Quand les arts se rapprochent des communautés

Constance Cazzaniga
Collaboration spéciale
Kristelle Holliday a remporte le prix Artiste dans la communauté 2022 du CALQ pour son projet Quatre-Quarts, proposant de visiter quatre quartiers du centre-ville de Sherbrooke. Ici, la Fête du quartier Alexandre.
Photo: Nathalie Ampleman Kristelle Holliday a remporte le prix Artiste dans la communauté 2022 du CALQ pour son projet Quatre-Quarts, proposant de visiter quatre quartiers du centre-ville de Sherbrooke. Ici, la Fête du quartier Alexandre.

Ce texte fait partie du cahier spécial Arts et culture au Québec

Depuis une dizaine d’années, les habitudes de consommation des arts de la population ont changé. La pandémie a accéléré ces changements, forçant les artistes et les organismes culturels à trouver de nouveaux modes de diffusion afin que les oeuvres rencontrent leur public. Intervient alors le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), qui a développé de nouvelles mesures pour accompagner le milieu à travers cette évolution.

« On est un conseil à l’écoute et proactif. On module nos façons de faire pour toujours essayer de mieux soutenir le milieu », note d’entrée de jeu Honorine Youmbissi, directrice du soutien aux artistes, aux communautés et à l’action régionale au CALQ.

Sortir des lieux de diffusion traditionnels

C’est ainsi qu’est née assez rapidement au début de la pandémie la mesure de Présentation de spectacles en distanciation physique pour soutenir la diffusion malgré les contraintes sanitaires. Un programme qui a fait le bonheur d’artistes comme Kristelle Holliday, qui fait du « théâtre de paysage » avec le Théâtre des Petites Lanternes, à Sherbrooke, dont elle est la codirectrice artistique. « Le programme a été ouvert avec des moyens financiers intéressants, souligne-t-elle. C’est ça qui faisait la différence. »

À l’été 2020, 116 organismes ont obtenu un soutien financier dans le cadre de cette mesure, permettant à 127 projets culturels de voir le jour grâce à un investissement de plus de 5,7 millions de dollars. La mesure est revenue l’année suivante et a contribué à la réalisation de 144 projets culturels, soutenant 46 artistes professionnels et 98 organismes artistiques avec une aide de près de 6 millions de dollars.

« Ça a vraiment été gagnant-gagnant sur toute la ligne, assure Honorine Youmbissi. Les artistes ont pu continuer de créer en explorant de nouveaux lieux de diffusions atypiques et le public avait accès à des oeuvres. Quand on parle au milieu, on comprend qu’avec ces nouveaux modes de diffusion, les artistes ont aussi développé de nouveaux publics. Ça a été un cercle vertueux. »

Ce qui était d’abord une solution à un problème a permis d’ouvrir de nouvelles portes. Le CALQ a lancé en 2023 une nouvelle mouture de la mesure avec Présentation d’oeuvres dans l’espace public et dans des lieux atypiques. Le programme sera d’ailleurs de retour et soutiendra de nouveaux projets en 2024-2025.

Pas seulement dans les grands centres urbains

Sortir des lieux de diffusion traditionnels permet au CALQ de remplir du même coup une autre de ses missions : soutenir les artistes et les organismes culturels sur tout le territoire québécois et pas seulement dans les grands centres urbains. Le CALQ a, en effet, créé des ententes territoriales dans toutes les régions du Québec.

« Il y a de magnifiques propositions en région, notamment avec le fleuve, mais aussi des projets qui se déroulent dans des champs, des parcs, des lieux verts », soulève Honorine Youmbissi. Plusieurs municipalités rurales n’ont d’ailleurs pas de lieux de diffusion traditionnels et se tournent donc vers les espaces extérieurs, des paroisses ou des centres communautaires.

En établissant des partenariats pour bâtir des fonds, le Conseil « stimule la création partout sur le territoire », explique Éric Lord, directeur général du Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec. Ces ententes ont permis à plusieurs organismes et à plusieurs artistes d’obtenir de premières bourses au CALQ, contribuant à leur professionnalisation.

« Les ententes territoriales, c’est aussi une reconnaissance de ces artistes qui travaillent fort dans leur région, qui décident qu’ils ne vont pas dans les grandes villes et qui s’intègrent dans leur communauté », ajoute Honorine Youmbissi.

Au cours des cinq dernières années, le nombre de projets soutenus dans le cadre du Programme de partenariat territorial est passé de 190 à 316, correspondant à une hausse de 66 %. Le montant accordé par le Conseil et ses partenaires a plus que doublé, passant de 2,9 millions de dollars à 5,7 millions de dollars.

Aux yeux d’Éric Lord, le fait que ces projets doivent être faits en lien avec la communauté constitue « un ancrage important avec le territoire et avec les gens ».

Créer avec et pour la communauté, c’est ce que fait Kristelle Holliday. L’artiste a remporté le prix Artiste dans la communauté en 2022 pour le projet Quatre-Quarts et fait maintenant partie du jury. Né d’un partenariat entre le CALQ et l’organisme Les Arts et la Ville, le prix demande aux artistes un véritable engagement envers leur communauté.

« Quand on travaille avec la communauté, comme dans toutes les relations humaines, ça prend du temps, croit Kristelle Holliday. C’est une relation de confiance, une relation authentique qu’il faut bâtir. C’est ce qui est intéressant du prix Artiste dans la communauté, c’est ce qui démarque les artistes sélectionnés. Ils ont un véritable engagement. »

Faire vivre des expériences culturelles aux enfants

Le Conseil des arts et des lettres du Québec offre une Mesure de soutien aux sorties scolaires en milieu culturel notamment aux diffuseurs spécialisés et pluridisciplinaires, aux organismes de création et de production ainsi qu’aux événements nationaux et internationaux, afin de favoriser l’accès des jeunes publics à la culture québécoise.

En 2022-2023, 433 197 élèves ont été mis en contact avec l’art et la culture avec l’aide de cette mesure, et le Conseil souhaite augmenter ce nombre de 25 % sur 5 ans, selon son Plan stratégique 2023-2027.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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