Le Québec, nation technologique
Lundi était la fête nationale du Québec. Profitons-en pour célébrer l’état d’une nation de plus en plus technologique, avec quelques chiffres à l’appui.
1er au Canada pour l’offre de programmes d’études post-secondaires dans le secteur de la cybersécurité. Ce n’est pas rien, le Canada figurant au quatrième rang des pays où l’investissement étranger en cybersécurité a été le plus élevé dans le monde durant la deuxième moitié de la décennie passée, selon PwC.
2e destination dans le monde pour travailler dans les effets visuels et la production audiovisuelle numérique. Après les États-Unis, c’est très bien. Montréal et Vancouver se disputent la première place des villes canadiennes les plus attrayantes pour les professionnels des effets visuels. La place du Québec va-t-elle changer maintenant que les crédits provinciaux ont été réduits par le gouvernement Legault ?
3e producteur de jeux vidéo dans le monde. C’est quelque chose de bien connu que le jeu vidéo québécois pèse lourd dans l’industrie vidéoludique mondiale. La façon dont le Québec a développé cette industrie fait école dans bien d’autres États sur la planète. En un quart de siècle, la province a délogé la Colombie-Britannique comme principal pôle canadien de création de jeu vidéo, puis la plupart des autres pays dans le monde. Selon l’indicateur utilisé, le Québec se situe entre le troisième et le cinquième rang des pôles les plus importants de l’industrie du jeu vidéo.
3e création d’emplois à caractère technologique en Amérique du Nord, entre 2017 et 2022. Le Québec compte la 5e concentration d’emplois dans des secteurs technologiques sur le continent. C’est un revirement spectaculaire qui s’est produit en moins d’une génération. Au début des années 2000, bien des jeunes Québécois qui débarquaient au cégep et à l’université se faisaient décourager par leurs parents de tenter d’étudier dans les secteurs de l’informatique et des technologies numériques. Les entreprises vantent aujourd’hui leur talent, combiné aux salaires peu élevés qu’ils commandent. Sans doute que cette dernière tendance gagnerait à être inversée…
3e pôle en aérospatiale dans le monde. Après Seattle et Toulouse, Montréal est reconnue comme la troisième ville parmi les plus attrayantes dans le monde. Les États-Unis peuvent compter sur Boeing, et la France partage Airbus avec l’Allemagne. Montréal a perdu une bonne partie des activités de Bombardier ces dernières années, mais l’industrie locale continue à se démarquer grâce à une masse critique d’entreprises et de centres de recherche qui mènent la charge en matière d’innovation pour cette industrie qui, disons-le, en a bien besoin.
7e pays en importance dans le développement de l’IA. La firme PwC a publié un rapport à la fin 2022 qui plaçait le Québec au septième rang des régions dans le monde où il se fait le plus de recherche et de développement en intelligence artificielle. À ce moment, les IA génératives d’OpenAI, de Google et des autres n’avaient pas encore tout à fait émergé. Le portrait mondial de l’IA a certainement changé maintenant que ces applications semblent avoir pris d’assaut presque toutes les autres industries, mais le Québec continue d’être un pôle mondial en matière de R-D dans d’autres sous-créneaux de l’IA, qui en compte plusieurs autres, après tout.
10e parmi les plus grands centres de recherche en informatique quantique. Le Canada est le huitième producteur de recherche en informatique quantique, et l’essentiel du travail est partagé entre la Colombie-Britannique et le Québec. L’ETS, à Montréal, et l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke mènent la charge dans ce créneau qui demeure encore à ce jour plutôt abstrait. Dans ce secteur comme dans bien d’autres, la rivalité entre les États-Unis et la Chine dicte un peu la marche, mais le Québec semble se positionner avantageusement dans des spécialisations comme la communication et le chiffrement quantiques.
11e indice d’innovation dans le monde selon le Conference Board du Canada. Ce sont deux positions derrière l’Ontario, mais deux positions devant le Canada dans son ensemble, qui par comparaison investit une moins grande part de sa richesse dans des secteurs liés à l’innovation, comme la technologie, les technologies propres ou de la santé, etc.
17e concentration de centres de données dans le monde. Ça peut sembler loin du sommet, mais le Québec est aussi la région dans le monde où implanter un centre de données coûte le moins cher — en infrastructures et en énergie. Les agences devant attirer les investissements étrangers dans la province ont ralenti son développement depuis qu’on s’est aperçu qu’on n’avait peut-être pas toutes les ressources énergétiques suffisantes pour héberger ces centres dont le rôle continuera d’être majeur dans l’économie mondiale pour plusieurs années encore.
43e dans le monde pour son écosystème de financement du capital-risque. C’est le classement qu’attribuent à la ville de Montréal les gens à l’origine du site spécialisé StartupBlink, qui compile les données financières de startups provenant d’un peu partout dans le monde. Ça peut sembler loin de la tête, comme position, mais rappelons que ce palmarès compare au-delà d’un millier de métropoles, dont plusieurs qui peuvent compter sur une population bien plus nombreuse que celle de Montréal, qui se classe généralement parmi les trois villes les plus attrayantes au Canada pour le capital-risque.
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