Le campement propalestinien du square Victoria démantelé
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a procédé, tôt vendredi matin, au démantèlement du campement propalestinien installé depuis le 22 juin au square Victoria, à Montréal.
« On ne peut pas accepter, comme société, que les rues deviennent un hôpital à ciel ouvert ou un logement à ciel ouvert. C’est exactement la même chose dans ce cas-ci : on ne peut pas accepter que l’espace public devienne le quartier général d’une cause, quelle qu’elle soit. L’espace public doit rester public », a fait valoir la mairesse, Valérie Plante, lors d’un point de presse à l’hôtel de ville vendredi.
La mairesse s’est dite « extrêmement satisfaite » de l’intervention policière qui s’est déroulée « sans violence, sans grabuge ni méfaits ». « C’était une opération délicate qui s’est faite de façon professionnelle et dans le calme, ce que l’on souhaitait. »
Selon l’agente Véronique Dubuc, porte-parole pour le SPVM, une quinzaine de personnes se trouvaient dans le campement lorsque le démantèlement a commencé. Elles ont collaboré avec les policiers et pourront bientôt récupérer leurs effets personnels, a-t-elle dit.
Mme Plante a souligné que le campement installé au square Victoria présentait des risques pour la sécurité et entravait le libre accès des lieux non seulement à la population, mais aussi aux cols bleus, aux pompiers et aux policiers. Il contrevenait aussi à un règlement municipal sur l’occupation du domaine public, a-t-elle dit, raison pour laquelle l’arrondissement de Ville-Marie a demandé au SPVM d’intervenir.
La Ville et le SPVM avaient préparé l’intervention avec minutie, a-t-elle poursuivi. « La décision n’a pas été prise à la légère. Le droit de manifester, c’est un droit fondamental qui est protégé par les chartes, tant québécoise que canadienne, et on va toujours le défendre ici, à Montréal. Mais une manifestation ne peut pas occuper un lieu en permanence. »
La mairesse a souligné qu’elle partageait l’inquiétude des citoyens quant au sort des Palestiniens dans la bande de Gaza. « On souhaite tous une résolution pacifique et que la paix revienne dans la bande de Gaza, en Palestine et en Israël. »
Des flèches pour la CAQ
La mairesse a profité de l’occasion pour lancer quelques flèches aux ministres de la Sécurité publique, François Bonnardel, et de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, qui, plus tôt cette semaine, avaient dénoncé l’attitude « passive » de la Ville de Montréal dans le dossier des campements. « Nous commençons à voir les conséquences de cette approche passive. On s’attend à ce que tous les leaders politiques dénoncent les débordements et les actions d’occupation du territoire public », avait indiqué M. Bonnardel sur le réseau social X.
« C’est évident que j’aurais vraiment souhaité que M. Bonnardel et Mme Déry daignent prendre le téléphone pour nous parler plutôt que d’envoyer un tweet parce que ça m’aurait fait plaisir de leur expliquer notre plan de match », a expliqué la mairesse. Selon elle, le ministre Bonnardel est mal placé pour donner des leçons, compte tenu de la décision du gouvernement caquiste de mettre un terme au financement de l’Équipe de concertation communautaire et de rapprochement chargée notamment de gérer les campements au centre-ville. « C’est insultant pour les travailleurs […], mais en même temps, ce n’est pas la première fois que ça se produit. Le gouvernement est un peu déconnecté de la réalité terrain. C’est une approche très clientéliste », a-t-elle ajouté.
Pendant ce temps, le campement propalestinien installé sur le terrain de l’Université McGill depuis le mois d’avril demeure en place. Dans un message envoyé à la communauté vendredi, Deep Saini, recteur et vice-chancelier de l’Université McGill, a dit espérer que le SPVM intervienne pour le faire disparaître à son tour. « Si le campement du square Victoria a été le théâtre de graffitis haineux, le campement situé sur notre campus a donné naissance, lui aussi, à de nombreux graffitis haineux et menaçants, a-t-il indiqué. En outre, il présente des risques importants en matière d’hygiène, de sécurité et d’incendie. Hier encore, des inspecteurs du Service de sécurité incendie se sont vu refuser, une fois de plus, l’accès au campement, geste contrevenant aux règlements municipaux. »
Questionnée sur le refus du SPVM d’intervenir pour le démanteler, la mairesse Valérie Plante a expliqué que le contexte était différent puisque ce campement est installé sur un terrain privé. Elle s’est montrée très critique à l’égard de l’université, qui a choisi la voie judiciaire pour tenter de déloger les campeurs, sans y parvenir. « McGill est la seule institution universitaire où il y a eu un campement et où il n’y a pas eu de solution. Dès le départ, McGill a eu une approche très frontale et est allée en cour avec des injonctions. L’UQAM a trouvé une solution via le dialogue, a-t-elle souligné. Pour moi, McGill a eu un manque total de leadership en la matière. […] Je crois que McGill doit revoir son plan et assumer les conséquences des injonctions qui ont été demandées. »
De son côté, l’opposition à l’Hôtel de Ville n’avait pas d’éloges à faire à l’endroit de l’administration Plante. « La gestion chaotique de ces occupations est la preuve que la mairesse a perdu le contrôle de Montréal. Au lieu d’offrir une ligne d’action cohérente et claire pour tout le monde, l’administration s’est embourbée dans une série de contradictions et d’hésitations, au détriment de la quiétude et de la sécurité des Montréalais », a soutenu le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Aref Salem, dans une déclaration transmise aux médias. « Peu importe la cause, elle ne peut pas tolérer ce genre d’actions qui envoient une mauvaise image de notre ville et doit sévir en proportion de la gravité de ces actes. »