Lévis révise ses ambitions de développement à la baisse
La croissance de Lévis se poursuit, l’incertitude économique aussi. Dans ce contexte, la Ville préfère jouer de prudence et « se concentrer sur l’essentiel » en présentant un plan quinquennal d’immobilisations (PQI) 2024-2028 qui totalise 785,6 millions de dollars, soit une diminution de 10 % par rapport au précédent exercice.
« Un peu comme les gens, on devient un peu plus conservateurs […] pour tenir compte de l’inflation », a indiqué mardi le maire de la municipalité, Gilles Lehouillier, en marge de la présentation du PQI.
C’est la pérennité des infrastructures qui accapare la part du lion : Lévis prévoit consacrer 344,7 millions de dollars à la maintenance de ses actifs, ce qui représente 44 % des sommes inscrites à son plan quinquennal.
La réfection du réseau d’aqueduc et d’égout grugera, à elle seule, 113 millions de dollars. La Ville compte aussi investir 61,3 millions pour réaliser les travaux d’asphaltage. La facture de maintien en état des rues et de ce qui se trouve en dessous s’élèvera donc à 164,3 millions de dollars d’ici 2028, soit à 20 % du PQI présenté mardi.
« Il y a 2000 km de tuyauterie et 1000 km de rues, a indiqué le maire Lehouillier. Ça, à un moment donné, ça exige des plans. »
Coup de frein au développement
L’administration donne ainsi un coup de frein aux grands chantiers de développement, après des années qui ont vu l’ouverture d’un nouveau bâtiment abritant la police et la cour municipale, l’aménagement de nombreux parcs, dont celui de la Pointe-Benson, un site à haute valeur historique, et l’agrandissement du centre culturel de Lévis.
Le nouveau PQI relègue 35 projets « à l’étude », c’est-à-dire qu’ils sont mis sur la voie de côté en attendant de se frayer un chemin jusqu’à un prochain PQI. L’agrandissement du Vieux Bureau de poste, une des rares salles de spectacle de la ville, était par exemple inscrit au plan présenté l’an dernier. Cette année, il figure « à l’étude ».
Ce PQI « a peut-être l’air moins glamour », a concédé le maire, mais il « tient compte de l’inflation et de nos capacités ».
Ce plan « plus conservateur » prévoit tout de même des emprunts nets totalisant 409 millions de dollars à l’horizon 2028, dont 120 millions pour l’année 2024 à elle seule. « Ça respecte notre cible », a précisé le maire. L’opposition l’entend d’une autre oreille : l’élu Serge Bonin a dénoncé un endettement qui « a doublé » depuis que Gilles Lehouillier a pris le pouvoir, en 2014.
« La dette a doublé alors que l’inflation a augmenté de 26 %. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, a indiqué l’élu de Repensons Lévis. Il faut toujours considérer la dette par rapport au revenu, et l’endettement de Lévis est le deuxième [en importance] parmi les villes comparables. »
Le ratio d’endettement à long terme par rapport aux revenus de Lévis se chiffrait à 139 % au 31 décembre 2022.
800 millions pour la STLévis
La Ville va de l’avant avec le prolongement d’un boulevard controversé, là où l’opposition aimerait voir apparaître un parc. Le PQI prévoit 9,3 millions de dollars pour étirer le boulevard Étienne-Dallaire. L’hiver dernier, Alexandre Fallu, lui aussi sous la bannière de Repensons Lévis, a remporté le district concerné par 11 voix en faisant campagne contre ce chantier.
Le PQI ne prévoit aucun investissement supplémentaire en matière de transport collectif, au moment où la densification se poursuit au grand galop à Lévis. La société de transport de la ville a toutefois récemment adopté un plan d’investissement sur 10 ans de 800 millions de dollars, « du jamais vu », selon le maire Lehouillier.
La construction d’un nouveau garage coûtera à elle seule la moitié de cette somme. Le grand chantier d’électrification de la flotte en accaparera une autre partie. La STLévis utilisera le reste pour ajouter du service, a indiqué la conseillère Isabelle Demers, notamment afin de rabattre la demande périphérique vers des parcours rapides, ainsi que pour synchroniser les feux de circulation et permettre l’accrochage des vélos à l’avant des autobus.