En photos | Mémoires vives de la bataille de Normandie

Il y a 10 ans, ma grand-mère Paulette était invitée par le président français François Hollande à la cérémonie des 70 ans du débarquement de Normandie qui se déroulait sur la plage d’Ouistreham. Ouistreham, terre de mon enfance, mais aussi terre d’histoire. Paulette y a vécu jusqu’en 1943 après avoir fui le Nord. C’est là-bas que les Français et les Anglais débarquent le 6 juin 1944. C’est là-bas aussi qu’elle y rencontre mon grand-père. Et en 1958, ils achètent une maison dans laquelle j’irais passer tous mes étés jusqu’à mes 26 ans.

En 2014, même si je n’ai pas pu l’accompagner jusqu’à la cérémonie, j’étais avec elle pour ce moment historique. Dix ans après, ma grand-mère n’est plus là pour « célébrer » les 80 ans du Débarquement. À l’approche de cette date anniversaire, je voulais donc réaliser un travail en hommage à ma grand-mère. Elle ne peut plus témoigner, mais des hommes et des femmes le peuvent encore.

1 Madeleine, 95 ans. « On s’attendait à voir les Anglais, mais nous avons vu ces hommes venus de si loin pour nous libérer. Les Américains sont et resteront mes héros. Nous avons fêté la prise de Cherbourg ensemble, dans la salle à manger de la ferme, et chanté les hymnes américain et français. » Delphine Lefebvre
2 Un chemin emprunté par les Allemands et les Alliés dans les alentours de Bény-Bocage lors de la bataille de Normandie, qui a duré près de 3 mois. Delphine Lefebvre
3 Mireille, 84 ans. Malgré son jeune âge à l’époque, Mireille se souvient du débarquement et, surtout, des bombardements. Lors de l’un d’eux, « tout était noir, il y avait de la fumée partout et des cris ». Mireille se retrouve sous la table de sa cuisine, l’un de ses grands frères la protégeant de son corps et le deuxième continuant son omelette sans peur. Delphine Lefebvre
4 Les Alliés n’avaient pas anticipé les difficultés que leur causerait le blocage normand. Ils subissent de nombreuses pertes lors de la bataille des Haies, qui dure trois semaines et retarde la libération de Saint-Lô. L’enfer de cette bataille prend fin avec le déclenchement de l’opération Cobra. Le mois de juillet 1944 sera le plus sanglant pour les soldats alliés américains. Delphine Lefebvre
5 Le 19 août 1942, huit plages des alentours de Dieppe sont le théâtre de l’opération Jubilee, un débarquement de 6500 hommes qui fait beaucoup de victimes, notamment chez les soldats canadiens. Même si cette opération fut considérée comme un échec, elle fut jugée comme nécessaire en vue du jour J.Rémy, 89 ans, n’a jamais pu qualifier les soldats alliés britanniques de libérateurs. Les tommies ont continué à bombarder même si « les Allemands n’étaient plus là, alors pourquoi tout détruire ! » raconte-t-il. Dans l’un de ces bombardements, Rémy a d’ailleurs perdu une amie d’enfance, Odette, qui était dans la tranchée à côté de la sienne. Delphine Lefebvre
6 Gisèle, 93 ans. Saint-Lô est surnommée « la capitale des ruines » en raison des violents bombardements alliés qu’elle a subis. Au soir du 6 juin, Gisèle se retrouve enterrée dans sa cave avec sa famille et ses voisins : une bombe a détruit leur maison. Quelques heures plus tard, une autre leur permet de sortir. Partie en exode, elle ne rentrera à Saint-Lô qu’en décembre 1945. Delphine Lefebvre
7 Le pont du Taureau. Lors de l’opération Bluecoat, un petit groupe de reconnaissance remarque une faille dans le dispositif ennemi. Emmenée par le lieutenant Dickie Powle, cette patrouille fera une percée de 9 kilomètres. Plusieurs heures s’écoulent avant les renforts. Cette action a repoussé les Allemands vers la poche de Falaise-Chambois, ce qui mit fin à la bataille de Normandie. Delphine Lefebvre
8 Richard, 86 ans : « Mon enfance a été marquée par l’absence des hommes. Il ne restait que les femmes, des filles de combattants de 14-18. Elles devaient assurer toutes les charges mentales. » Pendant que sa mère mangeait les restes, Richard n’a jamais ressenti le manque.L’un des quatre supports métalliques de la tour de garde de 6 mètres qui était située sur les hauteurs de Mortain. La bataille qui y a eu lieu sera l’ultime contre-attaque des allemands en Normandie pour essayer de rejoindre Le Mont-Saint-Michel. Delphine Lefebvre
9 Paul, 97 ans. À la mi-juillet 1944, Caen n’est toujours pas tombé aux mains des Alliés alors qu’elle devait être libérée au soir du jour J. La maison de Paul est réquisitionnée par les SS, il part donc avec sa famille quelques kilomètres au sud. Le 18 juillet, l’opération Goodwood visant à libérer la ville commence : Paul perdra huit membres de sa famille ce jour-là, avant de partir seul en exode. Delphine Lefebvre
10 Un vitrail de Sainte-Mère-Église en l’honneur de la 82 US Airborne Division. Il représente l’archange Michel, saint patron des parachutistes, et rend hommage à ceux qui arrivent dans la nuit du 5 au 6 juin, tout juste avant le débarquement. C’est le début de l’opération Overlord.Max, 90 ans. Lors de l’échec du raid de Dieppe, en 1942, il passe plusieurs nuits sous la falaise avec sa tante et ses deux soeurs afin de se protéger des combats. Il voit les premiers prisonniers canadiens passer devant lui. Il se souvient encore du froid et de la peur ressentis pendant les combats de ce raid. Delphine Lefebvre
11 En août 1944, les Alliés profitent d’une erreur stratégique des Allemands pour les encercler dans la fameuse poche de Falaise-Chambois. C’est la dernière grande bataille en Normandie. Le gué de Moissy, situé dans le « couloir de la mort », voit la fuite des derniers combattants allemands vers la Seine, ainsi que de nombreux cadavres d’hommes et de chevaux. Delphine Lefebvre
12 Andrée, 95 ans. Évacuée à Reims par les Allemands, elle assiste au début mai 1945 à la signature de l’armistice en compagnie de son père, retrouvé la veille après cinq ans de séparation. Il avait été fait prisonnier après être allé au front en 1940. Delphine Lefebvre
13 La falaise d’Antifer connaît, dans la nuit du 27 au 28 février 1942, la première opération militaire combinée terre-air-mer. L’opération Biting est un raid éclair mené par seulement 120 parachutistes afin de s’emparer d’un radar allemand dont les spécifications sont encore inconnues des Alliés. Sa capture permettra de brouiller les autres radars allemands le 6 juin 1944.Huguette, 90 ans, a fait partie des 8 à 10 millions de Français et Françaises en exode au printemps 1940. Ce fut l’un des plus importants mouvements de population du XXe siècle en Europe. « Nous nous sommes réunis dans la nuit, et nous sommes partis avec plusieurs familles du village. Nous étions principalement des femmes et des enfants. » Ce qui a le plus traumatisé Huguette, c’est « lorsqu’il fallait se jeter dans le fossé quand ça canardait ». Delphine Lefebvre
14 Marguerite, 85 ans. Très jeune à l’époque, elle est encore aujourd’hui traumatisée par le bruit des avions et des sirènes. Comme près de 300 civils de Saint-Lô, son frère aîné a été tué par les bombardements américains le jour du Débarquement. Delphine Lefebvre
15 Dieppe sera libérée par les soldats alliés canadiens le 1 septembre 1944, deux ans après le tragique raid de 1942, ce qui met définitivement fin à la bataille de Normandie. Delphine Lefebvre

À voir en vidéo