Ô Canada, terre d’écueil!
Ô Canada, terre où je suis niché bien malgré moi. Ô Canada, terre d’aucun de mes aïeuls.
Mes ancêtres au passé glorieux sont venus de France et parlaient une langue qui est devenue « la langue de chez nous », comme le chante si bien Yves Duteil. Ils furent de Nouvelle-France. Ils furent ensuite du Bas-Canada. Ils furent conquis pour mieux renaître dans le Québec qui m’a vu naître.
Mais, comme l’a si bien écrit Claude Gauthier dans sa chanson Le plus beau voyage : « J’ai refait le plus beau voyage / de mon enfance à aujourd’hui / sans un adieu, sans un bagage / sans un regret de nostalgie / Je suis de dix enfants à table / Je suis de janvier sous zéro / Je suis d’Amérique et de France / Je suis de chômage et d’exil / Je suis d’octobre et d’espérance / Je suis une race en péril ». Mais : « Je suis notre libération / Je suis Québec, mort ou vivant ».
L’hymne national du Canada a été composé en 1880 par deux Canadiens français, soit Adolphe-Basile Routhier pour les paroles et Calixa Lavallée pour la musique, afin de commémorer la Saint-Jean-Baptiste, la fête des Canadiens français. Ainsi, cette chanson était, au départ, un chant patriotique canadien-français.
On connaît la suite : elle fut traduite en anglais, et non pas dans une version littérale du texte original. En fait, les paroles ont été modifiées, voire détournées de leur sens dans sa version anglaise. C’est presque une trahison, presque une deuxième conquête.
Alors au lieu d’entonner l’Ô Canada le 1er juillet, j’ai toujours un immense plaisir de chanter Le plus beau voyage de Claude Gauthier, qui comme moi est « de nationalité québécoise française ».
Le Québec est et demeure ma belle et grande terre d’accueil. Le Canada est devenu cette terre d’écueil qui entoure ma nation.