Parenthèse au temps du Far West
Collaboration spéciale
Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Cactus, falaises, chevaux sauvages et montagnes : un décor de cinéma devant lequel on ne peut faire autrement que de réveiller le John Wayne qui sommeille en chacun de nous. Difficile d’imaginer un tel dépaysement à moins de 30 minutes de route en voiture de Phoenix, la cinquième ville des États-Unis. Bienvenue à Mesa, en Arizona.
Nous stationnons la Ford Mustang de location devant l’un des 20 chalets rustiques, confortables et des plus accueillants avec leur grand porche couvert. Le temps s’arrête dans une ambiance sereine, presque cinématographique. Notre choix d’hébergement pour notre séjour s’est arrêté sur le Saguaro Lake Guest Ranch. Construit en 1928 pour accueillir les ouvriers sur le chantier du barrage Stewart Mountain, le campement fut vendu puis transformé en hébergement l’année suivante. Il appartient à la même famille depuis près de cent ans, et on s’est assuré de préserver l’histoire singulière de ce lieu pittoresque.
À peine installés dans notre maisonnette exempte de télévision, de téléphone, de radio ou d’horloge, on est rappelés à l’ordre par le son d’une cloche. C’est le moment de rejoindre les autres convives dans la grande salle à manger commune, où est servi un souper préparé avec la minutie d’une fête d’anniversaire à la maison. Nous répéterons l’expérience le lendemain pour le petit-déjeuner. L’hébergement, qui accueillait des visiteurs des États-Unis, de l’Europe et de l’Asie lors de notre passage, offre un tour du monde en permettant à tous de déguster ensemble une bière locale ou un jus d’orange fraîchement pressé.
Contact privilégié avec la nature
Avec un groupe dirigé par Desert Dog Adventures, on s’enfonce dans la nature sauvage au volant d’un véhicule tout-terrain. Motivés par l’idée d’avancer plein gaz parmi les saguaros, de grands cactus dont la forme s’apparente à celle d’un arbre, nous ouvrons grands les yeux malgré le sable qui s’agrippe aux cils. Nous cherchons inlassablement les chats sauvages, monstres de Gila, lièvres de la Californie ou le célèbre oiseau roadrunner qu’on nous avait pourtant promis.
Pour favoriser les rencontres, il aurait sans doute été plus judicieux d’opter pour une version plus silencieuse et davantage en communion avec la nature pour visiter l’un des nombreux parcs nationaux de la région traversée par des kilomètres de sentiers balisés. Néanmoins, que l’on soit à pied, à cheval ou à quatre roues, impossible de ne pas s’émerveiller devant la faune et la flore unique du désert de Sonora.
S’ensuit la visite de la ville fantôme de Goldfield, qui n’a de fantôme que le nom. Difficile de séparer le vrai du faux dans ce décor réussi, qui recrée les plus glorieuses années de cette bourgade minière, figée quelque part en 1890. L’attraction étant accessible gratuitement, il n’est pas surprenant qu’elle attire tant de touristes, et ce, dès l’ouverture. Sur place, restaurants, bars, bijouteries et de nombreuses boutiques mettent en valeur son passé minier. Pressés par le temps, nous manquons la démonstration de duel, où des coups de feu sont tirés dans l’espoir de régler un conflit des plus théâtraux entre deux cowboys.
Il existe une multitude de bonnes raisons de visiter les environs et de passer la journée au ranch. Les premières étant certainement la présence de chevaux sauvages et les nombreux sentiers qui ceinturent la propriété. Toutefois, s’ils ne sont pas au rendez-vous, on peut toujours réserver une randonnée à cheval en visitant une écurie. À partir du Saguaro Lake Guest Ranch et le long de la rivière Salty, des guides expérimentés conduisent les groupes dans les montagnes Goldfield et le désert de Sonora. La plus spectaculaire promenade est celle au coucher de soleil, parfaite pour conclure une journée à jouer les Lucky Luke.
Cowboys et légendes
Dans la poursuite de ce chapitre écrit à la poudre à canon et à la poussière, on trace un chemin à travers la forêt nationale de Tonto et les monts de la Superstition. Le moteur de la Mustang rugit à chaque sortie de courbe de la très sinueuse Apache Trail, ou route 88, dont la partie la plus intéressante est celle entre Phoenix et le barrage Theodore Roosevelt. Défi de conduite pour certains, ce tronçon technique et exigeant est aussi l’un des plus exaltants et photogéniques de tout l’Arizona.
La plupart des touristes terminent leur périple d’une demi-journée à Tortilla Flat, pour ensuite rebrousser chemin. Depuis sa fondation en 1904, ni le feu, ni les nombreuses inondations, ni les glissements de terrain n’ont eu raison de la plus petite ville de l’Arizona, avec seulement six résidents permanents. Au creux des montagnes, on y propose un saloon, un restaurant, un bureau de poste et quelques boutiques de souvenirs. Si l’estomac ne se sent pas d’attaque pour un triple hamburger ou un bol de chili suffisamment épicé pour réveiller un volcan, impossible de lever le nez sur le gelato à la figue de Barbarie.
Avant de quitter Mesa et de boucler le périple, on fait un arrêt au restaurant Pizzicata, que l’on nous a recommandé. Arrivés d’Italie il y a cinq ans, Federico Venturini et Viola Tagliaferri sont la preuve que le rêve américain existe encore. La petite pizzeria familiale qu’ils ont créée en arrivant au pays est vite devenue l’une des destinations les plus prisées de la scène culinaire de Mesa. Et c’est là, en enfilant les dernières bouchées d’un tiramisu cuisiné par les anges, que l’on se promet de revenir. Phoenix et ses environs n’ont certainement pas fini de nous surprendre. On prend goût à la poussière…
Pour réaliser ce reportage, le journaliste a été invité par l’Arizona Office of Tourism.
Carnet d’adresses
Le coeur de Mesa est tout à fait charmant. Pour un bref passage ou une journée entière, on y savoure la culture, l’entrepreneuriat et le savoir-faire local. Voici six arrêts sur Main Street.
• Cuisine végétalienne, café et concerts au Nile Theater
• Cocktails avec des spiritueux locaux dans une ambiance feutrée à l’Arizona Distilling Co.
• Brocante mid-century aux allures de musée à l’Atomic Age Modern
• Humour, musique et poésie façon open-mic tous les soirs au Jarrod’s Coffee, Tea & Gallery
• Bar à arcades, ambiance rétro et speakeasy des années 1920 au Level One
• En prime, quoiqu’un peu plus loin du centre, le restaurant familial Baja Joe’s propose une cuisine authentique mexicaine de style Sinaloa à déguster sur la festive et immense terrasse.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.