Propulser la culture, un secteur économique souvent sous-estimé

Leïla Jolin-Dahel
Collaboration spéciale
Pilou dans l'église de Saint-Adrien, en Estrie
Photo: Marie-France Coallier Archives Le Devoir Pilou dans l'église de Saint-Adrien, en Estrie

Ce texte fait partie du cahier spécial Arts et culture au Québec

Des acteurs du milieu culturel rappellent la nécessité de le financier pour assurer sa prospérité ici comme ailleurs.

Pour le compositeur Pierre-Philippe Côté, alias Pilou, le soutien financier de la Caisse Desjardins de la Culture lui a permis de réaliser en 2017 l’achat de l’église de Saint-Adrien, en Estrie, qu’il a depuis transformée en hub créatif. « La caisse a été très à l’écoute de nos besoins quand est venu le temps d’acquérir le bâtiment. Ça a été une institution financière qui a changé l », dit-il. Il estime qu’en ayant fait affaire avec une banque traditionnelle, il n’aurait pas pu avoir droit à un montant similaire. « On n’aurait pas eu la même sensibilité et la même écoute à notre cause. »

C’est aussi ce que constate Guillaume Aniorté, directeur général de Quartier des spectacles (QDS) International. Son organisme à but non lucratif est affilié au Partenariat du Quartier des spectacles. Il a pour mission d’animer les espaces publics par le biais d’installations de son et de lumière et s’occupe également de la distribution de ces installations. « Bien qu’on soit un OBNL, on doit générer nos propres revenus. On n’est pas subventionnés par des subsides gouvernementaux, mis à part pour certaines productions précises », précise-t-il.

Pour lui, la Caisse Desjardins de la Culture reste un partenaire à l’écoute des nécessités de son entreprise. « Comme on est tournés vers l’international et vers la commercialisation à l’étranger, on a besoin de travailler avec des institutions financières qui sont capables de comprendre ce modèle de diffusion culturelle et de nous accompagner dans certaines prises de risques », dit-il.

Trouver des sources de financement

Afin d’aider les acteurs du milieu artistique à trouver la solution la plus adaptée à leur situation, la Caisse Desjardins de la Culture collabore également avec d’autres organisations dans le cadre de référencement de la clientèle. C’est entre autres le cas avec la COOP Raquette, basée à Rimouski, qui accompagne les artistes indépendants et les organismes culturels dans le financement et dans la structuration de projets.

Les services qu’offre la coopérative et la Caisse Desjardins de la Culture sont complémentaires, croit Audrey-Ann Allen, cofondatrice et responsable des communications et du financement artistique de l’organisation bas-laurentienne. « C’est très important pour nous d’avoir ce milieu où l’on peut aussi créer un réseau d’échanges. Et ce, pour pouvoir appuyer de façon plus complète les artistes et les organismes culturels », explique-t-elle en soulignant que l’institution financière appuie également des projets hors de la grande région de Montréal.

Photo: Frede Clermont La première année d’existence de Coop Raquette. Sur la photo, de gauche à droite : Sarah Nove Gauthier, Audrey-Ann Allen, Jowi Harvey et Camille Paquin

L’importance des institutions pour le milieu culturel

En 2021, les Indicateurs provinciaux et territoriaux de la culture ont évalué que le PIB culturel de la province était de 11,1 milliards de dollars. Le secteur compte pour environ 3,2 % des emplois et 2 % du PIB total du Québec, d’après le Portrait statistique des industries culturelles et créatives québécoises publié par le ministère de la Culture et des Communications en 2022.

Par ailleurs, les exportations de biens et services culturels au Québec ont connu une croissance annuelle de 5,1 % entre 2015 et 2019, se chiffrant cette année-là à 2,8 milliards de dollars.

Pour M. Aniorté, il est essentiel que les diverses institutions continuent de subventionner les milieux artistiques. « Si l’on ne soutient pas la culture dans sa capacité à traverser les époques, à s’adapter aux nouvelles plateformes de diffusion, à comprendre les changements dans les habitudes de consommation culturelle, notre culture va mourir par elle-même, se scléroser et s’enfermer », plaide-t-il.

Ces différents acteurs épaulent non seulement les artistes et les organisations culturelles dans la réalisation de leur projet, mais aussi dans leur rayonnement ici comme ailleurs. « C’est important d’aider la culture en région et de permettre à des entreprises culturelles d’émerger, souligne Pierre-Philippe Côté. Les cycles en culture ne sont pas les mêmes que dans les industries traditionnelles. »

En avril dernier, des manifestants sont d’ailleurs descendus dans la rue afin de réclamer un « financement décent » en culture, à la suite de l’annonce du plus récent budget provincial du 12 mars.

« On a toujours vu des modèles qui changeaient : l’arrivée des crédits d’impôt, leur suppression, certains fonds qui vont offrir du financement, d’autres qui vont se retirer. À un moment donné, ça nous impacte sur des stratégies à court terme. Des projets qu’on pourrait avoir et qui se basaient sur ces appuis peuvent être compromis », fait valoir M. Aniorté.

« Il faut qu’on soit capables d’enraciner nos modèles d’affaires, quand on parle d’économie de la culture, sur une vision à long terme, ajoute-t-il. On doit être accompagnés par des institutions politiques, publiques, mais aussi de financement, qui ont la patience et la compréhension de la formule pour qu’on puisse aller plus loin et continuer d’exister. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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