Montréal investira un milliard sur dix ans pour relancer le centre-ville
Le centre-ville de Montréal ne s’est pas encore remis de la pandémie et des effets du télétravail. Afin de lui redonner du lustre, l’administration de Valérie Plante mise sur une stratégie qui prévoit des investissements d’un milliard de dollars sur dix ans et la désignation du Quartier latin comme « quartier de la francophonie » avec la création d’une zone « 24 heures ».
Les touristes et les étudiants ont beau être de retour au centre-ville, c’est loin d’être le cas des travailleurs, même s’il y a eu du progrès au cours de la dernière année. Un sondage commandé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a révélé en décembre dernier que 87 % des travailleurs étaient de retour au bureau au moins une fois par semaine, contre 81 % un an plus tôt. En revanche, la moitié des travailleurs ayant participé au sondage ont affirmé ressentir un sentiment d’insécurité au centre-ville.
Quartier de la francophonie, mais encore ?
L’administration Plante a présenté mardi les stratégies qu’elle priorisera dans les prochaines années pour remettre le centre-ville sur ses rails. Elle dit vouloir renforcer l’identité des quartiers qui composent le centre-ville et suggère de désigner le Quartier latin comme « quartier de la francophonie », en raison de la présence de grandes institutions culturelles et universitaires francophones. Les intentions à ce sujet demeurent toutefois vagues. « On ne changera pas le nom du Quartier latin, mais on a envie de réaffirmer à quel point il contribue à l’identité francophone forte de Montréal, au niveau du savoir, de la culture et des grandes institutions québécoises », a expliqué mardi la mairesse Valérie Plante.
La Ville avance aussi l’idée de créer une zone « 24 heures », avec animation nocturne dans le Quartier latin, mais le responsable du développement économique au comité exécutif, Luc Rabouin, soutient que le périmètre désigné n’est pas encore choisi. Ce projet fera partie de la Politique de la vie nocturne qui doit être dévoilée sous peu par la Ville, a-t-il dit. « On va faire des consultations sur cette politique dans les semaines qui viennent et on va voir ce que les acteurs du milieu vont nous dire. Ce sera un nouvel atout pour le centre-ville. »
La stratégie de la Ville repose aussi sur le développement des secteurs des Faubourgs et de Bridge-Bonaventure, où 15 000 nouveaux logements sont prévus, et sur la réalisation de la phase 3 du Quartier international. Au passage, la Ville évoque l’agrandissement du Palais des congrès, un projet que le gouvernement du Québec tarde toutefois à concrétiser.
Montréal prévoit investir un milliard de dollars au centre-ville dans les dix prochaines années. Ce montant inclut d’importants projets d’infrastructures, comme le réaménagement de la rue Sainte-Catherine (Ouest et Est), les travaux au square Phillips et ceux de l’avenue McGill College, qui ont déjà été annoncés.
Du « réchauffé »
Parmi les autres propositions, la Ville suggère d’améliorer la propreté des espaces publics et la gestion des entraves. Comme elle l’avait déjà annoncé, l’administration Plante prévoit piétonniser un quadrilatère du Vieux-Montréal dès l’été prochain, mais mardi, la mairesse Plante n’a pas été en mesure de dire quel périmètre serait choisi.
L’opposition à l’hôtel de ville estime que la stratégie présentée par l’administration Plante ne comporte rien de nouveau. « C’est du réchauffé », soutient le conseiller d’Ensemble Montréal Julien Hénault-Ratelle.
En marge des grands projets de revitalisation urbaine, la Ville prévoyait, dans son budget déposé à l’automne, un montant de 10 millions pour la Stratégie du centre-ville en 2024. Selon l’élu de l’opposition, cette somme sera insuffisante pour revitaliser le centre-ville, apporter une aide directe aux commerçants ou investir dans la sécurité urbaine. Pourtant, plusieurs secteurs du centre-ville, comme le Village, la place Émilie-Gamelin et le square Cabot, en arrachent et auraient bien besoin d’investissements importants, souligne-t-il.
Quant à l’idée de désigner le Quartier latin comme un « quartier de la francophonie », l’élu ne voit pas comment ce « slogan » peut aider concrètement ce secteur et ses commerçants.