Les mécaniciens d’avions de WestJet se mettent en grève

Les mécaniciens d’avions de WestJet se sont mis en grève vendredi soir dans un mouvement surprise qui menace de perturber les vols de milliers de voyageurs au début du long week-end de la fête du Canada.
Les Canadiens peuvent s’attendre à de « graves perturbations dans leurs voyages » si la grève soudaine de l’Aircraft Mechanics Fraternal Association (AMFA) n’est pas annulée, a mis en garde WestJet.
Cette action inattendue survient un jour après que la compagnie aérienne a exprimé son soulagement d’avoir évité un arrêt de travail grâce à un arrêté ministériel d’arbitrage exécutoire, jeudi.
La deuxième compagnie aérienne du pays a de nouveau demandé une intervention immédiate du ministre fédéral du Travail et du Conseil canadien des relations industrielles.
Le président de WestJet Airlines, Diederik Pen, dans un communiqué, s’est dit « extrêmement outré » par ces actions et a ajouté que la compagnie tiendra l’AMFA pour responsable « à 100 % du stress et des coûts inutiles qui en découlent ».
Le syndicat a déclaré dans son propre communiqué que ses quelque 680 travailleurs de WestJet ont débrayé à 17 h 30, heure de Calgary, arguant que « la réticence du transporteur à négocier avec le syndicat rendait la grève inévitable ».
Toutefois, WestJet a argué que, étant donné qu’une future convention collective est désormais entre les mains du tribunal du travail du pays, une grève ne donne au syndicat aucun moyen de pression et qu’il « s’agit donc purement de représailles d’un syndicat déçu ».
Plus tôt ce mois-ci, les mécaniciens ont voté pour rejeter un accord de principe avec la compagnie aérienne basée à Calgary, ce qui a incité WestJet à demander l’intervention du gouvernement et a donné lieu à deux préavis de grève de 72 heures émis par le syndicat – le premier a été annulé la semaine dernière.
Alors que le temps pressait avant l’échéance de vendredi, le ministre du Travail, Seamus O’Regan, avait ordonné jeudi à la compagnie aérienne et au syndicat de recourir à un arbitrage exécutoire, évitant apparemment un arrêt de travail qui aurait perturbé le voyage de près de 250 000 passagers au cours du long week-end.
Jeudi soir, WestJet et le syndicat avaient tous deux déclaré qu’ils respecteraient l’ordre, un arrêt de travail étant apparemment exclu.
« L’AMFA a confirmé qu’elle respecterait la directive. Compte tenu de cela, aucune grève ou lockout n’aura lieu et la compagnie aérienne ne procédera plus à l’annulation de vols », avait affirmé WestJet jeudi.
Le revirement de vendredi soir a donc constitué un choc encore plus important.
Incertitudes et tensions
« Mon vol de dimanche est-il menacé ? », a demandé Andrew Wheatley, d’Edmonton, dans une publication sur les réseaux sociaux.
Aucun autre vol n’a été annulé vendredi soir, a précisé la porte-parole de WestJet, Morgan Bell, dans un courriel. Mais à partir de minuit, les voyages du week-end sont restés dans l’incertitude, car des mécaniciens sont nécessaires pour inspecter et réparer quotidiennement les avions.
Mme Bell a déclaré qu’il n’y avait « aucun risque pour la sécurité de nos opérations ».
Dans une mise à jour aux membres obtenue par La Presse canadienne, le comité de négociation syndical a cité la protection de l’action collective par la Charte des droits et libertés.
Il a également déclaré que le conseil des relations industrielles n’avait pas expressément interdit les grèves et les lockouts alors que le tribunal avait entrepris un arbitrage conformément à la directive du ministre O’Regan.
« La saisine du ministre étant restée muette sur cette question, le droit constitutionnel de grève des membres de l’AMFA doit prévaloir », a affirmé le comité syndical. « N’ayant eu aucune indication que le conseil d’administration révoquerait le préavis de grève de l’AMFA, l’AMFA a ordonné à ses membres de cesser tout travail. »
Les tensions entre les deux parties s’étaient déjà effilochées jusqu’au point de rupture au cours du mois dernier.
Les préavis de grève ont forcé WestJet à annuler environ 70 vols depuis le 20 juin, affectant environ 10 000 passagers et coûtant potentiellement des millions de dollars à l’entreprise. La décision du transporteur de commencer à concentrer sa flotte de 180 avions visait à éviter de laisser des avions dans des endroits éloignés et de bloquer les passagers et l’équipage en cas d’arrêt de travail.
Alors que les négociations autour du contrat se poursuivaient cette semaine dans une salle de conférence sans fenêtre d’un hôtel près de l’aéroport Pearson de Toronto, le ton des déclarations des deux parties est devenu plus mordant.
Les revendications contractuelles du syndicat démontraient un manque de bonne foi et ses déclarations publiques comportaient des éléments « incendiaires » et « offensants », selon un affidavit d’un avocat représentant WestJet.
Dans une lettre adressée vendredi à un cadre supérieur de WestJet, le président national du syndicat, Bret Oestreich, a affirmé que la compagnie aérienne « s’était livrée à une conduite illégale connexe » en mettant fin aux négociations.
Il y a un peu plus d’un an, la compagnie aérienne s’est retrouvée dans une situation similaire après que quelque 1800 pilotes ont menacé de quitter leur travail.
WestJet a évité une grève après avoir conclu un accord de dernière minute aux petites heures avant un long week-end de mai, mais pas avant d’avoir annulé plus de 230 vols et perturbé les projets de voyage de milliers de passagers.