Montréal promet un règlement sur les fours à bois d’ici la fin de 2024
La Ville de Montréal entend déposer, d’ici la fin de l’année, un règlement pour encadrer l’utilisation de fours à bois commerciaux.
« L’encadrement des émissions de particules fines pour les appareils de cuisson utilisés dans le secteur commercial, donc y compris les fours à bois, est prévu », a expliqué mardi la responsable de l’environnement et de la transition écologique au comité exécutif, Marie-Andrée Mauger, alors qu’elle répondait à une question d’un citoyen lors de l’assemblée du conseil municipal.
Depuis 2018, Montréal interdit l’utilisation de poêles et de foyers à bois résidentiels émettant plus de 2,5 grammes de particules fines par heure. Mais la Ville souhaite aller plus loin et étendre cet encadrement aux fours à bois commerciaux, ce qui pourrait toucher les pizzerias et les fabriques de bagels qui utilisent encore ce type d’équipement.
« La pandémie a ralenti le processus », a indiqué l’élue. « C’est dans notre planification de l’année 2024 de déposer un projet réglementaire avec la Communauté métropolitaine de Montréal. L’enjeu des particules fines, on le connaît dans le transport, l’industrie et les foyers résidentiels pour lesquels on a réglementé. Et maintenant, la prochaine étape, c’est la cuisson au bois. »
Des symboles montréalais
Quand Le Devoir l’a rejoint, le copropriétaire de St-Viateur Bagel, Nicolò Morena, ignorait tout des intentions de la Ville. Les entreprises en activité bénéficieront-elles d’un droit acquis ?, s’est-il demandé. « On apprend souvent les choses à travers les médias. C’est une de mes frustrations, parce qu’on penserait qu’ils voudraient avoir notre avis », a-t-il indiqué lors d’un entretien téléphonique.
Au cours des dernières années, l’entreprise a fait des investissements visant à réduire ses émissions de particules fines. Ainsi, St-Viateur Bagel utilise désormais des fours hybrides qui combinent la cuisson au gaz et la cuisson au bois, souligne M. Morena. « Ça nous permet d’avoir le goût du bois, mais c’est le gaz qui chauffe le four. On a le meilleur des deux mondes », explique-t-il. L’entreprise a également doté ses équipements de filtres pour réduire les rejets de particules fines.
Au cabinet de la mairesse Plante, on soutient que la CMM compte implanter une réglementation de façon graduelle, avec un accompagnement des commerçants. De son côté, la CMM a entrepris de réaliser un portrait global de la réglementation sur la combustion au bois dans les 82 municipalités qui la composent. Un rapport devrait être déposé cet été. Si la commission de l’environnement et de la transition écologique de la CMM recommande l’adoption d’un règlement, des consultations seront menées au début de 2025, a précisé la directrice des communications de la CMM, Julie Brunet.
Le projet ne rassure pas Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques de l’Association Restauration Québec (ARQ), qui redoute un bannissement de la cuisson au bois obligeant les entreprises à investir d’importantes sommes dans la conversion de leurs équipements. « On vient de sortir de la pandémie. Ça va être difficile pour l’industrie de faire les investissements requis », dit-il.
Un règlement pour encadrer la cuisson commerciale au bois aurait des impacts sur des « symboles montréalais » — non seulement les fabriques de bagels, mais également les rôtisseries portugaises et les établissements gastronomiques possédant des fumoirs ou des fours à bois —, souligne-t-il. « Il y a des arrondissements comme Ahuntsic-Cartierville qui ont adopté des réglementations de ce type, mais au moins, ils ont pensé à donner des droits acquis aux établissements déjà en activité », rappelle M. Vézina.