Des dizaines de milliers de Palestiniens fuient le sud de Gaza
Des dizaines de milliers de Palestiniens ont fui le sud de la bande de Gaza après un ordre d’évacuation d’Israël qui fait craindre une nouvelle offensive d’envergure dans cette partie du territoire palestinien, soumis mercredi à de nouveaux bombardements israéliens.
Sur le front nord d’Israël, le Hezbollah libanais a affirmé avoir tiré « 100 roquettes » sur deux positions militaires israéliennes en riposte à la mort d’un de ses commandants, tué dans un raid israélien dans le sud du Liban, sur fond de crainte d’une guerre à grande échelle entre les deux camps.
Au neuvième mois de la guerre, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a réaffirmé mardi que celle-ci ne s’achèverait qu’une fois « atteints » ses objectifs : « la destruction du Hamas et la libération de tous les otages » enlevés le 7 octobre lors d’une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël.
Il s’agit « d’une campagne longue », a reconnu le chef d’état-major, le général Herzi Halevi, en allusion à l’offensive dévastatrice lancée par Israël dans le petit territoire palestinien surpeuplé en riposte à l’attaque du Hamas, qui est au pouvoir à Gaza depuis 2007.
À lire aussi
Dans le sud de la bande de Gaza, des dizaines de milliers de personnes ont fui depuis lundi des secteurs de l’est de Rafah et de Khan Younès, contraintes de repartir en quête d’eau, de nourriture et d’abris. Par des températures proches de 30 degrés Celsius, les déplacés ont fui à pied, à bord de véhicules ou entassés sur des remorques surchargées, au milieu des ruines poussiéreuses de Khan Younès, la plus grande ville du sud de Gaza d’où l’armée s’était retirée début avril après une bataille de plusieurs mois.
Environ 250 000 personnes sont visées par l’ordre d’évacuation émis lundi par l’armée après des tirs de roquettes vers Israël.
Cet appel qui concerne un territoire de 117 kilomètres carrés, soit un tiers du territoire palestinien, est « le plus important depuis octobre, quand les habitants du nord de Gaza avaient reçu l’ordre d’évacuer » aux premiers jours de la guerre, a souligné l’ONU.
« Sans abri, sans nourriture, sans eau »
Abdallah Mouhareb, un habitant de Khan Younès âgé de 25 ans, raconte avoir été déplacé plusieurs fois. Au retrait de l’armée, il est rentré chez lui avec sa famille, avant de repartir sans savoir où aller. « Nous avons dormi dans la rue sans abri, sans nourriture, sans eau. Il y avait des bombardements autour de nous », a-t-il dit, alors que l’ONU affirme qu’aucun lieu n’est sûr dans le territoire palestinien assiégé par Israël.
Israël n’a pas indiqué s’il y aurait une nouvelle opération d’envergure dans le sud, mais ses ordres d’évacuation sont généralement un préambule à des offensives.
Après avoir progressé depuis le nord, appelant à évacuer les zones qu’elle visait, l’armée a lancé le 7 mai une opération terrestre dans la ville de Rafah, alors présentée comme le dernier grand bastion du Hamas à Gaza. Mais ces dernières semaines, les combats contre le Hamas ont repris dans plusieurs régions que l’armée avait dit contrôler.
Le 27 juin, elle a lancé une opération terrestre à Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza. Les combats et les bombardements dans ce secteur ont entraîné le déplacement de 60 000 à 80 000 personnes, selon l’ONU.
L’armée a dit poursuivre ses opérations « contre des sites terroristes » à Choujaïya, ainsi qu’à Rafah et dans le centre de Gaza.
Selon un correspondant de l’AFP, des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont visé plusieurs secteurs de la ville de Gaza, dont celui de Choujaïya, où une source du Hamas a fait état de combats.
Des témoins ont signalé des tirs d’artillerie sur le camp de réfugiés de Nousseirat, au centre de l’enclave, et sur Rafah.
« Un abîme de souffrance »
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Benjamin Nétanyahou a promis de détruire le Hamas, considéré comme terroriste par les États-Unis, le Canada, l’Union européenne et Israël. L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 37 953 morts, en majorité des civils, dont au moins 28 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans Gaza, où l’eau et la nourriture manquent, où l’aide arrive en quantité insuffisante et où 1,9 million d’habitants, soit 80 % de la population, sont à présent déplacés, selon l’ONU. « Les civils palestiniens de Gaza sont plongés dans un abîme de souffrance. Leur vie est brisée », a dit mardi la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le territoire, Sigrid Kaag.
À la frontière israélo-libanaise, les violences entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l’armée israélienne se sont intensifiées. L’armée israélienne a confirmé avoir tué un chef militaire du Hezbollah. En riposte, le Hezbollah a dit avoir lancé « 100 roquettes » sur des positions israéliennes sur le Golan syrien occupé par Israël, ainsi que des projectiles sur une base dans le nord d’Israël.