Montréal vise la construction de 700 logements à l’Îlot Voyageur

La Ville de Montréal avait racheté la partie sud de l’Îlot Voyageur en 2018.
Jacques Nadeau Le Devoir La Ville de Montréal avait racheté la partie sud de l’Îlot Voyageur en 2018.

La Ville de Montréal vise la construction de 700 logements dans la partie sud de l’Îlot Voyageur, dont elle a fait l’acquisition en 2018. Selon la mairesse Valérie Plante, le projet immobilier devra comporter au moins 20 % de logements sociaux.

La Ville lancera sous peu un appel de propositions afin d’inciter les promoteurs à soumettre des projets de développement pour le site. Le promoteur retenu sera choisi en fonction de critères déterminés par la Ville, dont celui du nombre de logements abordables et sociaux qui seront proposés. Le nombre de logements abordables et sociaux représentera d’ailleurs 50 % de la note finale, a précisé le responsable de l’habitation au comité exécutif, Benoit Dorais. L’essentiel du futur bâtiment sera consacré à l’habitation, mais le rez-de-chaussée comprendra des espaces de bureaux et des commerces.

Une fois le promoteur choisi, la Ville revendra le terrain de près de 650 000 pi² afin que les travaux puissent débuter sur le site à l’été 2025. Les bâtiments actuels devront être démolis pour faire place à la nouvelle construction.

L’administration Plante voudrait que cette formule de développement serve de modèle pour d’autres terrains dont elle est propriétaire. « Ça va être reproductible à d’autres sites avec les adaptations nécessaires. On a beaucoup de sites à redévelopper. On continue d’acheter des sites », a souligné M. Dorais.

Montréal a mis plus de cinq ans pour faire avancer le projet. En 2013, à la suite du fiasco financier de l’Îlot Voyageur, un projet piloté par l’UQAM, le Groupe Aquilini s’était porté acquéreur de la partie nord du site, qui comporte désormais des logements ainsi que la nouvelle gare d’autocars. De son côté, la Ville de Montréal avait fait l’acquisition du terrain situé au sud du quadrilatère au coût de 18 millions de dollars. À l’origine, elle envisageait une forte proportion de bureaux pour son propre usage, mais la pandémie et le télétravail l’ont finalement amenée à revoir ses plans.

Deux organismes, soit le service de livraison Colibri et Les Valoristes, occupent temporairement une partie du bâtiment acquis par la Ville et devront être relogés.

Le logement étudiant oublié

L’opposition n’a guère été impressionnée par l’annonce de l’administration. « On est très déçus de ce qui a été présenté ce matin. Ça fait six ans que la Ville a acquis le terrain de la partie sud de l’Îlot Voyageur et tout ce qu’on se fait présenter, c’est une absence de vision qui repose sur une proposition d’appel à projets de la part de promoteurs », a affirmé le conseiller d’Ensemble Montréal Julien Hénault-Ratelle.

Et ce type de stratégie n’a pas bien servi la Ville dans le passé, a-t-il dit, en rappelant le cas de l’ancien hippodrome qui avait suscité peu d’intérêt de la part des promoteurs.

L’élu d’Ensemble Montréal déplore aussi que l’administration n’ait pas fait de place pour le logement étudiant, bien que le site soit situé à proximité de l’UQAM et du cégep du Vieux Montréal.

Somme toute, il faudra ainsi attendre une décennie avant de voir émerger un projet sur ce site stratégique, a-t-il dit.

Agent de mobilisation et de développement au Comité logement Ville-Marie, Samuel Vanzin juge que les logements sociaux devraient représenter 100 % des logements construits sur le site de l’Îlot Voyageur. « Le taux de 20 % de logements sociaux correspond au Règlement pour une métropole mixte, mais on s’attend à ce que ce soit quelque chose qui s’applique à des sites privés, pas à des sites publics », explique-t-il.

D’autant, dit-il, qu’aucun des grands projets immobiliers ayant vu le jour dans Ville-Marie au cours des dernières années n’a intégré de logements sociaux. Et bien que la Ville mette beaucoup l’accent sur les logements abordables, ceux-ci ne sont pas réellement abordables dans les faits, avance M. Vanzin.

Il est aussi déçu que la Ville n’ait pas gardé une place pour le service de livraison Colibri et Les Valoristes. « Les garder aurait pu être intégré dans la grille d’analyse. »

Les promoteurs auront-ils de l’appétit pour répondre à l’appel de la Ville ? Vendredi, l’Institut du développement urbain du Québec n’a pas voulu commenter le dossier.

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