Pas de «consigne» de confiscation des seringues des itinérants à Québec, dit le maire Marchand

Le maire de Québec, Bruno Marchand (qu’on voit ici en décembre à l’Assemblée nationale), qui se fait le champion de l’aide aux itinérants depuis son entrée en politique, a répété qu’il n’y avait pas de «consigne d’émettre des constats d’infraction».
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le maire de Québec, Bruno Marchand (qu’on voit ici en décembre à l’Assemblée nationale), qui se fait le champion de l’aide aux itinérants depuis son entrée en politique, a répété qu’il n’y avait pas de «consigne d’émettre des constats d’infraction».

Le maire de Québec, Bruno Marchand, estime que ses policiers n’ont rien à se reprocher concernant les constats d’infraction donnés aux itinérants pour possession de seringues dont faisait état Le Devoir jeudi matin.

« Il faut que nos policiers puissent, dans une situation qu’ils jugent dangereuse, enlever quelque chose qui serait dangereux pour la personne elle-même ou les personnes autour », a déclaré le maire jeudi après-midi. « Une seringue, ça peut être quelque chose de dangereux. »

Entre 2013 et 2022, pas moins de 252 constats d’infraction ont été donnés pour possession « d’équipement de consommation de stupéfiant[s] » par le Service de police de la Ville de Québec, rapportait Le Devoir

Une pratique jugée contre-productive par la directrice de l’Observatoire des profilages de l’Université de Montréal, Céline Bellot, qui vient de publier une étude sur le sujet, puisque ce matériel est distribué gratuitement par les autorités de santé pour prévenir certaines maladies. 

Mme Bellot s’est montrée d’autant plus étonnée par ces résultats qu’elle documente la judiciarisation des personnes itinérantes dans de nombreuses villes depuis des années et que c’est la première fois qu’elle voit ce genre de règlement appliqué. 

Devant les médias, le maire Marchand a dit que les policiers avaient besoin d’une « multitude d’outils » pour intervenir auprès des personnes en situation d’itinérance et qu’il leur faisait « confiance » pour juger des moyens adéquats. 

Il s’est toutefois engagé à réexaminer les façons de faire de son administration à ce sujet. « Quand je regarde le constat qui est fait par les chercheurs, c’est sûr que ça me préoccupe. C’est sûr qu’on va regarder nos pratiques pour voir qu’est-ce qu’on peut faire différemment. Je vais demander à mon service juridique qu’est-ce qu’on peut faire différemment. » 

Pas de consigne demandant la remise de constats d’infraction

Au-delà de la confiscation de matériel comme les seringues, l’étude de l’équipe de Céline Bellot fait état d’une « augmentation alarmante », entre 2000 et 2021, du nombre de constats d’infraction remis aux personnes itinérantes chaque année. Ainsi, de 71 en 2000, ce nombre est passé à 1577 en 2021, ce qui correspond à une multiplication par 22.

Les motifs d’interpellation les plus courants sont l’ivresse ou la consommation d’alcool dans l’espace public ainsi que le flânage.

M. Marchand, qui se fait le champion de l’aide aux itinérants depuis son entrée en politique, a répété qu’il n’y avait pas de « consigne d’émettre des constats d’infraction ». 

Il ne voit pas non plus dans ces données la preuve que Québec recourt trop à la répression. « Le nombre de constats est aussi le reflet d’une capacité d’intervenir qu’on n’avait pas avant », a-t-il dit. Le maire a aussi mentionné qu’en plus de venir en aide aux itinérants, la Ville avait « aussi comme objectif de rendre les lieux sécuritaires pour tout le monde ». 

Joint par Le Devoir, le Service de police de la Ville de Québec souligne que le nombre de personnes en situation d’itinérance à Québec a beaucoup augmenté dans les dernières années et qu’il « prend au sérieux » tout ce qui y est lié. 

Son porte-parole William Robitaille a ajouté que l’utilisation de seringues dans l’espace public pouvait « être dérangeante pour certains citoyens » et que la police intervenait dans la majorité des cas à la suite de plaintes. 

« La judiciarisation », a-t-il ajouté, n’est pas « la première option », et les policiers essaient d’abord de « rediriger les personnes vers des ressources ».

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