Qu’il y ait mort ou non, le média y va

Noam Chomsky, linguiste américain, est connu pour ses critiques de la politique étrangère des États-Unis, du capitalisme d’État et des grands médias.
Photo: Anja Niedringhaus Archives Associated Press Noam Chomsky, linguiste américain, est connu pour ses critiques de la politique étrangère des États-Unis, du capitalisme d’État et des grands médias.

Noam Chomsky a été déclaré mort pendant quelques heures mercredi. L’intellectuel engagé le plus célèbre des États-Unis est bel et bien toujours vivant, à 95 ans.

Comme l’écrivain Mark Twain, qui avait subi le même mauvais traitement par une agence de presse en 1897, M. Chomsky aurait donc pu déclarer après avoir vu sa propre nécrologie : « L’annonce de ma mort est grandement exagérée. »

C’est plutôt sa femme qui a rectifié le fait vital. Elle a répondu tout simplement « non, c’est faux » à une question de l’Associated Press, qui vérifiait l’information, comme il se doit.

Noam Chomsky, réputé linguiste fortement critique de la politique intérieure et extérieure des États-Unis, vit en partie au Brésil depuis 2015. Il a été hospitalisé après avoir subi une attaque cérébrale il y a un an, a expliqué Valeria Chomsky à l’agence de presse. L’hôpital Beneficência Portuguesa de Sao Paulo a diffusé son propre communiqué pour expliquer que son célèbre patient était retourné chez lui.

La fausse nouvelle a été annoncée sur le réseau X assez tôt dans la journée de mardi et reprise par quelques médias réputés. Le vieil hebdomadaire britannique de gauche The New Statesman et le magazine socialiste américain Jacobin ont tous deux relayé l’information, visiblement sans la vérifier, accompagnée de nécrologies.

Jacobin a bloqué l’accès à la page concernée pendant quelques minutes, avant de la remettre en ligne. Son titre est passé de « Nous nous souvenons de Noam Chomsky » à « Célébrons Noam Chomsky ».

The New Statesman a fait marche arrière en arrêtant la diffusion d’un texte hommage rédigé par l’économiste et ex-ministre des Finances de la Grèce Yánis Varoufákis.

Le site Diario de Centro América (Guatemala), empêtré dans la fausse nouvelle, a aussi corrigé l’info diffusée de la mort du linguiste.

Il est quand même ironique de voir qu’un des plus sévères critiques des médias a ainsi goûté à leur plus mauvaise médecine.

« RIP Noam Chomsky. Vous avez écrit des livres pour mettre en doute les médias et un tweet anonyme vous déclare mort », a gazouillé un utilisateur du réseau. Un autre a eu cette formule amusante : « Noam Chomsky est mort comme il a vécu : en étant vivant. »

À voir en vidéo