dans son rapport publié mercredi matin sur la mobilité dans le secteur, le projet de troisième lien autoroutier avait très peu fait parler, mercredi matin, dans les rangs caquistes. Lorsqu’interrogés à ce sujet, des ministres comme la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, ou Éric Caire ont dit vouloir prendre connaissance du rapport avant de le commenter. Les élus de la CAQ avaient toutefois reçu une présentation sur ledit rapport, lundi.

Le ministre de l’Éducation et député de Lévis, Bernard Drainville, qui avait présenté ses excuses aux gens de la Rive-Sud les larmes aux yeux après l’abandon du tunnel Québec-Lévis, l’an dernier, n’a pas non plus voulu se prononcer. « On va se parler bientôt », a-t-il répété, mercredi.

La veille, Mme Guilbault avait écrit sur le réseau social X qu’il serait « irresponsable » de ne pas analyser l’enjeu de la « sécurité économique » quand viendrait le temps d’évaluer la validité d’un nouveau pont.

Tramway et tunnel de transport collectif

Le projet de Circuit intégré de transport express (CITÉ) proposé par la Caisse dans son rapport suscite d’ailleurs l’intérêt des élus de la Coalition avenir Québec (CAQ). « Il y a des beaux projets. C’est des bonnes nouvelles, ce rapport-là », a lancé la ministre Geneviève Guilbault sans en ajouter davantage, mercredi matin.

Le projet de tramway recommandé par la Caisse est évalué à environ 7 milliards de dollars. En ajoutant un service rapide par bus (SRB) sur les deux rives, des voies réservées et un tunnel pour le tramway, cette facture pourrait monter à plus de 15 milliards. Des sommes qui ne donnent pas froid dans le dos au ministre des Finances, Eric Girard.

« Oui, on a les moyens si c’est ça, les décisions qui sont prises », a-t-il convenu, mercredi.

Quelques minutes plus tôt, le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien, n’avait pas caché sa satisfaction devant les conclusions de la Caisse. « On a devant nous un plan directeur sur quinze ans, phasé, structuré. Pour la région de la Capitale-Nationale, c’est bon. Une meilleure desserte des banlieues, des voies réservées, des express qui se rabattent sur un réseau structurant, un tramway qui part de Le Gendre jusqu’au début de Charlesbourg », a-t-il énuméré.

« Je pense qu’on a ici devant nous une étude sérieuse, a-t-il enchaîné. Pour moi […] c’est positif. »

« Perdu six ans »

Sur le réseau social X, mercredi, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a reproché au gouvernement caquiste d’avoir fait « perd [re] 6 ans » de développement à Québec. « Le “leadership” caquiste en prend pour son rhume », a-t-il écrit.

« Le rapport est un véritable désaveu du gouvernement », a ajouté le porte-parole en transports de Québec solidaire, Etienne Grandmont, par voie de communiqué. « La CDPQ Infra confirme qu’une vision globale et structurée en transport collectif est la clé pour résoudre les problèmes de congestion et réduire les émissions de gaz à effet de serre. »

En conférence de presse au parlement, le député du Parti québécois dans Jean-Talon, Pascal Paradis, s’est pour sa part réjoui que l’idée d’un troisième lien réservé au transport en commun, comme l’avait proposé son parti en campagne électorale en 2022, fasse du chemin. « Si le gouvernement veut aller [de l’avant avec un lien autoroutier], qu’il se justifie », a tonné l’élu péquiste.

À voir en vidéo