Un nouvel outil en santé mentale pour la dépression post-partum

Environ 9000 à 13 000 femmes québécoises ont été touchées par la dépression post-partum en 2023.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir Environ 9000 à 13 000 femmes québécoises ont été touchées par la dépression post-partum en 2023.

Un outil pour appuyer les nouveaux parents lorsqu’ils rencontrent des défis émotionnels durant la grossesse et après a été lancé lundi matin. Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, en a fait l’annonce au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine.

Selon l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants, les problèmes de tristesse, d’anxiété ou les symptômes dépressifs pendant la grossesse sont parmi les complications les plus fréquentes chez les futurs parents. On estime qu’entre 10 % et 25 % des parents en seraient touchés et ce taux a grimpé à 37 % depuis le début de la pandémie.

« C’est vrai que l’arrivée d’un enfant amène beaucoup de bonheur, mais c’est aussi la source de grands changements, de grands bouleversements dans la vie. Et comme tout grand changement, ça signifie que chaque personne peut réagir différemment », a déclaré en conférence de presse le ministre Carmant.

Il a souligné que très peu de femmes qui souffrent de dépression post-partum vont chercher de l’aide. « Parce que c’est vraiment un problème dont on ne parle pas assez, mais ces défis viennent avec le fait de devenir parent », a-t-il dit.

M. Carmant a affirmé que « nous sommes dans une période clé » où il est plus facile de dépister ces enjeux reliés à la parentalité et l’outil qui est lancé lundi a aussi pour but d’accompagner les professionnels de la santé pour mieux repérer les enjeux de santé mentale chez les parents.

M. Carmant a vanté le fait que les parents pourront avoir accès à cette ressource depuis la maison et il a dit vouloir que les professionnels le recommandent à leurs patients.

Le nouvel outil gratuit et disponible en ligne, qui se nomme « Toi, Moi, Bébé », offre des stratégies, des capsules vidéo et des bandes dessinées pour que les parents prennent soin d’eux afin de « mieux prendre soin de leur bébé ». Il cible précisément la période de la grossesse jusqu’au premier anniversaire de l’enfant. Il a été développé par des chercheurs et professionnels de la santé et des services sociaux.

Dans un communiqué du cabinet du ministre Carmant, on précise que l’outil peut notamment « servir de complément clinique aux autres services offerts dans le traitement de la dépression post-partum et dans la gestion du stress associé à la parentalité ». On indique qu’environ 9000 à 13 000 femmes québécoises ont été touchées par la dépression post-partum en 2023. Parmi celles ayant reçu un diagnostic de dépression postnatale, 30 % à 60 % présenteraient des symptômes en période prénatale.

Le chef médical de la Clinique de psychiatrie périnatale et du jeune enfant du CHU Sainte-Justine, Dr Martin St-André, a participé à l’élaboration du projet. Il a expliqué qu’il contient des « stratégies concrètes » et des « stratégies d’acceptation radicale de la réalité ». L’outil développé aide ainsi le parent à savoir comment prendre en charge une diversité de manifestations, comme des pensées intrusives, de la nervosité, de la fatigue, des problèmes de communication dans le couple, énumère Dr St-André. Il donne aussi des pistes pour accepter de vivre avec ces réalités.

« Ce n’est pas une maladie d’en arracher quand on devient parent, ce sont des douleurs de croissance. Alors il faut faire attention de ne pas mettre des diagnostics partout. Et “Toi, Moi, Bébé’’ permet d’aller à la rencontre de ces zones d’ombre qui surviennent dans le contexte de la parentalité », a déclaré Dr St-André.

« Toi, Moi, Bébé » est un projet issu du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 qui a notamment pour but d’intégrer des interventions numériques dans les services en santé mentale. Il fait également partie du Plan d’action en périnatalité et en petite enfance 2023-2028.

Le cabinet du ministre Carmant n’a pas mentionné exactement combien le gouvernement a investi pour ce projet, mais il a précisé que l’outil est une conception du Centre d’expertise en technologies de l’information en santé mentale, dépendance et itinérance (CETI-SMDI) du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal qui a globalement bénéficié d’un financement de 12 millions de dollars. Cette enveloppe a servi à d’autres projets de recherche.

De plus, des fonds de recherche du CHU Sainte-Justine ainsi que les travaux d’autres professionnels dans le cadre de leur fonction ont permis de mettre sur pied « Toi, Moi, Bébé ».

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