Le Québec navigable

Nathalie Schneider
Collaboration spéciale
La Route bleue veut mettre en valeur le fleuve et favoriser une pratique responsable et sécuritaire des activités nautiques.
Photo: Canot Kayak Québec La Route bleue veut mettre en valeur le fleuve et favoriser une pratique responsable et sécuritaire des activités nautiques.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

La Route bleue renaît de ses cendres et c’est tant mieux. Les plans d’eau du Québec sont des terrains de jeu exceptionnels pour pratiquer les activités nautiques non motorisées. Explications.

Concevoir un réseau pagayable à travers le fleuve Saint-Laurent : c’est l’idée ambitieuse qui germe dans la tête — et le coeur — de la Fédération québécoise du canot et du kayak. Ce réseau accessible aux embarcations non motorisées et à faible tirant d’eau inaugure en 2012 une septième Route bleue, totalisant ainsi quelque 125 km sur le fleuve Saint-Laurent. Baptisée alors le Sentier maritime du Saint-Laurent, cette voie navigable veut mettre en valeur le fleuve et favoriser une pratique responsable et sécuritaire des activités nautiques. De la frontière ontarienne jusqu’au Labrador, ces routes bleues sont autant de tronçons qui permettent aux aventuriers de s’adonner à leur passe-temps. Et ce, dans certaines des plus belles sections de l’artère fluviale : l’Outaouais, Chaudière-Appalaches, Charlevoix, la Côte-Nord, la Gaspésie et l’estuaire. La Route bleue, c’est aussi des repères pointant les marinas, les mises à l’eau, les abris naturels et les aires de repos, les arrêts d’urgence, les campings et les hébergements qui jalonnent les différents itinéraires. Bref, tout ce qui balise le parcours semé d’embûches de ceux qui empruntent le Saint-Laurent sur de petites embarcations sans moteur. Faute de moyens financiers et d’appuis locaux, l’initiative s’étiole peu à peu. En 2022, la Fédération, devenue Canot kayak Québec (CKQ), reprend les rênes du projet en lui donnant un souffle nouveau. Le Sentier maritime du Saint-Laurent est mort ; vive la Route bleue !

La Route bleue, version 2.0

À l’issue d’une réflexion profonde sur ce qui a provoqué le déclin du projet, la Route bleue revient à la vie avec quelques transformations majeures, et pas simplement un changement de nom. Ce sont tous les types de plans d’eau du Québec — fleuve, mais également rivières et lacs — qui sont désormais dans la mire de CKQ. Et ce, pour que soit mise sur pied une voie navigable non seulement pour les experts de la pagaie, mais aussi pour un public plus large d’amateurs de nautisme. « Si le projet a capoté, ce n’est pas à cause de l’engouement qu’il a suscité, explique Marie-Claire Audet Gagnon, coordonnatrice de la Route bleue pour CKQ. C’est parce qu’il a été développé avec la communauté du plein air et les groupes environnementaux, sans l’aval municipal et sans porteurs d’initiatives locales. » Le virage vient de l’implication de ces acteurs dans l’idée, à l’image du modèle pérenne de la Route verte : les municipalités, les associations touristiques régionales ou sectorielles, et les unités régionales de loisir et de sport (URLS). Ce faisant, ces organisations s’approprient également ces projets. En partenariat avec Eau vive Québec et Voile Québec, fédérations qui représentent deux autres disciplines nautiques, des instructeurs de CKQ ont commencé à établir la caractérisation et le géoréférencement des sites navigables. Et ce, dans les deux sens : à l’appel des institutions locales ou en le leur proposant. « Par exemple, la MRC La Haute-Côte-Nord nous a contactés pour inclure le développement d’un tronçon de la Route bleue dans sa demande de subvention », explique Marie-Claire Audet Gagnon. L’organisme bénéficie, pour ce faire, de sources de financement du plein air qui proviennent de tous les paliers institutionnels.

Un réseau qui s’étend

Si la nomenclature de la Route bleue s’est uniformisée, elle comprend désormais trois autres échelons lexicaux pour lister ses tronçons : le nom du plan d’eau, la section — le nom d’une ou deux municipalités le plus souvent — et l’itinéraire détaillé qui détermine son degré de difficulté. « Le fleuve n’est pas pour tout le monde, précise Marie-Claire Audet Gagnon, il convient à une clientèle nichée. Les parcours en eau calme, en eau vive et en milieu marin s’adressent maintenant à des adeptes de différents niveaux de pratique. » Un an après la reprise du projet, en 2023, le premier parcours voyait le jour dans la région de Portneuf dans plusieurs secteurs, dont la rivière Sainte-Anne, et dans le parc naturel régional de Portneuf. Cette année, ce sont pas moins d’une soixantaine d’itinéraires qui seront accessibles dès cet été dans plusieurs régions touristiques du Québec. Et bien d’autres sont déjà à l’étude en collaboration avec les acteurs locaux, comme à Trois-Pistoles, dans la Baie-des-Chaleurs, ou sur les rivières Nicolet et Saint-François. Un projet est également en marche en partenariat avec la Fédération québécoise de kite. « Ce n’est qu’un début, s’enthousiasme Mme Audet Gagnon. Notre ambition, c’est de standardiser tous les trajets canotables et pagayables du Québec. Mais aussi de développer notre axe écotouristique de la bonne façon, avec la communication et le lexique adaptés à tous les types d’adeptes du plein air. La pandémie a fait émerger de nouveaux amateurs de nature. Notre but est de les faire passer de néophytes à débutants et de leur permettre de pousser leur pratique par la formation et par des offres de parcours appropriés à leur condition et à leurs envies. » Inspirant.

Infos pratiques

L’accès aux différents parcours de la Route bleue est libre et gratuit ; seuls les stationnements peuvent être tarifés selon les cas. Un panneau est installé au départ de chaque section, indiquant sa longueur, sa durée estimée, la période pagayable et d’autres renseignements sur le type de milieu, tels le débit de l’eau et les conditions environnementales. Ce panneau mentionne aussi les brevets suggérés, pour s’assurer que le kayakiste ou le canoteur possède le niveau suffisant pour se lancer dans l’aventure en toute sécurité. Toute l’information sur chaque tronçon est accessible sur le site de la Route bleue et sera prochainement disponible sur l’application Avenza pour pouvoir être consultée sur place même en hors-ligne.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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