Montréal entend acheter l’église Sainte-Bibiane pour 2,5 millions

L’église Sainte-Bibiane, qui a été construite en 1955, est fermée depuis octobre 2022.
Adil Boukind Le Devoir L’église Sainte-Bibiane, qui a été construite en 1955, est fermée depuis octobre 2022.

Montréal entend mettre la main sur l’église Sainte-Bibiane et son presbytère, situés dans Rosemont–La Petite-Patrie, afin de leur donner une vocation sociale et communautaire. La Ville a déposé une promesse d’achat de 2,5 millions de dollars pour acquérir les deux immeubles.

Fermée depuis octobre 2022, l’église Sainte-Bibiane avait été mise en vente par l’archevêque catholique de Montréal et la Fabrique de la paroisse de Saint-Esprit-de-Rosemont, qui en est propriétaire.

Le 20 décembre dernier, le comité exécutif de la Ville a donné son aval à une promesse d’achat de 2,5 millions pour les deux bâtiments. L’administration municipale invoque une augmentation des besoins en matière de services sociaux et communautaires et la pénurie de locaux depuis la COVID-19 pandémie de COVID-19 pour justifier sa démarche.

Avant de conclure une transaction, la Ville mènera des vérifications diligentes de l’état des bâtiments. Une fois la transaction bouclée, elle entend louer les locaux à un organisme communautaire en fonction des besoins de la communauté. Sans préciser la nature des services qui y seront offerts, elle mentionne que ceux-ci viseront « l’aide aux personnes vulnérables ». « Dans un contexte de rareté de sites disponibles, cette action permettra à la Ville de sécuriser l’endroit pour mettre en place un projet qui sera développé en concertation avec tous les acteurs du secteur. Il importe que cet éventuel projet réponde aux besoins qui seront ciblés par les partenaires », a indiqué par courriel Guillaume Rivest, relationniste à la Ville.

Selon le Service de la gestion et de la planification des immeubles, il faudra des investissements importants pour s’assurer du bon état des bâtiments. Il évoque un investissement de 200 000 dollars dès la première année et un total de 2,5 millions sur un horizon de 10 ans.

L’église et son presbytère pourraient-ils accueillir des itinérants ? Selon la Ville, il est trop tôt pour préciser la vocation exacte des bâtiments, d’autant qu’aucune entente n’a été conclue avec un organisme communautaire.

Un locataire inquiet

Située au 5600, 12e Avenue — bien que son entrée principale donne sur le boulevard Saint-Michel, à l’angle de la rue Dandurand —, l’église Sainte-Bibiane a été construite en 1955 par Labelle et Goyer, architectes. Selon l’Inventaire des lieux de culte du Québec, l’immeuble présente un intérêt patrimonial plutôt faible. 

À l’heure actuelle, le presbytère compte quatre locataires, mais les deux baux commerciaux et les deux baux résidentiels pourront être résiliés dans la foulée de la transaction. Les locataires du presbytère ont déjà été avisés de la mise en vente du bâtiment et de l’intention de la Ville d’en faire l’acquisition. Pour sa part, l’église est inoccupée.

L’un des locataires, la Maison d’Hérelle, accueille avec dépit cette possible transaction. L’organisme sans but lucratif qui offre de l’hébergement à des personnes atteintes du VIH/sida loue une partie du presbytère depuis juillet dernier avec pour objectif d’y accueillir de nouveaux arrivants séropositifs. Sauf qu’il n’a toujours pas pu concrétiser son projet, faute d’avoir obtenu les autorisations nécessaires du Service de sécurité incendie de Montréal.

La directrice générale de la Maison d’Hérelle, Michèle Blanchard, indique que son organisme a été informé des intentions de la Ville, mais elle reproche à celle-ci son manque de transparence dans le dossier. « C’est le silence radio de la part des élus ou de l’arrondissement [de Rosemont–La Petite-Patrie], soutient Mme Blanchard. Personne ne nous parle. C’est ce que je trouve le plus dommage. Nous sommes pourtant dans les mêmes missions. Je suis juste locataire, mais j’aurais aimé rester un an [dans le presbytère], le temps que la Ville s’organise pour faire son projet. »

La Maison d’Hérelle envisageait même de présenter une offre d’achat pour l’église et son presbytère en partenariat avec un organisme culturel, mais n’a pu le faire dans les délais requis pour concurrencer la Ville. Selon Mme Blanchard, l’église Sainte-Bibiane et son presbytère sont en bon état, contrairement à d’autres lieux de culte à Montréal.

Seul le bail avec la compagnie de télécommunications Telus, qui s’élève à près de 14 000 dollars par année et qui est valide jusqu’en 2030, sera maintenu en cas d’achat des bâtiments par la Ville.

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