Le maire de Québec se rallie à l’idée d’un troisième lien vert

Sans jamais dénigrer publiquement le troisième lien, Bruno Marchand (ici à droite) rappelait sans cesse que la responsabilité d’en prouver la pertinence reposait sur les épaules du gouvernement.
Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Sans jamais dénigrer publiquement le troisième lien, Bruno Marchand (ici à droite) rappelait sans cesse que la responsabilité d’en prouver la pertinence reposait sur les épaules du gouvernement.

Il s’agit d’une première : le projet de troisième lien Québec-Lévis rallie désormais le maire de la capitale. Mercredi matin, sur les réseaux sociaux, Bruno Marchand a salué la plus récente mouture du projet, qui sera désormais entièrement consacré au transport collectif, que le gouvernement doit détailler jeudi.

Depuis ses premiers pas en politique, Bruno Marchand avait exprimé une résistance tacite aux ambitions de la CAQ, qui promettait d’abord un tunnel, puis deux, comme nouvelle liaison routière entre les deux rives du Saint-Laurent.

Un peu plus de 12 heures après que plusieurs médias, dont Le Devoir, eurent rapporté qu’une nouvelle version du projet faisait le trait sur la circulation automobile, le maire de Québec a salué « une belle nouvelle » et souligné « le courage » dont la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, « a fait preuve ».

« Ça prend beaucoup de courage pour affronter ce qu’ils doivent affronter présentement. Chaque fois qu’on rompt une promesse, on se fait dire qu’on est des traîtres, mais je pense qu’à un moment donné, on doit servir l’intérêt supérieur. Quand on voit que les données ne sont pas au rendez-vous, faire le bon choix, c’est de la lucidité, ce n’est pas de la lâcheté », a souligné Bruno Marchand.

Pour l’élu de Québec, un tunnel consacré au transport en commun relève d’ « un choix logique qui s’imposait. Il témoigne aussi d’un leadership nécessaire dans un temps d’incertitude relié à la crise climatique », a ajouté le maire.

À ses yeux, cette volte-face majeure « démontre l’importance que le premier ministre et Mme Guilbault accordent au transport collectif ». « Je pense que leur intérêt est sincère et je ne crois pas que Mme Guilbault fait ça du bout des lèvres. J’ai toujours senti qu’elle prenait le volet mobilité durable de son ministère au sérieux », a insisté l’élu municipal.

Le maire de Québec a exprimé sa préférence quant au mode de transport qu’il aimerait voir circuler dans le tunnel envisagé. « Aujourd’hui, mon souhait, c’est le tramway », a indiqué Bruno Marchand. Il précise que des études devront toutefois confirmer la pertinence de ce moyen de transport.

Un appui inédit, des éloges aussi

Bruno Marchand n’avait jamais manifesté un appui aussi ferme au troisième lien ni exprimé des mots aussi élogieux à l’endroit de la ministre Geneviève Guilbault. Les deux ont eu maille à partir dans le passé, notamment autour du tramway de Québec.

L’actuelle ministre des Transports manifestait, à l’époque où elle portait le chapeau de ministre responsable de la Capitale-Nationale, un enthousiasme tempéré à l’endroit du tramway que le maire de Québec défend bec et ongles. L’insertion d’un tronçon de 500 m de voies partagées sur son tracé de 19,3 km avait notamment soulevé une levée de boucliers parmi les caciques de la CAQ.

Quand on voit que les données ne sont pas au rendez-vous, faire le bon choix, c'est de la lucidité, ce n'est pas de la lâcheté

Éric Caire s’indignait que le maire de la capitale veuille ainsi « polluer la vie des automobilistes », tandis que Geneviève Guilbault arguait que Québec devait prendre en compte les gens vivant à 50 km du tronçon envisagé avant de procéder.

En conférence de presse, Bruno Marchand avait accusé le gouvernement caquiste de faire de « la politique à courte vue ». Sans jamais dénigrer publiquement le troisième lien, l’élu de Québec rappelait sans cesse que la responsabilité d’en prouver la pertinence reposait sur les épaules du gouvernement.

Au fil des années et des différentes moutures du tunnel, les données longtemps réclamées par le maire Marchand avaient commencé à obstruer le chemin du troisième lien. Deux études parues plus tôt cette année sur la qualité de l’air en Basse-Ville pointaient le transport routier comme une source importante de dégradation de l’atmosphère dans le secteur. Faire émerger un tunnel autoroutier dans des quartiers où la qualité de l’air était déjà lourdement hypothéquée paraissait dès lors contraire à la santé publique.

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