Montréal en lumière: la gastronomie célébrée depuis 25 ans

Sophie Ginoux
Collaboration spéciale
Le volet gastronomique de Montréal en lumière se tient du 22 février au 10 mars.
Photo: Frédérique Ménard-Aubin Montréal en lumière Le volet gastronomique de Montréal en lumière se tient du 22 février au 10 mars.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Dans moins d’un mois, le seul grand festival d’hiver mettant la gastronomie à l’honneur en Amérique du Nord célébrera ses noces d’argent avec la métropole montréalaise. En l’espace de 25 ans, l’aile gourmande de Montréal en lumière a été à l’origine de milliers d’activités et de la venue de plus de 700 invités internationaux, faisant de cette ville une capitale de la bonne chère, et de la scène culinaire québécoise une des plus effervescentes au monde. Alors profitons de cette édition anniversaire pour revenir sur la savoureuse histoire et l’alléchante programmation de cet événement unique en son genre. À table !

Lorsque le p.-d.g. de Spectra, Alain Simard, a lancé l’idée d’un événement rassembleur qui ferait sortir les Montréalais de leur cocon en plein coeur de l’hiver, beaucoup ont trouvé cette idée saugrenue. « Je ne pensais jamais que les gens allaient avoir envie de faire la java en février ! Et je me suis bien trompé ! » avoue l’ex-chroniqueur Jean-Philippe Tastet.

Effectivement, le festival Montréal en lumière a eu du succès dès sa première tenue en l’an 2000. Et de ses trois volets proposés, c’est celui de la gastronomie qui a volé la vedette. « Dès que la programmation sortait, 80 % des tables étaient complètes en quelques jours. C’était fou ! » se rappelle le chef Marc De Canck, copropriétaire du Restaurant La Chronique, une des bonnes tables qui ont participé aux 25 éditions de l’événement.

Photo: Jean-François Leblanc Le mythique chef français Paul Bocuse a participé à la première édition du festival.

Le chef et ancien professeur de l’ITHQ Jean-Paul Grappe, conseiller culinaire de l’événement pendant plus d’une décennie, se souvient aussi parfaitement de cette petite révolution. « Les premiers chefs invités ici pensaient que nous mangions comme des Américains et n’avions aucun produit distinctif, raconte-t-il. Mais ils se sont vite rendu compte que nous étions des bons vivants, et que le Québec était une terre de gastronomie. »

Ces chefs médusés, dont certains iconiques comme Paul Bocuse, Alain Passard, Charlie Trotter et Anne-Sophie Pic, ont afflué de tous les continents pour présenter leur savoir-faire et façonner des moments magiques en duo avec des chefs d’ici. Au fil des ans, ils ont découvert une tonne de talents et de produits. Le foie gras et les truffes importés des débuts du festival ont peu à peu cédé leur place aux gibiers, poissons, crustacés, fromages fins, champignons sauvages et épices québécois sur les menus. Même chose pour les vins et alcools locaux, de plus en plus en valeur dans les restaurants et les activités du festival.

Photo: Jean-François Leblanc Un atelier de cuisine avec Jean-Paul Grappe durant l'édition de 2002.

Au fil des ans, Montréal en lumière a également été le reflet de son temps. Les nappes formelles, les toques des cuisiniers et les gants blancs des serveurs ont disparu au profit d’ambiances plus conviviales. Diverses influences l’ont aussi traversé, de la cuisine française à l’asiatique, en passant par la moléculaire, la bistronomique, la scandinave, la boréale et l’ethnique. « Mais au-delà des modes, chaque chef a sa propre signature, et je pense que globalement, nous n’avons plus rien à envier aux tables étoilées d’ailleurs », indique Marc De Canck. 

Un avis partagé par Julie Martel, à la barre de la programmation du festival depuis près de sept ans. « Les grands chefs québécois d’aujourd’hui sont souvent ceux qui travaillaient avant pour des bonnes tables de Montréal en lumière et qui rêvaient de participer un jour à cet événement. Ils sont talentueux, créatifs, fiers de nos produits et porteurs de valeurs responsables. Ils sont sur une magnifique lancée… et le meilleur est à venir ! »

Photo: Jean-François Leblanc Le chef chilien Guillermo Rodriguez dans la cuisine du Renoir en 2008

Fêter en grand

Pour son 25e anniversaire, Montréal en lumière n’a pas fait les choses à moitié. Du 22 février au 10 mars, les gourmands auront le choix entre des dizaines d’activités, quels que soient leurs goûts et leur budget.

Soulignons tout d’abord, dans la formule duos de chefs, qu’une constellation de 25 étoiles brilleront dans une cinquantaine de Bonnes Tables de la métropole, avec la participation de grands chefs invités comme Emmanuel Pilon (reçu au Mastard) et Glenn Viel (à Maison Boulud). Plusieurs d’entre eux sont aussi les apôtres d’une cuisine responsable et disposent d’une étoile verte Michelin.

Du côté du Quartier gourmand, un volet commencé en 2019, une vingtaine d’activités gratuites se déclineront entre le 1er et le 9 mars en compagnie de chefs, producteurs, artisans et acteurs du milieu gastronomique. Dégustations, démonstrations, conférences et 5 à 7 seront au programme.

Enfin, il ne faut surtout pas manquer les événements spéciaux du 25e de Montréal en lumière. Soirées de 25 services mises en scène par Nicolas Fonseca, offre de 25 brunchs le lendemain de la Nuit blanche, souper à quatre mains pour les 90 ans d’Air France à l’ITHQ… Tout est en place pour rendre le festival mémorable. « Je crois que cette programmation représente bien tout ce que Montréal a à offrir d’un point de vue gourmand, confirme Julie Martel.Tout ça, c’est de la magie. Mais c’est surtout notre patrimoine culinaire, culturel et identitaire qui s’exprime à son meilleur. » Un rendez-vous incontournable !

L'édition anniversaire en quelques temps forts

25 ans x 25 services (27, 28 et 29 février à la Maison Alcan) : un parcours sensoriel et gustatif orchestré par l’artiste pluridisciplinaire Nicolas Fonseca et trois chefs talentueux, Clément Boivin, Jae-Anthony Dougan et Stéphanie Labelle. « Du vrai théâtre gastronomique ! » promet Julie Martel.

Monarque (23 et 24 février) : Jérémie Bastien, à la tête du restaurant de l’année des Lauriers de la gastronomie québécoise, recevra Julien Royer (trois étoiles Michelin), premier chef de Singapour à se déplacer au festival.

O’Thym (1er et 2 mars) : Ed Tejada & Ryan Walker, respectivement chef des cuisines et des fermentations du Silo à Londres, le premier restaurant sans déchets du Royaume-Uni et décoré d’une étoile verte Michelin, offriront avec leur hôte Noé Lainesse un repas dégustation à l’aveugle.

Rose Ross (22, 23 et 24 février) : la cheffe Myriam Pelletier et son mentor Jean-Paul Grappe revisiteront ensemble cinq plats emblématiques de cet illustre cuisinier. On peut s’attendre à du turbot au champagne, du gibier sauce grand veneur, ou encore à des soufflés dessert.

Journée autochtone (3 mars à la Maison des festivals) : le Quartier gourmand consacrera une journée entière à la culture culinaire des Premières Nations, avec entre autres les chefs Maxime Lizotte et Sylvestre Hervieux-Pinette, ainsi que des artistes autochtones.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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