Montréal s’attend à une hausse de 15% des demandes d’aide au relogement pour le 1er juillet

Au 30 avril 2024, l’Office municipal d’habitation de Montréal avait recensé 244 demandes d’aide de relogement.
Photo: Marie-France Coallier Archives Le Devoir Au 30 avril 2024, l’Office municipal d’habitation de Montréal avait recensé 244 demandes d’aide de relogement.

En raison de la pénurie de logements abordables, Montréal s’attend à recevoir environ 15 % plus de demandes d’aide de relogement que l’an dernier en prévision du 1er juillet. La Ville de Montréal a réservé une somme de 3,5 millions de dollars pour faire face à la période des déménagements, soit deux millions de plus qu’en 2019.

Au cours des dernières années, les demandes d’aide reçues par la Ville et par l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) n’ont cessé d’augmenter. Se retrouvant sans toit au 1er juillet, quelque 350 ménages avaient fait appel aux autorités en 2019. L’an dernier, ce nombre avait grimpé à 900.

Au 30 avril 2024, l’OMHM a recensé 244 demandes d’aide depuis le début de l’année, comparativement à 204 pour la même période l’an dernier, a précisé mercredi Frédéric Roy, directeur général adjoint à l’OMHM. En 2023, ce sont 134 ménages qui ont eu besoin d’hébergement pour une durée moyenne de 70 jours.

Les services mis en place prévoient entre autres une aide pour la recherche d’un logement, l’hébergement temporaire dans des hôtels et l’entreposage des biens des ménages sans logis. « Ce sont des solutions à court terme », a admis Valérie Plante. « On est vraiment dans une aide d’appoint pour s’assurer que les gens ne se retrouvent pas à la rue. Mais la vraie solution, c’est beaucoup de logements, du logement social et du logement abordable. On doit en construire plus. »

« Avec le partenaire de la Ville qu’est l’OMHM, on est prêt à faire face au 1er juillet », a toutefois assuré la mairesse. « Mais c’est une mauvaise nouvelle qu’on soit obligés, d’année en année, de mettre plus de ressources pour aider les personnes qui n’arrivent pas à se loger et qui sont dans un état de détresse. »

Des campements démantelés

Les services d’aide au relogement de la Ville ne sont pas accessibles à tous. Les personnes en situation d’itinérance, notamment celles qui fréquentent les refuges ou plantent leur tente sur le domaine public, sont plutôt dirigées vers le réseau de la santé et des services sociaux. Valérie Plante a fait valoir que cette situation était attribuable à l’approche adoptée par le gouvernement du Québec, qui mise sur des ressources d’hébergement et les refuges pour ces personnes ayant parfois besoin de services en santé mentale et en toxicomanie.

Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), qui, mardi soir, a érigé un campement symbolique composé d’une douzaine de tentes au square Victoria, déplore d’ailleurs cette approche. « L’opération du 1er juillet, c’est une opération importante qu’on salue », a indiqué Annie Savage, directrice générale du RAPSIM. « Mais c’est loin d’être tout le monde qui accède à ce service pour un relogement. »

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Le RAPSIM a érigé mardi soir un campement au Square Victoria en solidarité avec les sans-logis.

Une personne qui a été contrainte à se loger — même une seule nuit — dans un refuge n’y a pas accès, a souligné Mme Savage. « L’opération 1er juillet est un bon programme pour prévenir l’itinérance, mais les personnes qui sont déjà en situation d’itinérance ou sont considérées comme trop précaires ou ayant des besoins trop importants sont basculées automatiquement vers le milieu de l’itinérance qui déborde et ne réussit pas malheureusement à répondre à l’ampleur des besoins. »

Le RAPSIM réclame aussi un moratoire sur le démantèlement des campements d’itinérants. L’an dernier, au moins 460 campements de fortune ont été démantelés à Montréal. Dans certains cas, la Ville fait preuve de tolérance. À cet égard, la mairesse Plante a reconnu que la politique de la Ville au sujet des campements n’était pas claire. « Il n’y a pas de politique mur à mur parce qu’on fait affaire avec des êtres humains », a-t-elle expliqué. « Ce qu’on essaie de faire, c’est toujours d’accompagner de façon humaine les personnes vers des ressources, considérant qu’un campement, ce n’est pas un mode de vie. »

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Anick Desrosiers (à droite), doctorante en travail social à l'université McGill, et Léandre Plouffe, citoyen et ex-intervenant dans une halte-chaleur, durant la conférence de presse du RAPSIM, mercredi

Mme Plante a indiqué que le RAPSIM avait prévenu la Ville de son projet de campement pour une durée limitée et que la Ville avait donné son accord. Elle a cependant précisé que son administration n’entendait pas acquiescer à la demande de l’organisme pour un moratoire sur les démantèlements. « Il y a des femmes qui ont été agressées sexuellement parce qu’elles dormaient sur un banc de parc ou dans une tente. Une tente, ça ne protège pas de différents types d’agressions. Comme mairesse de Montréal et comme ville, on ne peut pas accepter que ça devienne normal que des gens habitent dans la rue. »

La mairesse a ajouté que les discussions se poursuivaient avec le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, pour l’implantation d’autres ressources intermédiaires pour cette population vulnérable.

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