En quoi l’ouragan «Béryl» est-il exceptionnel?

«Béryl» s’est formé vendredi au sud-est des Antilles et est rapidement devenu un ouragan de catégorie 1 samedi avant de devenir un ouragan majeur de catégorie 4 en moins d’une journée.
Photo: Nasa via Associated Press «Béryl» s’est formé vendredi au sud-est des Antilles et est rapidement devenu un ouragan de catégorie 1 samedi avant de devenir un ouragan majeur de catégorie 4 en moins d’une journée.

L’ouragan Béryl, le premier d’une saison qui s’annonce extraordinaire dans l’Atlantique Nord, a déjà laissé les scientifiques bouche bée en gagnant en intensité très rapidement et en devenant très puissant aussi tôt dans l’année.

Bien qu’ayant battu plusieurs records, il s’avère dans le même temps être le parfait exemple de ce que les experts prédisent comme plus probable à cause des changements climatiques. Voici les principales caractéristiques de cet ouragan et leur raison principale : un océan bien plus chaud que la normale.

Formé loin des côtes

Béryl s’est formé vendredi au sud-est des Antilles et est rapidement devenu un ouragan de catégorie 1 samedi.

Il s’est formé « bien plus à l’est dans l’Atlantique qu’habituellement à cette période de l’année », a déclaré à l’AFP Andra Garner, climatologue à l’Université Rowan. Ce phénomène est lié, dit-elle, à la température actuelle de l’océan Atlantique, qui n’est habituellement pas assez élevée dans ces zones, à cette période, pour permettre la formation d’une telle tempête.

« Un ouragan ne s’est jamais formé aussi à l’est aussi tôt dans l’année », a renchéri sur son blogue Brian McNoldy, chercheur spécialiste des ouragans à l’Université de Miami.

Intensification rapide

L’ouragan Béryl s’est ensuite intensifié très rapidement, en moins d’une journée, en ouragan majeur de catégorie 4.

« Il est difficile d’exprimer à quel point cela est incroyable », a commenté Brian McNoldy.

Même s’il est « surprenant de voir ce phénomène se produire sous nos yeux », il est également « conforme à ce que la science nous dit que nous pouvons attendre d’un monde plus chaud », a commenté Andra Garner, qui a publié une étude sur ce phénomène d’intensification.

« Au cours des 50 dernières années, nous avons constaté qu’il est désormais plus de deux fois plus probable que les ouragans passent d’une tempête relativement faible — de catégorie 1 ou moins — à un ouragan majeur, de catégorie 3 ou plus, en l’espace de 24 heures, a-t-elle expliqué. C’est ce qu’a fait Béryl. »

Le plus puissant si tôt

Béryl a été relevé en catégorie 4 dimanche, le dernier jour de juin. Jamais un ouragan de cette catégorie n’avait été enregistré en juin par le passé.

L’ouragan a ensuite atteint lundi la catégorie 5, la plus élevée, battant de deux semaines le record de l’ouragan le plus précoce de cette catégorie dans la saison, selon les experts.

La saison des ouragans s’étend de début juin à fin novembre dans l’Atlantique Nord. Mais selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), les premiers ouragans majeurs (catégorie 3 et plus) commencent habituellement à se former fin août ou début septembre.

Photo: Ricardo Hernandez Associated Press À Santo Domingo, en République dominicaine, la mer était agitée mardi au passage de l’ouragan «Béryl».

Le coupable : l’Atlantique en surchauffe

Le coupable principal est la température des eaux de l’océan Atlantique, qui est à des niveaux records depuis plus d’un an.

« Lorsque nous nous levons le matin, nous prenons une tasse de café avec de la caféine pour nous mettre en route, compare Andra Garner. Les eaux chaudes d’un océan sont un peu comme la caféine dans notre café, elles permettent à la tempête de démarrer et de se renforcer. »

Les eaux de l’Atlantique Nord, ainsi que des Caraïbes et du golfe du Mexique, sont actuellement de 1 °C à 3 °C au-dessus des normales, selon la NOAA. Les températures en mai étaient déjà proches de celles attendues en août.

Ainsi, même si Béryl est « sans précédent », « je ne peux pas dire qu’il soit inattendu d’un point de vue scientifique », souligne l’experte.

« Nous savons que lorsque nous réchauffons la planète et les océans, nous rendons ce genre d’événements plus probables », ajoute-t-elle, en pointant la responsabilité des émissions de gaz à effet de serre émis par les humains. « Béryl, c’est presque exactement ce à quoi nous nous attendons du point de vue de la climatologie. »

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