Où et comment espérer voir les aurores boréales au Québec?
Trois semaines après avoir ébloui petits et grands, les aurores boréales pourraient faire un retour dans le ciel du Québec cette fin de semaine. Météo spatiale Canada a diffusé vendredi un avis de veille d’orage géomagnétique majeur qui se poursuivra jusqu’à samedi. L’épisode sera assurément moins intense que la tempête solaire qui a embrasé le ciel pendant deux nuits à la mi-mai, mais il pourrait tout de même être visible dans le sud du Québec. Le Devoir en a discuté avec Robert Lamontagne, astrophysicien affilié à l’Université de Montréal.
Y aura-t-il des aurores boréales ?
Comme pour la météo à la surface du globe, il est possible de prévoir les conditions propices à l’apparition d’aurores boréales. Pour y arriver, les scientifiques observent à l’aide d’instruments la formation d’éruptions à la surface du Soleil. Ces tempêtes solaires projettent dans l’espace des particules chargées d’électricité qui donnent naissance au phénomène lumineux qu’on appelle « aurores boréales » lorsqu’elles entrent en contact avec les gaz de la haute atmosphère terrestre.
Une telle éruption s’est produite sur notre étoile le 29 mai dernier. Ce sont les particules provenant de cette tempête qui vont animer le ciel des prochaines nuits. « La lumière ne met que huit minutes à franchir la distance entre le Soleil et la Terre, mais les particules chargées électriquement qui produisent les aurores boréales, elles, mettent entre un et cinq jours à le faire, selon la puissance de l’éruption. C’est pour ça qu’on peut faire un peu de météo, on voit la tempête arriver à l’avance, en quelque sorte », explique Robert Lamontagne.
La puissance et la taille de l’éruption permettent aux experts de prédire l’intensité des aurores. L’Administration nationale des océans et de l’atmosphère des États-Unis, la NOAA, qualifie de « modérée » la tempête solaire observée il y a quelques jours.
Seront-elles visibles au Québec ?
Les probabilités sont excellentes pour le nord de la province, et particulièrement pour le Nunavik, mais elles sont moins élevées pour le reste du territoire. Selon l’astrophysicien, les aurores pourraient s’étendre jusqu’au centre et au sud du Québec aux environs de minuit vendredi, et possiblement samedi à la même heure.
Mais il ne faut pas s’attendre à un ballet cosmique aussi impressionnant que celui des 10 et 11 mai derniers. « Les aurores seront certainement moins brillantes, et il sera plus difficile de distinguer des couleurs comme le mauve, le rose et l’orangé, comme on avait pu le faire la dernière fois. Si on voit quelque chose, ce sera plus faiblement lumineux, probablement blanchâtre et verdâtre, sans plus », précise Robert Lamontagne.
Ce nouvel épisode électromagnétique sera également plus restreint dans le ciel terrestre. « Je serais très étonné que ça couvre l’ensemble du ciel comme il y a trois semaines. Ce sera probablement localisé vers l’horizon nord. Il n’y aura rien du côté de l’horizon sud, à moins d’un petit miracle. »
Comment bien observer les aurores ?
Trois éléments peuvent nuire à l’observation des aurores boréales : les nuages, la présence de la Lune et la pollution lumineuse.
Dans les deux premiers cas, la chance est du côté des amateurs d’astronomie. Pour ce qui est de la météo, on annonce un ciel généralement dégagé sur l’ensemble du Québec pour la nuit de vendredi à samedi. Quant à la Lune, elle est présentement dans son dernier croissant : elle se lève plus tard dans la nuit et réfléchit moins de lumière. Une pleine lune, par exemple, pourrait empêcher la vue des aurores boréales.
Concernant la pollution lumineuse, il est recommandé de s’éloigner des grands centres urbains pour y échapper. Si l’éruption solaire de la mi-mai avait pu être observée en plein centre-ville de Montréal en raison de sa grande puissance, l’épisode de ce week-end sera beaucoup plus restreint.
Et pour le reste de l’année ?
Le Soleil suit un cycle d’activité qui croît et décroît sur une période de 11 ans. L’astre se trouve actuellement dans une phase ascendante de son cycle, ce qui signifie davantage de taches et d’éruptions solaires. Ces perturbations à la surface de l’étoile sont d’ailleurs observables en toute sécurité à l’aide de lunettes comme celles qui nous ont permis de regarder la plus récente éclipse solaire.
« Ce cycle solaire devrait culminer à la fin de la présente année et au début de 2025. Nous sommes presque au maximum d’activité du Soleil, confirme l’astrophysicien. Pour cette année et l’an prochain, la probabilité qu’il y ait des éruptions solaires est plus élevée, et donc la probabilité de voir des aurores boréales aussi. Il n’y a pas de garanties qu’on va en voir tous les jours, et on ne peut pas faire de prédictions au-delà de quelques jours, mais les conditions sont propices. »
Cette hausse de l’activité solaire pourrait-elle perturber les réseaux électriques et de télécommunication comme en 1989, lorsqu’une tempête solaire a provoqué une panne majeure au sein du réseau d’Hydro-Québec ? « On a beaucoup appris depuis 30-40 ans, explique Robert Lamontagne. Même s’il y a un niveau d’activité très élevé sur le Soleil, nos systèmes de transport d’électricité sont assez résilients et des pannes sont moins probables, même si elles ne sont pas impossibles. »